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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef du PSP révèle que Assad avait dit à Hariri : « Si Chirac veut me sortir du Liban, je démolirai ce pays » Joumblatt : Le Hezbollah est devenu un « outil de pression syrien »

Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a estimé dans un entretien paru mardi dans le quotidien français Libération que si le Hezbollah a libéré le Sud, il est maintenant devenu « un outil de pression syrien contre toute l’opinion publique qui l’a soutenu à l’époque ». « C’est une milice redoutable qui peut être utilisée contre nous. Le fait que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ait participé à la récente réunion des loyalistes est un mauvais signe. S’il faut continuer la lutte contre Israël, je n’y suis pas hostile. Mais pourquoi la frontière syrienne avec Israël est-elle si calme depuis 1973 ? Les Libanais doivent-ils être la seule carte de pression syrienne pour améliorer les conditions d’un compromis avec Israël ? On ne veut pas la guerre conre les Syriens. Ce sont nos voisins. Mais on ne veut pas d’un Anschluss qui servirait les intérêts stratégiques de Damas », a-t-il déclaré. M. Joumblatt a ensuite affirmé que toutes les lignes rouges ont été franchies par l’opposition : « Quand on a osé leur dire non, il y a d’abord eu l’attentat contre Marwan Hamadé, qui a failli lui coûter la vie. Plus tard, quand Rafic Hariri et moi leur avons dit : appliquons les accords de Taëf qui sont clairs et qui demandent un retrait graduel et honorable du Liban, Hariri a été assassiné. On avait dit clairement que la mission des Syriens au Liban était terminée. Il est vrai qu’ils ont aidé les Libanais à empêcher la partition du pays, et la Résistance islamique à libérer le Sud. Tout ça, c’est très bien. Qu’est-ce qu’ils veulent de plus ? » À la question de savoir si Hariri avait vraiment rejoint l’opposition avant son assassinat, le député du Chouf a répondu : « Certainement. Le ministre libanais de l’Intérieur l’a lui-même accusé d’être le “serpent” qui a fomenté la fameuse résolution 1559 avec les États-Unis et la France. Et puis, il y a eu la dernière rencontre entre Bachar el-Assad et lui, juste avant la promulgation du mandat du président Lahoud. Hariri m’a raconté les propos de Bachar. Il lui a dit : “Lahoud, c’est moi. Si Chirac veut me sortir du Liban, je casserai le Liban. Joumblatt, il a ses druzes dans la montagne libanaise, mais moi aussi j’ai des druzes et je ruinerai la montagne libanaise”. Hariri a rapporté les propos de Bachar à trois autres témoins, dont Marwan Hamadé. De telles paroles aboutissent à de telles conséquences. » Quant à sa propre sécurité, M. Joumblatt a estimé que « tout est possible ». Le chef du PSP vient d’envoyer son fils aîné en France afin, dit-il, de « mettre au moins quelqu’un de la maison Joumblatt à l’abri ». « Ils ont franchi la ligne rouge. Ils nous disent : ou vous négociez à nos conditions, ou on vous tue », ajoute-t-il, tout en précisant qu’il n’a reçu aucune menace personnelle. Et de poursuivre : « Toutefois, dans le climat de défiance actuel, il faut prendre des précautions. Mais lesquelles ? On a utilisé contre le pauvre Hariri des moyens redoutables. On a miné la route, ce qui veut dire qu’il a fallu du temps. On a profité d’un chantier juste à côté de l’hôtel (Saint-Georges). Ce n’est pas un agent infiltré qui a pu faire ça. On ne peut donc pas se protéger. » Quant aux manifestations qui ont lieu tous les jours depuis l’assassinat de Hariri, M. Joumblatt a déclaré : « Ils ont peur des manifestations populaires. Ils veulent nous empêcher de nous réunir sur la tombe de Hariri, et sans doute utiliser l’armée. Ils sont capables de tout. Ils ont même dit qu’ils étaient d’accord pour l’enquête internationale si elle respecte la souveraineté du Liban. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il n’y a plus de souveraineté au Liban. Le Liban n’existe pas. C’est l’officier syrien installé dans la Békaa qui dirige tout. Le régime de Vichy était plus autonome vis-à-vis des Allemands ! » Concernant la menace d’une éventuelle mobilisation des chiites par M. Nasrallah, il a affirmé : « La rue armée contre la rue désarmée, ce n’est pas la même chose. » Le leader du PSP a ensuite estimé que l’armée n’est pas neutre. « Les principales mutations se font dans le QG syrien de la Békaa, tout comme les promotions, a-t-il déclaré. Tous les postes-clés vont à ceux qui ont la confiance des Syriens. Ils ont tout infiltré : la police, les syndicats, l’université et même l’économie, car le Liban, c’est également la caisse du régime syrien. Heureusement, la presse n’est pas muselée. » Enfin, M. Joumblatt a indiqué que l’opposition ne répondra pas à l’appel au dialogue des loyalistes « tant qu’on n’aura pas clarifié l’assassinat de Hariri et la tentative contre Hamadé. On ne peut pas dialoguer avec un pouvoir suspecté d’être à l’origine de ces attentats ». « Nous continuerons la mobilisation, qui est une bonne chose, même s’ils peuvent la casser par la force. Mais on ne veut pas boycotter les élections qui sont un moyen pour l’opposition de progresser à l’Assemblée. C’est pour ça qu’ils ont tué Hariri, car ils connaissaient son poids politique », a-t-il conclu.


Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a estimé dans un entretien paru mardi dans le quotidien français Libération que si le Hezbollah a libéré le Sud, il est maintenant devenu « un outil de pression syrien contre toute l’opinion publique qui l’a soutenu à l’époque ». « C’est une milice redoutable qui peut être utilisée contre nous. Le fait que le secrétaire général du...