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Actualités - ANALYSE

Pas de consultations avant lundi ou mardi, Ahmed el-Hajj et Ahmed Moallem restent les favoris Plus que le nom de son chef, l’obstacle reste la mission du prochain cabinet

Omar Karamé a présenté le 28 février dernier la démission de son gouvernement, et les consultations parlementaires obligatoires, prélude à la désignation par le chef de l’État d’un nouveau Premier ministre, n’ont toujours pas été menées et n’auront sans doute pas lieu avant lundi ou mardi prochain. Et encore. Un : pourquoi ce retard ? Deux : les répercussions de ce retard sur le Liban sont-elles (et seront-elles) négatives ou positives ? Selon des sources bien informées recueillies par notre chroniqueur politique Émile Khoury, ce piétinement est dû au fait qu’aucun accord n’a encore été conclu sur le nom du successeur de Omar Karamé. Les contacts se multiplient d’une façon directe entre Baabda et Aïn el-Tiné et Baabda et le Hezbollah, et, bien plus indirectement, entre la présidence et l’opposition, par le biais notamment des deux formations chiites précitées. Des noms circulent, évidemment, mais deux d’entre eux priment : l’ancien militaire et ancien diplomate Ahmed el-Hajj et le juge Ahmed Moallem, qui se distinguent certes par leur intégrité et leur indépendance sans bornes, mais aussi et surtout par leur force de caractère. « S’ils se sentent manipulés ou forcés de prendre des décisions qui vont à l’encontre de leurs convictions ou contraints de rédiger une déclaration ministérielle nullement à la hauteur de la situation, ils n’hésiteront pas une seule seconde à démissionner, et cela effraie beaucoup le pouvoir et les Syriens », assurent ces sources. En gros : un homme fort au Sérail fait peur ; un homme faible, un suiviste, un simple exécutant du pouvoir sécuritaire et de son tuteur syrien seront évidemment refusés par l’opposition. Tout cela sans compter que la rencontre de Aïn el-Tiné a affûté hier ses armes en préférant au gouvernement neutre suggéré par les participants au Bristol 5 une option radicalement opposée, celle du cabinet d’union nationale – une hypothèse catégoriquement rejetée mercredi par la rencontre de Moukhtara. « Il faut aboutir à un minimum de dénominateurs communs ; il faut trouver des solutions, pas des problèmes, quelqu’un doit faire des concessions », révèle une source proche du pouvoir interrogée par L’Orient-Le Jour, insistant sur le distinguo entre loyalistes et pouvoir. « Baabda ne se mêle en rien de la rencontre de Aïn el-Tiné. Il y a deux points de vue dans le pays, et la présidence se veut le carrefour de ces opinions, c’est pour cela qu’elle appelle à un dialogue, seule façon de trouver le juste milieu », ajoute cette source. Quel pourrait être ce juste milieu, cette solution à deux revendications totalement parallèles ? Silence radio. La source s’est tarie. Sauf qu’il apparaît de plus en plus, chaque jour, chaque déclaration davantage, que le véritable problème n’est pas le nom. Omar Karamé reviendrait-il au Sérail en basant la déclaration ministérielle de son cabinet sur le cahier des charges ultra-obligatoire évoqué mercredi à Moukhtara que l’opposition et les Libanais applaudiraient des deux mains ? Le problème se situe donc au niveau de la mission et des orientations que prendrait le futur cabinet. Le chef de l’État acceptera-t-il de signer ce sur quoi se mettrait d’accord l’éventuel futur Conseil des ministres – à commencer par la révocation, la démission ou la suspension de Adnane Addoum et de tous les patrons SR ? Et quel en serait l’impact ? Ce retard constitutionnel, hurlent les uns, va créer un vide total, et se retourner contre l’opposition, puisque un organe exécutif est indispensable aux règlements de tous les problèmes. Ce retard, assurent les autres, est nécessaire et suffisant si l’on veut que le Liban en finisse avec le véritable pouvoir sécuritaire et obscurantiste qui continuera de régner, cabinet neutre ou pas. Surtout que le Parlement, assure Auguste Bakhos, peut tout à fait gérer, sur la base de l’article 53 de la Constitution, les législatives à l’ombre d’un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes. Il n’empêche : c’est avec de tels obstacles, et en les dépassant, que le Printemps du Liban prendra tout son poids. Et perdurera. Ziyad MAKHOUL

Omar Karamé a présenté le 28 février dernier la démission de son gouvernement, et les consultations parlementaires obligatoires, prélude à la désignation par le chef de l’État d’un nouveau Premier ministre, n’ont toujours pas été menées et n’auront sans doute pas lieu avant lundi ou mardi prochain. Et encore.
Un : pourquoi ce retard ? Deux : les répercussions de ce retard...