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Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE - Bachar el-Assad invité à publier un communiqué annonçant le retrait des forces syriennes du Liban Pour Émile Lahoud, un véritable cahier des charges à appliquer

La question se posait hier avec acuité, notamment au niveau de certains des leaders estudiantins qui ont fait, avec leurs pieds, dans la nuit de dimanche à lundi et toute la semaine qui a précédé, la « révolution du cèdre » à la place de la Liberté : le discours de l’opposition a-t-il baissé d’un cran ? Les « insurgés » de Moukhtara, qui ont déclaré on ne peut plus ouvertement la guerre aux patrons des services de renseignements libanais, ce véritable « régime de l’ombre » qui reçoit ses ordres de Anjar, seraient-ils partagés sur la stratégie à adopter pour l’étape à venir ? Serait-ce la raison pour laquelle Walid Joumblatt a pressenti à l’avance, dans son allocution à l’issue de la lecture du communiqué final, la déception des jeunes, plus que jamais à l’avant-garde de la dynamique d’opposition ? Toutes ces questions sont légitimes, mais l’opposition plurielle reste l’opposition. Voudrait-elle reculer qu’elle ne le peut plus, emportée par les événements et par la foule de manifestants qui ont fait chuter, de concert avec Marwan Hamadé et ses confrères à la Chambre, le cabinet de Omar Karamé. À Moukhtara, le discours de l’opposition a été clair, même s’il a peut-être prêté à confusion : après l’ivresse des lendemains de fête, il faut surtout faire preuve de lucidité, se repositionner sur l’échiquier, consolider les acquis de la dernière bataille et élaborer sa stratégie, malgré le manque flagrant d’éléments suffisants pour procéder à une analyse posée. À Moukhtara, l’opposition plurielle a élaboré ce qui sera désormais le cahier des charges de tout cabinet de transition, d’Émile Lahoud et, à travers lui, du pouvoir syrien au Liban. Première des doléances de l’opposition, impératives pour toute reprise du dialogue: la démission des chefs de la « Gestapo libano-syrienne », pour reprendre le terme utilisé par Marwan Hamadé, désormais transfiguré par la vérité. Il paraît en effet inutile de participer à la formation d’un nouveau cabinet, de « dilapider » un nouveau Premier ministre, comme le souligne, parfaitement lucide, Ahmed Fatfat, si les parrains des services, désormais nus devant l’opinion publique, ne se démettent pas et tant que ces services n’ont pas été épurés, ont pensé les opposants. Et pour cause : en tant que cabinet de l’ombre, ils manipuleront tout gouvernement, même le plus neutre, tout comme ils ont manipulé Omar Karamé. Le même raisonnement vaut pour le retrait des forces syriennes, SR compris, du Liban. Tant que Damas continuera d’exercer sa tutelle sur le pays et de s’ingérer dans les plus petits détails de la vie politique, le système ne pourra fonctionner normalement, les institutions continueront à être artificiellement maintenues en vie et manipulées, et le Liban restera une « nation captive ». Dans ce contexte, et pour mettre fin à la décrédibilisation qui frappe le régime syrien à la suite des déclarations contradictoires de ses piliers au sujet du retrait syrien du Liban, l’opposition plurielle, soucieuse de trouver une porte de sortie honorable à Damas, a appelé pour la première fois le président Bachar el-Assad a faire une déclaration officielle annonçant le retrait de ses forces. Et, dans le même cadre, Walid Joumblatt a rappelé aux autorités syriennes que si lui et ses compagnons de l’opposition plurielle continuent à défendre Taëf, c’est bien pour sauver la face au régime syrien. Parce que l’opposition et le peuple libanais ne sont plus la seule force impliquée dans la dynamique pour le rétablissement du droit à l’autodétermination du peuple libanais. Désormais, la pression internationale, forte, elle, de la 1559, se fait de plus en plus pesante. Et si Damas continue d’ignorer le garde-fou que constitue l’opposition et de mépriser la main qui lui est tendue pour le bien des deux pays, les opposants ne sauraient, ne pourraient plus se mettre en travers de la marche de l’histoire et de la volonté de la communauté internationale. Enfin, le troisième point de ce cahier des charges est la vérité sur l’assassinat de Hariri. Cloué au pilori en raison de sa gestion désastreuse et de toutes ses fausses pistes, le pouvoir, Adnane Addoum en tête, doit désormais rendre des comptes, et la commission d’enquête internationale devrait bénéficier de prérogatives extraordinaires lui permettant de désigner les criminels et d’interroger tous ceux qu’elle juge nécessaire, là où elle veut, et même à Damas s’il le faut. Quant aux consultations parlementaires, auxquelles participeront seulement les députés Ghinwa Jalloul et Farès Souhaid au nom de l’opposition plurielle, elles ne sont plus que parfaitement secondaires, formelles dans tout ce cadre. L’essentiel étant l’application, hors de toutes les contingences et sans conditions, du cahier des charges de l’opposition. Non, le discours de l’opposition n’a pas changé. Michel HAJJI GEORGIOU


La question se posait hier avec acuité, notamment au niveau de certains des leaders estudiantins qui ont fait, avec leurs pieds, dans la nuit de dimanche à lundi et toute la semaine qui a précédé, la « révolution du cèdre » à la place de la Liberté : le discours de l’opposition a-t-il baissé d’un cran ? Les « insurgés » de Moukhtara, qui ont déclaré on ne peut plus...