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Si des troubles surviennent, ils auront été créés de toutes pièces, répond l’opposition à Moallem et Karamé Aoun : « Cette fois, je crois les Syriens. Ils vont s’en aller, ils n’ont pas le choix »

«C’est la première fois que je les crois. Ils n’ont pas le choix. Ils savent ce qui les attend s’ils ne quittent pas le Liban. Ils ne peuvent plus mentir. » C’est en ces termes que l’ancien Premier ministre Michel Aoun a réagi hier à l’annonce du sixième redéploiement des forces syriennes vers la Békaa. Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, le général Aoun a toutefois appelé le peuple libanais à « poursuivre son soulèvement pour que les forces syriennes ne restent pas trente ans supplémentaires dans la Békaa et quittent définitivement le territoire libanais ». Il a appelé les Libanais à se mobiliser lundi et à descendre en masse dans la rue, place de l’Étoile, pour « faire chuter le cabinet ». Michel Aoun a par ailleurs estimé « hors propos » la mise en garde du vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, estimant que « nul ne cherche à défier la Syrie au Liban ». « L’essentiel, c’est qu’elle ne laisse pas d’explosifs derrière elle. Il y a une seule partie au Liban qui possède des armes et qui est capable de faire des agressions. S’il se passe quelque chose, c’est la Syrie qui en assumera la pleine responsabilité », a-t-il indiqué, répondant ainsi à M. Sleimane Frangié, mais aussi à MM. Omar Karamé et Walid Moallem. Concernant enfin l’insistance des députés de l’opposition, mercredi à Moukhtara, de fixer Taëf comme plafond à leur action, Michel Aoun a affirmé : « Peu importe si les Syriens sortent par une initiative locale, arabe ou internationale. L’important c’est le résultat : qu’ils s’en aillent, et qu’ils emportent avec eux les services syriens de renseignements. » Sur la même longueur d’onde, le député Walid Joumblatt a déclaré, dans un entretien accordé à Radio France Internationale (RFI) : « Pourvu que cette fois-ci (le redéploiement) soit sérieux et qu’avec leur départ il y ait un démantèlement véritable des services de renseignements syriens à Beyrouth, dans la Montagne et plus tard, bien entendu, le retrait total honorable suivant les accords de Taëf. » M. Joumblatt a rappelé que l’accord de Taëf prévoit des négociations entre le gouvernement libanais, « un cabinet libre, pas ce gouvernement fantoche », a-t-il précisé, et le gouvernement syrien sur un retrait définitif du Liban. Il a enfin adressé une mise en garde à Omar Karamé, estimant qu’il ne « doit pas jouer avec le feu » en annonçant un « désordre » au cas où les Syriens viendraient à se retirer. Le « baroud d’honneur » Le député Ahmed Fatfat a, pour sa part, estimé que les propos du ministre Moallem devaient être interprétés comme un « ultime baroud d’honneur » de Damas avant le retrait de ses troupes du Liban, précisant toutefois que le retrait des forces syriennes vers la Békaa n’est pas sérieux tant qu’il n’inclut pas les services syriens de renseignements. Il a également indiqué que l’objectif de l’opposition est d’aboutir à un retrait définitif et total en fonction d’un calendrier. M. Fatfat, qui répondait aux questions de L’Orient-Le Jour, a par ailleurs estimé que les propos tenus hier par Omar Karamé étaient « dangereux », notamment en ce qui concerne « l’insinuation selon laquelle l’armée libanaise est divisée alors que durant toutes ces années, les responsables ont répété que leur principale réalisation était d’avoir réunifié une armée nationale ». Dans un communiqué, le Parti socialiste progressiste (PSP) a rappelé ses revendications : « Le démantèlement de l’appareil sécuritaire libano-syrien et le retrait total des forces syriennes du Liban conformément à l’accord de Taëf, qui constituent la référence décisive dans les relations libano-syriennes et la porte de sortie honorable à la crise en cours entre les deux pays et la communauté internationale » sur fond de 1559. « Les retraits syriens qui se sont produits ont été justifiés par la disposition des forces sécuritaires et militaires libanaises à garantir la stabilité et à assumer leurs responsabilités. La logique de la Syrie et du pouvoir libanais s’est aujourd’hui inversée, et les voilà qui doutent des capacités de l’armée et menacent le Liban de destruction. Le retrait syrien conformément à Taëf constitue la seule porte de sortie à la crise, et ce retrait ne peut aboutir à des résultats négatifs vis-à-vis du Liban et de la Syrie, sauf si le pouvoir et les services créent des incidents », a indiqué le PSP, répondant ainsi aux propos de Omar Karamé, qualifiés de « menaces directes ». Le communiqué a en outre plaidé en faveur de « l’épuration des services libanais de sécurité des éléments qui s’ingèrent dans la vie politique, terrorisent les Libanais et répriment leurs libertés ». « Le parti, qui rejette toutes ces menaces, fait assumer au pouvoir et aux services la responsabilité de toute déstabilisation sécuritaire. Il considère que le peuple libanais, dans toutes ses composantes, a réglé son problème interne à Taëf et a achevé sa réconciliation nationale globale. Il ne peut retourner à la guerre civile ou à l’antagonisme avec la Syrie », a-t-il conclu. « Du terrorisme politique » Le député Farès Souhaid a lui aussi lancé un appel à un retrait syrien total. « J’accuse le Premier ministre Omar Karamé de pratiquer le terrorisme politique à l’encontre du peuple libanais à partir du moment où il parle d’une crise sécuritaire et militaire en cas de retrait syrien », a-t-il déclaré. « Ces propos sont indignes d’un Premier ministre libanais et démontrent une fois de plus que le cabinet Karamé ne dispose d’aucune confiance de la part de l’opinion publique. Il a juré allégeance à la Syrie avant de faire allégeance au Liban », a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : « J’accuse le président Karamé et le vice-ministre syrien Walid Moallem de pratiquer le terrorisme politique à l’encontre du peuple libanais, dans la mesure où ils insinuent, à travers leurs déclarations, que le retrait syrien conduira à un retour à la situation qui prévalait durant la guerre. » Quant au Bloc national, il a appelé le peuple libanais à poursuivre la lutte pour le retrait définitif des forces syriennes avant les législatives et à descendre dans la rue lundi pour provoquer la chute du cabinet et inciter à la formation d’un gouvernement neutre. Le BN a dénoncé les « menaces de certains responsables libano-syriens concernant un retour à l’état de discorde ». « Si cela se produit, ils en auront été les instigateurs », conclut le BN.
«C’est la première fois que je les crois. Ils n’ont pas le choix. Ils savent ce qui les attend s’ils ne quittent pas le Liban. Ils ne peuvent plus mentir. » C’est en ces termes que l’ancien Premier ministre Michel Aoun a réagi hier à l’annonce du sixième redéploiement des forces syriennes vers la Békaa.
Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, le général Aoun a...