Les deux guitaristes ont présenté un répertoire éclectique Kristina Kuusisto et Mari Mäntylä: la Finlande, valeur ajoutée du tango (photo)

Concert d’inauguration reporté à samedi dernier pour la bandéoniste Kristina Kuusisto et la guitariste Mari Mäntylä. Heureusement pour le public du Bustan, d’ailleurs, car les deux musiciennes ont présenté un répertoire des plus éclectiques. En effet, pour les simples amateurs de la grande tradition argentine, difficile d’imaginer les liens outremer du tango. Première chose remarquable dans ce programme très intelligemment conçu, c’est qu’il y a un «avant» et un «après» Astor Piazzolla. Avec le grand compositeur du XXe siècle, l’Argentine a redoré son blason musical: en effet, quelle ampleur dans la mélancolie, quelle profondeur dans l’harmonie et quelle exubérance dans la composition! Le séjour prolongé en Europe de ce dernier peut sans doute expliquer les influences et donc les inflexions irrémédiables et géniales exercées sur le tango. Voilà donc un concert aux accents variés, qui a transporté les classiques du tango vers la Finlande, bien sûr, mais aussi au Portugal et en France, du côté de la Bretagne. Autant dire que la mélancolie du Nord porte comme un gant celle de sa grande sœur d’Amérique du Sud. La connaissance du répertoire argentin dans certaines régions de la Finlande montre à quel point, depuis près de 70 ans, une analyse en profondeur d’abord et une assimilation parfaitement réussie, ensuite, est devenue un authentique label de qualité. Ce qui permet de dire que la relève d’Astor Piazzolla est assurée, mais hors de ses frontières d’origine peut-être? Les petites trouvailles portugaise et française ne manquent pas non plus d’intérêt, loin de là. En fait, et pour le meilleur, chaque apport non argentin au tango «parfume», pourrait-on dire, délicatement la trame initiale de ce que Bretagne et Portugal portent en eux de mélancolie – le rapprochement avec le fado peut être une piste de réflexion sur le sujet. Bref, Kristina Kuusisto et Mari Mäntylä, pour lesquelles des compositeurs des quatre coins du monde écrivent des partitions, ont présenté en duo ce que la Finlande, et d’autres, ont apporté à un genre qui n’a pas fini de faire parler de lui. D.G.