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Pour le Liban de l’espoir

Comment ne pas crier, haut et fort, sa colère face à l’horreur que vient de subir ce beau pays, le Liban, déjà meurtri, par une guerre de quinze ans qu’il n’a pas choisie? En effet, au moment où ils s’apprêtaient à célébrer la Saint-Valentin, avec le savoir-faire dont ils ont seuls le secret, les Libanais furent subitement et perfidement endeuillés par la disparition tragique de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Ce fut, de toute évidence, un véritable tsunami qui a brutalement et sauvagement brisé leur joie et leur liesse. Propulsant le pays du Cèdre au-devant de la scène internationale, la dimension apocalyptique de l’évènement a fait ressurgir les craintes de le voir réveiller les vieux démons et raviver les feux mal éteints de la «guerre des autres». L’onde de choc dont l’épicentre a été Aïn el-Mraissé, à proximité de l’hôtel Saint-Georges, fut ressentie au-delà des frontières du Liban. Ainsi, du Maroc, l’extrême Occident de l’Orient, pays du Soleil-Couchant, j’ai pu suivre en direct, à travers les médias, avec un intérêt tout particulier, le déroulement des faits. Comment, dès lors, ne pas être admiratif devant cet extraordinaire sursaut d’unité, ce formidable élan de solidarité et ce haut niveau de retenue, de maturité et de responsabilité dont ont fait montre les Libanais durant les longs jours qui ont suivi la tragique disparition du défunt ? Cela ne saurait étonner. En effet, ceux dont les ancêtres ont, les premiers, oser affronter la mer et l’océan, ont su, de façon magistrale, puiser dans ce douloureux évènement l’énergie d’une nouvelle volonté, la rage de vivre ensemble, en bonne intelligence et en pleine osmose les uns avec les autres. N’est-ce pas le meilleur message qu’ont voulu adresser à la terre tout entière ces marcheurs pacifiques du « pays-message », selon la belle et heureuse formule du pape lancée, voilà quelques années, lors de sa visite au Liban ? Plusieurs fois détruite et à chaque fois reconstruite avec patience et détermination, Beyrouth, comme dit la légende, se réveille tous les matins comme si elle venait de naître. Cette ville, plus que millénaire, où flotte un air de liberté prononcé, cette ville mythique, ensorcelante, envoûtante, à la senteur méditerranéenne, cette «Nouvelle Andalousie», selon la savoureuse expression du poète, saura, à n’en pas douter, conjurer le mauvais sort, retrouver sa sérénité et sa gloire d’antan et assumer son destin. La marée humaine qui a déferlé sur Beyrouth, venant des quatre coins du pays, de toutes les confessions et se déployant, dans une démarche digne et ordonnée, sous le tintement des cloches des églises et les prières des muezzins des mosquées, a su donner au monde une belle leçon de démocratie, de civilité et de tolérance. Ainsi, le peuple libanais est parvenu à livrer à l’opinion publique un hymne à la paix et une exhortation à l’amour de l’autre, à la façon de Gibran Khalil Gibran quand il dit: «Aimez-vous l’un l’autre (…) quand l’amour vous fait signe, suivez-le, bien que ses voies soient dures et escarpées». En somme, l’image que «l’exception libanaise» a offerte au reste de l’humanité, en ces moments fatidiques, force le respect, inspire la fierté et incite à l’espoir. Espoir que l’ombre qui a assombri le ciel de Beyrouth se dissipera pour donner lieu à une étincelle annonciatrice d’un jour nouveau, tel que nous l’inspire ce bel extrait du Prophète du grand Gibran Khalil Gibran: «Et quand l’ombre s’affaiblit et disparaît, la lumière qui s’attarde devient l’ombre d’une autre lumière.» Miloud LOUKILI Ami du Liban Professeur à L’Université Mohamed V Rabat – Maroc
Comment ne pas crier, haut et fort, sa colère face à l’horreur que vient de subir ce beau pays, le Liban, déjà meurtri, par une guerre de quinze ans qu’il n’a pas choisie? En effet, au moment où ils s’apprêtaient à célébrer la Saint-Valentin, avec le savoir-faire dont ils ont seuls le secret, les Libanais furent subitement et perfidement endeuillés par la disparition tragique de...