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Actualités - REPORTAGE

Sur les Campus Le vent du changement

Durant toute la semaine dernière, les Libanais ont fait la fête à la place de la Liberté, sur laquelle souffle déjà le vent du changement. Le vent du changement, cet irrésistible ouragan de liberté blanc et rouge qui déferle sur le Liban, a gagné un peuple désormais doté d’une conscience nationale par une allégeance posthume et ayant la force d’une mémoire collective, à des leaders désormais mythifiés, transfigurés, de Kamal Joumblatt à Rafic Hariri. Concentrée au cœur du Beyrouth reconstruit par Rafic Hariri, sur la symbolique place des Martyrs, la vague de changement, cette brise légère d’un matin de printemps, a soufflé sur l’ensemble du Liban. Un vent libérateur s’est aussi levé, le lundi 28 février, sur une Chambre amnésique, démissionnaire, qui, oubliant qu’elle est souveraine, s’était tue trop longtemps. Grâce à la démonstration magistrale de Marwan Hamadé et de ses compagnons de l’opposition plurielle, soutenus par la pression populaire, applaudis par une foule attentive et survoltée, le Parlement a retrouvé un peu de sa culture démocratique, incitant, par des termes virulents, parfois même blessants, remplis d’une colère que seule la vérité pourrait apaiser, le gouvernement à jeter l’éponge dans l’hémicycle. Depuis Taëf et la dérive institutionnelle que sa non-application a provoquée, cet acte tenait du jamais vu, les cabinets se faisant et se défaisant dans les couloirs des « forces de l’ombre », entre Baabda et Anjar. Mais le vent du changement, ce sont d’abord les jeunes, même si toutes les générations ont participé massivement au sit-in de lundi. Ce sont ces jeunes, qui ont créé la dynamique de la place des Martyrs tous les soirs depuis l’assassinat de Rafic Hariri, mais aussi et surtout dans la nuit de dimanche à lundi. Les quelques centaines de jeunes, qui ont bravé les barrages des FSI pour briser le siège de la place, aidés par une grande muette splendide dans son silence, son omission symbiotique, ont eu le plus grand mérite. Et puis il y a eu ces milliers de jeunes, de moins jeunes et de politiques – ainsi qu’une Nora Joumblatt formidable d’abnégation et de dévotion, devenue la figure emblématique, pour les manifestants, du courage et de la résistance – qui ont passé la nuit en s’efforçant, comme Élias Atallah, de rester éveillés et lucides, guettant un éventuel assaut de l’armée ou des FSI, à cinq heures du matin, qui ne viendra pas. Ces sentinelles dépassées par l’événement qu’elles étaient en train de vivre, et qui ont tenu bon pour assurer le relais, pour préserver l’espace public et permettre aux milliers de manifestants de déferler le lendemain, affluant de partout, pour crier haut et fort leur aspiration à la liberté. Le vent du changement est d’une pureté inaltérable. La ferveur de ces jeunes est d’un éclat que nul ne devrait ternir d’une manière ou d’une autre. Elle annonce un déficit institutionnel et politique dont il faut tirer les conséquences. Quelles que soient les intentions de la sphère politique, elle reste porteuse d’espoir, faiseuse d’avenir, bâtisseuse d’un Liban meilleur. Michel HAJJI GEORGIOU

Durant toute la semaine dernière, les Libanais ont fait la fête à la place de la Liberté, sur laquelle souffle déjà le vent du changement.
Le vent du changement, cet irrésistible ouragan de liberté blanc et rouge qui déferle sur le Liban, a gagné un peuple désormais doté d’une conscience nationale par une allégeance posthume et ayant la force d’une mémoire collective, à des...