Rechercher
Rechercher

Actualités

Entre vide et trop-plein

Comme le dit Hamlet: «Le monde est sorti de ses gonds.» Le Liban a la fièvre et le peuple en est le thermomètre. Une de ces fièvres capables, par leur ampleur, leur profondeur et leur virulence, d’infléchir le cours de la politique et de redessiner la physionomie de la société qu’elles atteignent. Il faudrait faire preuve d’un grand irénisme pour ne pas voir que le pouvoir, dans sa configuration actuelle, est un mal qui gangrène l’ensemble de la société. Jusque-là il n’a réussi qu’à ruiner la confiance de la population dans ses institutions et, plus généralement, dans la politique. Mais aussi répétitifs et fatigants que soient les épisodes alternant promesses, rétractations et neutralisation des fers de lance de la contestation, l’obéissance subie et la peur – dans sa dimension absorbante et «tendanciellement» exclusive – ont cédé le pas à l’espoir. Un espoir qui n’est toutefois ni agitation stérile ni optimisme passif, mais «consensus conflictuel» et ténacité. Car l’arrogance provoque la résistance. Les récentes tentatives de faire passer des lois iniques et par trop intéressées n’ont fait que mettre le feu aux poudres, tandis que l’apathie scandaleuse actuelle n’a cessé de creuser de gigantesques failles sismiques et d’exacerber les ressentiments au point de les muer parfois en véritables ouragans de haine. C’est dans la présence d’un tel pouvoir, un pouvoir resté trop longtemps confiné dans de la naphtaline, qu’est éprouvée et réprouvée avec le plus d’acuité son absence. Une fuite de responsabilité comprise comme déni de volonté. Une attitude qui contraste avec celle du peuple qui, dans toutes ses composantes, a fait montre d’une maturité inédite, d’une capacité à n’être pas uniquement une terre d’espoir mais également un exemple réel de cohabitation. Certes, lorsque le pouvoir fait corps avec un monde interlope – que ce soit par action ou par omission, pressé ou aidé en sous-main – le pire n’est jamais sûr. Mais n’en déplaise à Francis Fukuyama, l’histoire ne fait que commencer. Lorsque tout menace de désespérer, l’horloge intérieure vient rappeler l’impérieuse nécessité de remettre les pendules à l’heure. Les Libanais ont prouvé par leur attitude que la distance qui sépare l’utopie de la réalité dépend largement de la volonté que chacun consacre à cet engagement fondamental qu’est la marche vers l’indépendance Maintenir des liens harmonieux, réussir une navigation à vue alors que n’existe aucune carte qui serve de guide si ce n’est celle que l’on choisit de tracer ensemble, tel est l’un des défis majeurs à venir. Tina E.Maalouf
Comme le dit Hamlet: «Le monde est sorti de ses gonds.» Le Liban a la fièvre et le peuple en est le thermomètre. Une de ces fièvres capables, par leur ampleur, leur profondeur et leur virulence, d’infléchir le cours de la politique et de redessiner la physionomie de la société qu’elles atteignent.
Il faudrait faire preuve d’un grand irénisme pour ne pas voir que le pouvoir, dans...