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Pour le secteur privé, une équipe neutre peut atténuer la tension politique Les organismes économiques réclament le départ du gouvernement et appellent à une grève lundi(photo)

Le gouvernement Karamé est indésirable pour de nombreux milieux politiques et, depuis hier, dans les milieux économiques dont le discours s’est rapproché, en certains points, de celui de l’opposition. Les associations des banques et des industriels, ainsi que les Chambres de commerce et d’industrie au Liban ont réclamé le départ du gouvernement et l’avènement d’une équipe neutre, appelant à la grève dans le secteur privé le lundi 28 février. Le choix de la date prévue pour la grève n’est sûrement pas fortuit car ce jour-là sera crucial pour le sort de l’Exécutif qui devra affronter, place de l’Étoile, une opposition déterminée à obtenir son départ. Les organismes économiques ont en outre appelé à un rassemblement devant le mausolée de Rafic Hariri au moment du débat de politique générale. La décision des organismes économiques n’a cependant pu être adoptée qu’au bout de trois réunions consécutives tenues au cours des trois derniers jours. Des concertations économiques s’étaient avérées primordiales étant donné l’état de stagnation dans lequel le pays est plongé et qui risque de se prolonger, voire d’empirer si les tiraillements politiques persistent. Divers points de vue ont été donnés au cours des trois séances, toutes tumultueuses, selon des sources proches des personnes réunies. Les organismes économiques étaient divisés en deux camps : l’un loyaliste, dirigé essentiellement par un parent de M. Omar Karamé, Abdallah Ghandour, par ailleurs président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tripoli, soutenu par Mme Carla Saadé, représentante de la Chambre internationale de commerce et d’industrie, et par Mohammed Lamah, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth, et un camp opposant représenté principalement par l’Association des banques, le RDCL et le Forum économique. De même source, on indique que c’est principalement l’Association des banques qui a mis tout son poids dans la balance, au cours d’une réunion extrêmement houleuse hier, pour obtenir la publication d’un communiqué à la hauteur de la gravité de la situation actuelle, dans la mesure où celle-ci risque, si elle se prolonge, d’affecter le secteur bancaire. Sans compter, a-t-on ajouté de même source, qu’une prise de position sans ambiguïté de la part du secteur privé est nécessaire pour adresser des signes positifs aux hommes d’affaires arabes, les principaux investisseurs au Liban. L’avènement d’un gouvernement neutre, à même d’atténuer la tension politique et de paver la voie à des élections libres et démocratiques, s’avère donc essentiel dans ces circonstances. « Les instances économiques demandent la formation d’un nouveau gouvernement neutre qui bénéficie du soutien du peuple, ainsi que de la confiance de la communauté internationale et des pays arabes », ont indiqué les organismes économiques dans le communiqué qu’ils ont ainsi publié à l’issue de leur réunion qui s’est tenue hier au siège de la CCIAB à Sanayeh. Une réunion à laquelle le ministre de l’Économie et du Commerce, Adnane Kassar, a assisté en partie. Ces instances ont décidé d’une fermeture totale lundi prochain (à la mémoire de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri assassiné le 14 février) et exigent une enquête internationale sur ce crime. Elles ont considéré que « le rétablissement du régime démocratique est une condition incontournable pour rétablir la confiance dans l’économie libanaise ». « L’ancien Premier ministre martyr, Rafic Hariri, n’était pas un chef de gouvernement ordinaire. C’est lui qui avait réussi, en pilotant le chantier de la reconstruction, à rétablir la confiance des milieux d’affaires arabes et internationaux vis-à-vis du Liban », poursuivent-elles. Les instances économiques, qui se sont déclarées en session ouverte pour suivre les développements dans le pays, ont assuré qu’elles n’hésiteront pas à prendre toute mesure susceptible de garantir la réalisation de leurs efforts pour sauver le pays. Leur communiqué appelle également à un rassemblement devant la tombe de Rafic Hariri lundi prochain. Selon les mêmes sources, de nombreux hommes d’affaires du Golfe ont réagi favorablement à l’initiative des organismes économiques. Le plafond de Taëf Lors d’un point de presse en marge de la réunion des organismes économiques, M. Kassar a mis en garde contre toute tentative « d’élever le plafond des revendications et d’exacerber les tiraillements politiques, lesquels ne peuvent conduire le Liban qu’à l’effondrement ». Il a estimé qu’il serait, dans ce cas, difficile pour les Libanais de reconstruire le pays à nouveau, estimant « qu’on ne peut pas refaire ce qui a été fait dans l’histoire deux fois » . M. Kassar a affirmé que toutes les parties pourraient se réunir autour d’une table de dialogue sans qu’une nouvelle guerre ne soit nécessaire. « Qu’on se réunisse et qu’on parle », a-t-il dit, réitérant « l’importance pour toutes les parties de se maintenir sous le plafond de l’accord de Taëf ». Il a par ailleurs annoncé qu’il ne se présentera pas aux législatives et qu’il ne brigue aucun autre poste politique. Le ministre de l’Économie a expliqué que « ma tournée auprès des responsables politiques vise à les mobiliser en vue de trouver d’urgence un règlement à la crise entre loyalistes et opposants ». « Je suis au sein du gouvernement pour préserver l’économie. Et j’assumerai cette responsabilité en tant que ministre », a-t-il dit. D’ailleurs, les instances économiques ont apporté leur soutien au maintien du ministre Kassar au sein du cabinet Karamé.

Le gouvernement Karamé est indésirable pour de nombreux milieux politiques et, depuis hier, dans les milieux économiques dont le discours s’est rapproché, en certains points, de celui de l’opposition. Les associations des banques et des industriels, ainsi que les Chambres de commerce et d’industrie au Liban ont réclamé le départ du gouvernement et l’avènement d’une équipe...