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Opposants et loyalistes ont affûté leurs armes en prévision du débat de politique générale Partie serrée à partir d’aujourd’hui, place de l’Étoile

Le Liban entier retient son souffle. La journée d’aujourd’hui est cruciale, pour le sort du gouvernement sans doute, mais surtout pour l’avenir du pays qui se joue, place de l’Étoile, où s’ouvrira ce matin le débat de politique générale exigé par l’opposition après l’odieux attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. Forte d’une cinquantaine de voix, l’opposition parlementaire mettra tout son poids dans la balance pour obtenir le départ d’un gouvernement tenu pour responsable de l’assassinat de Hariri, en raison du climat malsain que certains de ses membres ont entretenu depuis la formation du cabinet, accusant les pôles de l’opposition de « traîtrise ». Parallèlement, le courant parlementaire loyaliste affûte ses armes pour faire face à une offensive qui, ils le savent d’avance, sera excessivement violente et qui pourra bien déboucher sur un vote de défiance. Car même s’il sait qu’il peut compter sur les alliés de la Syrie – somme toute majoritaires au sein du Parlement – pour le maintenir en place en dépit du désaveu populaire, le cabinet Karamé est parfaitement conscient du fait que la partie sera serrée. L’opposition parlementaire compte une cinquantaine de voix qui lui sont totalement acquises. Au cours du week-end, des parlementaires loyalistes ont pris contact avec leurs collègues de l’opposition pour leur dire qu’ils se rangent de leur côté. Il faudra attendre le vote pour connaître exactement leur nombre et pour savoir s’ils ont pu, selon des sources dignes de foi, échapper aux pressions qui ont commencé depuis quelques jours à être exercées par les services de renseignements syriens sur certains parlementaires, dont le vote en faveur du gouvernement n’est pas garanti. Selon des sources parlementaires, il suffit que dix députés s’absentent de la réunion pour que l’opposition réussisse à déloger le gouvernement. Il suffit surtout que le Hezbollah, qui compte douze députés, s’abstienne de voter pour que le cabinet chute. La position du Hezbollah, qui est ainsi déterminante pour l’issue du vote, demeure une inconnue. Jusqu’à hier soir, cette formation maintenait le flou sur l’attitude qu’elle adopterait, sachant qu’elle s’est de tout temps abstenue d’accorder sa confiance aux gouvernements. Cependant, selon certaines informations, les députés de la formation intégriste pourraient voler à la rescousse du cabinet, s’ils sentent que les voix de l’opposition risquent de l’emporter au moment du vote. Leur position est délicate, car on voit mal les députés d’un parti, qui a porté pendant des années l’étendard de la libération, voter en faveur du maintien d’une équipe dont la présence est devenue synonyme de la poursuite de la satellisation du Liban. On les voit mal voter pour un gouvernement dont le chef s’était récemment interrogé dans une déclaration à la presse : « Si les Syriens se retirent du Liban, qui désarmera le Hezbollah ? ». « Le peuple libanais qui s’est uni autour de la libération de son territoire va s’unir autour (du rétablissement) de la souveraineté. » Pour M. Salah Honein, membre du bloc Joumblatt et de Kornet Chehwane, il est impensable de mettre en doute l’attachement du Hezbollah à la souveraineté libanaise. Dans une déclaration à L’Orient-Le Jour, le député de Baabda a lancé un appel qui a retenti comme un cri du cœur à l’armée libanaise, l’exhortant à se tenir aux côtés de la population : « Cette armée est issue du peuple et sa mission est de protéger ce même peuple et non pas d’assurer la protection d’un système totalitaire et répressif. Que scandaient les jeunes ? Leur slogan n’est-il pas “Nous ne voulons que la seule armée libanaise” ?» a déclaré M. Honein. Pour le parlementaire, l’issue arithmétique du vote importe peu « même si le calcul arithmétique est à notre avantage ». Ce qui importe à ses yeux, c’est la victoire politique. « Nous voulons démasquer le gouvernement devant l’opinion publique et le placer devant ses responsabilités», a souligné M. Honein. «De toute façon, il n’a plus rien à perdre puisqu’il a tout perdu sur le plan populaire», a-t-il indiqué. «D’ailleurs, comment est-il possible d’accorder la confiance à une autorité qui met en doute l’unité de son armée, de son peuple et de ses institutions ? » s’est-il interrogé, en soulignant que quelle que soit l’issue du vote, il existe désormais un état de fait incontestable : « C’est la volonté populaire et personne ne pourra la vaincre. » Quelle que soit l’issue du vote qui devrait intervenir dans les prochains jours (plus d’une soixantaine de députés doivent prendre la parole avec un minimum d’une demi-heure pour chacun, sauf si le président de la Chambre, Nabih Berry, décide de réduire le temps de parole), le mot de la fin appartient au peuple.

Le Liban entier retient son souffle. La journée d’aujourd’hui est cruciale, pour le sort du gouvernement sans doute, mais surtout pour l’avenir du pays qui se joue, place de l’Étoile, où s’ouvrira ce matin le débat de politique générale exigé par l’opposition après l’odieux attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri.
Forte d’une...