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Actualités - CHRONOLOGIE

Les troupes à Batroun, Hamate, Koura, Tripoli et Akkar n’ont pas bougé La population du Liban-Nord dans l’expectative, le redéploiement syrien se fait attendre (Photo)

Aucune trace, hier dans la journée, au Liban-Nord, du redéploiement syrien annoncé jeudi par le ministre de la Défense Abdel Rahim Mrad « pour les prochaines heures ». Dans les principales casernes et positions de l’armée syrienne à Batroun, Hamate, Koura, Tripoli et Akkar, la vie semblait se poursuivre normalement. Ni mouvements de troupes ni même préparatifs ne pouvaient y être observés, ce qui a été confirmé par les habitants des environs dans chaque région. Ceux-ci, refusant systématiquement d’être nommés, paraissaient déçus de ce délai, voire sceptiques par rapport à cette éventualité. « Cela fait si longtemps qu’ils sont là, comment croire qu’ils s’en iront un jour ? » nous lance un boutiquier à Madfoun. Dans cette partie de Batroun, justement, au niveau de la route côtière où ils se trouvent en grand nombre depuis 1976, les soldats syriens étaient aussi présents que d’habitude sur leurs barrages, dans de vieilles bâtisses ou tout simplement dans les rues. Mais les langues se délient. « L’important, c’est qu’ils partent », nous dit-on. Sur l’impact de cette présence qui se prolonge, les personnes interrogées sont intarissables. « La région est paralysée depuis vingt-cinq ans. Les prix des terrains sont très bas. Cette région était la meilleure avant leur arrivée. » Un ressentiment transparaît dans leur discours : « Nous sommes libanais comme les autres, nous ne voulons d’aucune occupation. » Les positions syriennes ponctuent la route côtière jusqu’à Chekka, où les soldats restent tranquillement à leurs postes. Mais leur principale caserne dans ce secteur se trouve sur les hauteurs, à Hamate, à l’emplacement d’un vieil aérodrome désaffecté. Là aussi, c’était le calme plat dans la journée d’hier. Et c’est le cas de le dire : dans cette localité reculée, aucun mouvement singulier ne pouvait être détecté. À l’entrée de ce camp qui compte des milliers de soldats, un officier nous affirme qu’il n’a reçu aucun ordre de bouger ses troupes et qu’il n’a pas d’autres informations à fournir, notamment sur leur destination en cas de redéploiement. Si l’armée syrienne n’a pas bougé, on peut en dire autant des services de renseignements. L’un de leurs postes a été transféré, il y a quelques années, de Madfoun à Amioun, dans le Koura, où il se trouve toujours. Sera-t-il déplacé en cas de redéploiement ? « Je ne vous dirai qu’une seule chose, ce n’est pas de l’armée régulière que j’ai le plus peur », nous lance un habitant, qui assure n’avoir observé aucun mouvement dans la journée. Comme d’autres, il préférerait qu’« ils » s’en aillent. « On ne peut que noter les interférences dans les affaires des gens, même si, il faut l’admettre, certains sont complaisants », poursuit-il. Dans la capitale du Liban-Nord, Tripoli, les soldats syriens ne se sont pas déplacés non plus. Dans le secteur de Bohsass, à l’entrée de la ville, un barrage syrien tient toujours. Le même calme règne sur les diverses positions de la région de Haïkaliyé, le principal point de rassemblement des troupes syriennes à Tripoli. Aucun mouvement d’ampleur n’est perceptible. Des soldats, ramassant des cailloux qu’ils avaient utilisés pour tracer un message ou un nom sur le sable, refusent de faire le moindre commentaire sur le redéploiement. D’autres, un peu plus loin, déchargent d’une camionnette ce qui semble être la ration alimentaire quotidienne des troupes. Cette constatation, les habitants des environs l’avaient déjà faite. « Non, ils n’ont pas bougé, ils sont toujours collés ici », nous lance avec une agressivité inattendue un jeune homme. « Nous aimerions qu’ils partent, poursuit-il. C’est à cause d’eux et des milliers de travailleurs syriens que beaucoup sont au chômage. D’autant plus qu’en cas de mauvais traitements, même s’ils sont rares, nous étions obligés de nous taire. » Mais il n’a plus envie de se taire. « Maintenant que les députés et les foules s’expriment, nous sommes encouragés à le faire », précise-t-il, racontant que de nombreux jeunes du quartier, de quoi remplir trois bus, ont fait le trajet jusqu’à Beyrouth pour participer à la manifestation de lundi dernier. Mais les interrogations à propos de l’avenir ne s’en multiplient pas moins. Un autre jeune homme, bien que tout aussi enthousiaste que le premier, se demande toutefois si « les Israéliens ne vont pas en profiter pour envahir le Liban ». Commentant les théories selon lesquelles un éventuel retrait syrien aviverait les conflits internes et interconfessionnels, ils ont exprimé leur conviction qu’elles sont fausses. « D’ailleurs, les Syriens n’ont jamais rien réalisé ni rien résolu », ajoutent-ils. Un fait indéniable a toutefois été relevé par tous les témoins rencontrés dans les régions : le nombre d’ouvriers syriens a dramatiquement baissé depuis l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et qui a provoqué une vague de sentiments antisyriens dans la rue. Par ailleurs, il faut noter que les portraits de Rafic Hariri envahissent les rues de Tripoli ainsi que les calicots surchargés de messages de condoléances ou qui vantent les qualités du disparu. Suzanne BAAKLINI
Aucune trace, hier dans la journée, au Liban-Nord, du redéploiement syrien annoncé jeudi par le ministre de la Défense Abdel Rahim Mrad « pour les prochaines heures ». Dans les principales casernes et positions de l’armée syrienne à Batroun, Hamate, Koura, Tripoli et Akkar, la vie semblait se poursuivre normalement. Ni mouvements de troupes ni même préparatifs ne pouvaient y être...