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Actualités - OPINION

Clignotants au rouge

La vérité dans toute son évidence. Magnifique, imparable, éclatante. La vérité criée, hurlée, chantée à plein gosier. Martelée par des dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes, une foule impressionnante, avec ou sans zoom, n’en déplaise au président Assad. De la place des Martyrs à la place du Crime, un même message adressé à la direction syrienne, plus piégée que jamais, et au Hezbollah qui vole naturellement à son secours et qui appelle à un sit-in d’appui à la Syrie. La vérité, c’est aussi l’unité retrouvée, multiconfessionnelle, plurielle, démocratique. Un rassemblement extraordinaire autour d’un même slogan : liberté, souveraineté, indépendance. Un slogan que reprendra aujourd’hui même le Hezbollah, préfigurant ainsi le Liban de demain, celui du droit à la différence. L’Orient-Le Jour titrait il y a quelques jours en manchette de page une : « Assad saisira-t-il la marche de l’histoire ? » C’était, semble-t-il, faire preuve d’un optimisme anticipé. En effet, la direction syrienne vient, une fois de plus, de recourir aux faux-fuyants, esquivant les vraies réponses, se barricadant dans la langue de bois. Il y a urgence, le chaudron bouillonne, le feu est presque en la demeure, et que nous offre donc la Syrie pour apaiser les tensions ? Un simple repli sur la Békaa étalé sur trois semaines. Un calendrier pour un retrait total ? Nenni. Ce sera l’affaire des hautes instances des deux pays, une instance momifiée et une autre toujours au garde-à-vous ! Le discours du président Assad, samedi, avait entrebâillé une porte, elle vient d’être subrepticement refermée par le comité supérieur mixte. Cela à deux jours du retour de Terjé Roed-Larsen dans la région, porteur d’une résolution internationale, la 1559, qui exige un retrait immédiat des forces syriennes. Un repli sur la Békaa... en traînant les pieds, voilà donc le « cadeau » que nous fait la direction syrienne. Mais c’est délibérément ignorer que ce redéploiement aurait dû avoir lieu il y a douze ans. Douze ans de perdus, de souveraineté confisquée. Et que dire d’une présence sécuritaire et mafieuse qui dure depuis près de trente ans, et qui a vampirisé, phagocyté les ressources libanaises économiques, humaines et politiques. Quel gâchis, quel manque de discernement ! Un repli sur la Békaa pour une durée indéterminée, voilà donc ce qui devrait calmer nos appréhensions, nous faire sauter de joie. Mais est-il simplement envisageable que pour d’éventuelles considérations locales ou régionales, liées à une hypothétique paix avec Israël, on puisse accepter que les habitants de la Békaa, ceux de Zahlé, Baalbeck, Falougha soient sanctionnés, contraints de subir la présence, la proximité de milliers de soldats syriens qui auraient évacué entre-temps d’autres régions libanaises ? Une présence que la Syrie souhaiterait prolonger jusqu’en octobre, bien après les élections législatives, selon des sources diplomatiques. Une telle discrimination ne peut être tolérée, elle est même susceptible de devenir source d’instabilité sécuritaire. Cela faisait des mois que des signaux étaient adressés à Damas pour déblayer la voie à une solution honorable, à un retrait dans la dignité. Cela faisait des mois que des émissaires se relayaient sur les rives du Barada pour expliquer à une nomenklatura plus fermée que jamais que les temps avaient changé et qu’il fallait s’adapter à la nouvelle conjoncture. En vain. Et c’est ainsi que progressivement, ce qui n’était que conseil est devenu injonction, ce qui n’était qu’avertissement est devenu menace d’intervention directe. Quel gâchis, quel manque de discernement ! Quelles que soient les explications, les assurances, les justifications que la Syrie ait pu avancer, il existe désormais un facteur qu’elle ne peut plus ignorer, une réalité qu’elle ne peut plus occulter : tout autour d’elle, même dans l’Irak meurtri, les tabous sont tombés, les langues se sont déliées, la démocratie a retrouvé droit de cité. La liberté, sanctifiée, martelée, place des Martyrs, répercutée aux quatre coins du monde, frappe avec fougue, avec insolence aux portes de Damas. Elle y est de plus en plus distinctement entendue, de plus en plus sollicitée. La Syrie libanisée ? Quelle incroyable, mais si juste revanche de l’histoire. Nagib AOUN
La vérité dans toute son évidence. Magnifique, imparable, éclatante. La vérité criée, hurlée, chantée à plein gosier. Martelée par des dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes, une foule impressionnante, avec ou sans zoom, n’en déplaise au président Assad.
De la place des Martyrs à la place du Crime, un même message adressé à la direction syrienne, plus piégée que...