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Actualités - OPINION

« Ne fermez pas la porte »

Nous avons reçu de l’avocat Ziyad Baroud, ancien coordinateur du comité parlementaire pour la défense des étudiants, un texte qu’il a voulu qualifier d’« indépendantiste ». Nous le publions avec sa note introductive. Rarement la parole et le chant n’auront manqué au rendez-vous sur les esplanades de l’histoire et les places publiques dont le martyr appelle à la liberté et l’enclenche allègrement. On dirait un destin, une façon un peu de s’agrémenter au gré d’un rythme, aux confins des mots... On dirait une tradition qui raconte les moments forts par le chant, une profession de foi en fredonnant, un exercice de liberté par un mot qui épouse une mélodie... Beyrouth, place des Martyrs, la liberté qui y siège depuis « l’intifada de l’indépendance » m’a rappelé un chant corse « indépendantiste » ; une performance d’I. Muvrini à Bercy qui raconte, par le chant, l’histoire de ces hommes qui ne sont pas « que différents, mais tellement semblables, humains, faibles et forts à la fois ». Dans leurs mains « comme un geste d’amour du côté humble de la vie, ils portent un bouquet de leur terre »... Dans les yeux de ceux et de celles qui ont lancé les slogans de liberté, souveraineté et indépendance, place où repose Rafic Hariri, j’ai écouté – dans leurs yeux – ce chant corse, avec toute son ardeur, toute sa vérité, tout son charme... Je l’ai retrouvé, j’ai relu ses paroles en l’écoutant, à nouveau, dans des yeux qui m’inspirent la beauté du verbe sans rien dire... Ne fermez pas la porte dit le chant... J’ai voulu le partager « portes ouvertes »... En voici les paroles : Ils viennent de ces chemins où les hommes et les femmes n’ont jamais eu qu’un coin du feu, Pour y chanter la peine, l’amour et le travail, Ce sont des gens du bord de l’eau et de la terre, Là-bas, là-bas chez eux où la parole commence par le chant, Là-bas où le vent de l’histoire des autres a souvent déchiré la paix sur leur rivage, leur laissant au cœur de vieux chagrins, Ne fermez pas la porte. Ils viennent d’une mémoire qui n’est pas racontée sur les bancs des écoles, De ces mémoires que seules les pierres racontent encore, Ce qu’ils ont au cœur est sur leur visage, Les mots qu’ils disent sont des mots simples, Qui parlent de vie, de dignité, Quand d’autres pourraient croire que chez eux tout est perdu, Quand d’autres pourraient croire que tout s’est arrêté dans les veines de leur avenir, Un jour on leur a dit que leur langue n’en était pas une, que leur terre était pauvre, Ils y ont consenti, ils n’y ont jamais cru, Ne fermez pas la porte, Dans les mains, comme un geste d’amour du côté humble de la vie, ils portent un bouquet de leur terre, Pour dire tous les arbres, toutes les forêts, tous les amours de chez eux, Dans les mains, ils ont aussi une lumière, comme celle qui brille dans leurs maisons, là où ils vivent, là où ils vivent, Au pied d’une montagne fleurie ornée de couronnes de pierres, petite muraille, empreinte des pas de leurs premiers jardiniers, là où ils vivent, Au cœur de ces petits villages de pierres grises, leurs châteaux, qui portent des noms comme des poèmes. ... Quand le jour se lève à Kalazima, leur rêve à eux parle de reconnaissance, de fraternité, d’humanité, Quand ils quittent ces châteaux-là, plus ils s’en éloignent, plus leur cœur y font retour, Mais ce qui les lie à leur terre ne les oppose pas à tout ce qui les lie aux hommes, à tous les hommes, à tous les peuples, Ils ne sont pas que différents, mais tellement semblables, humains, faibles et forts à la fois, Ne fermez pas la porte, Ce soir, autour du feu qui réchauffe la rencontre de soi, la rencontre de l’autre, ils cherchent un feu de joie, la fin d’une peine, Ils cherchent ensemble le mot, le regard, le geste, qui pourraient faire frémir la montagne, Comme une réponse à tout ce qui trahit, comme une réponse à tout ce qui oublie, Ne fermez pas la porte... (I. Muvrini à Bercy / GF. Bernardini)

Nous avons reçu de l’avocat Ziyad Baroud, ancien coordinateur du comité parlementaire pour la défense des étudiants, un texte qu’il a voulu qualifier d’« indépendantiste ». Nous le publions avec sa note introductive.
Rarement la parole et le chant n’auront manqué au rendez-vous sur les esplanades de l’histoire et les places publiques dont le martyr appelle à la liberté et...