Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Après le Bristol, c’est au tour de Aïn el-Tiné de définir ses conditions Les loyalistes réclament un gouvernement d’union nationale, avant toute décision (photo)

Un jour c’est le Bristol, le lendemain c’est Aïn el-Tiné. Le scénario devient un peu répétitif, mais l’élément nouveau, c’est qu’un premier pas vers le dialogue a été franchi. Et après l’initiative de Walid Joumblatt d’envoyer ses émissaires, MM. Marwan Hamadé et Ghazi Aridi, auprès des deux grandes formations chiites, Amal et le Hezbollah, dans une ébauche de dialogue avec le Rassemblement de Aïn el-Tiné, dont les deux formations sont membres, c’était hier le tour de ce Rassemblement de renvoyer l’ascenseur. Des positions extrêmes, voire inconciliables Mais, comme c’est souvent le cas à la veille d’une négociation, les positions semblent extrêmes, voire inconciliables. À la demande de la démission des chefs des services de sécurité et à celle du retrait syrien, comme conditions précédant la formation d’un nouveau gouvernement brandies par l’opposition, le comité de suivi du Rassemblement de Aïn el-Tiné, réuni sous la présidence du chef de l’Assemblée, Nabih Berry, a répondu hier en estimant que « le sens des responsabilités nationales exige l’arrêt de la polémique et des attaques verbales et médiatiques, qui enveniment le climat politique ». Le communiqué officiel, publié à l’issue de la réunion, qui a duré près de 2h30, considère aussi que le plus court chemin pour un véritable dialogue national commence par la participation aux consultations en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale qui regrouperait tous les pôles politiques, ainsi que les différentes parties sur la scène libanaise. « Ce gouvernement, précise le communiqué, serait en mesure de gérer un véritable dialogue national, dans le cadre des institutions constitutionnelles, et serait apte à prendre des décisions fondamentales en vue de compléter l’application de l’accord de Taëf et d’œuvrer sérieusement et sans relâche pour que toute la vérité soit faite sur le crime abominable qui a coûté la vie au président martyr Rafic Hariri et à certains de ses compagnons ainsi qu’à d’autres citoyens, et pour que les coupables, les incitateurs et les planificateurs soient condamnés aux plus lourdes peines. » Ainsi, le Rassemblement de Aïn el-Tiné n’a pas suivi l’opposition dans ses revendications préalables à la formation du gouvernement. Le député Bassem Yammout, qui a lu le communiqué, a aussi répondu aux questions des journalistes. Interrogé sur la demande de démission des chefs des services de sécurité, avant toute autre décision, il a déclaré que, selon le Rassemblement, « le dialogue est la seule voie pour sortir de la crise actuelle, et ce dialogue se concrétise à travers la formation d’un gouvernement d’union nationale, qui, lui, le mènerait en le plaçant dans un cadre constitutionnel. Dans ce contexte, les décisions seront prises dans un climat d’entente ». Gare au vide constitutionnel, selon Yammout Yammout a aussi déclaré que ceux qui refusent un tel dialogue doivent assumer la responsabilité de la situation et de la pression sur la livre libanaise. « Nous avons lancé une initiative en vue d’établir un dialogue véritable, dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, et nous attendons la réponse à cette initiative. Mais nous sommes convaincus que l’opposition possède suffisamment de sagesse et de vision pour savoir où ira le pays si aucun dialogue réel n’est établi. Quant à poser des conditions avant la formation du dialogue, cela signifie placer le Liban dans un vide constitutionnel, ce qui est inacceptable et dangereux. Tout comme sont dangereux le langage de défi et le recours à la rue, ainsi que le refus de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Celui qui adopte de telles positions doit en assumer les conséquences. » De son côté, le chef du PSNS, M. Gebrane Arayji, a aussi répondu aux questions des journalistes précisant que le président Berry, ainsi que le député du Hezbollah Mohammed Raad ont informé les membres du Rassemblement de la teneur des entretiens, la veille, avec les émissaires de Joumblatt. Selon M. Arayji, il y a donc un début de dialogue, même s’il ne se déclare pas officiellement comme un dialogue entre l’opposition et le Rassemblement loyaliste. Mais il existe de grands points de conflit, notamment sur le plafond de ce dialogue. Pour le Rassemblement de Aïn el-Tiné, l’accord de Taëf doit être le plafond. Et il s’agit pour l’opposition de se prononcer réellement sur la résolution 1559 de l’Onu. « La priorité, a expliqué M. Arayji, est aujourd’hui d’éviter de placer le pays dans l’inconnu. Le communiqué publié à Moukhtara n’indique pas que la situation se dirige vers un dialogue et vers la formation d’un gouvernement. Pour nous, la solution est de former un gouvernement d’union nationale, où l’opposition et les loyalistes seraient représentés, et je suis convaincu que les deux parties regroupent des personnes intègres et compétentes qui pourraient assumer les responsabilités nécessaires. De la sorte, les règles démocratiques et constitutionnelles seront respectées... » Les membres du Rassemblement de Aïn el-Tiné ont donc rejeté la balle dans le camp de l’opposition, tout en utilisant un langage qui se veut modéré, pour un contenu qui reste assez menaçant. Priorité donc à la formation d’un gouvernement d’union nationale, et si l’opposition refuse, il n’est pas question de laisser le pays sans gouvernement, face à un vide constitutionnel. Autrement dit, ce que laissent entendre les milieux proches du Rassemblement, c’est qu’en cas de refus de la part de l’opposition, les loyalistes pourraient réclamer la formation d’un gouvernement à coloration unique. Et si l’opposition décidait alors de multiplier les sit-in et les manifestations pour rééditer le scénario qui a poussé Omar Karamé à démissionner, le Rassemblement de Aïn el-Tiné serait prêt à déployer ses forces dans la rue, et au jeu du nombre, l’opposition n’est pas sûre de gagner. Cette fois, il ne serait pas question de renoncer à manifester comme ce fut le cas lundi dernier, estiment ces milieux. Le pays serait alors véritablement entraîné dans une spirale dramatique dont nul ne peut prédire comment elle peut se terminer... Bref, l’atmosphère est loin d’être saine, mais il se peut bien qu’il ne s’agisse là que d’une radicalisation des positions, avant le début d’une négociation sérieuse. Les prochains jours devraient être déterminants, surtout avec le début des consultations parlementaires à Baabda, prévues, en principe, en début de semaine. Scarlett HADDAD

Un jour c’est le Bristol, le lendemain c’est Aïn el-Tiné. Le scénario devient un peu répétitif, mais l’élément nouveau, c’est qu’un premier pas vers le dialogue a été franchi. Et après l’initiative de Walid Joumblatt d’envoyer ses émissaires, MM. Marwan Hamadé et Ghazi Aridi, auprès des deux grandes formations chiites, Amal et le Hezbollah, dans une ébauche de...