L’ensemble des Libanais, toutes générations confondues, appelés à manifester aujourd’hui L’opposition plurielle annonce le début de l’« intifada pour l’indépendance »

L’opposition nationale plurielle a annoncé vendredi le début de l’« intifada pour l’indépendance » et réclamé « immédiatement » un « gouvernement de transition » qui assure le retrait total syrien avant des élections législatives libres. « En réponse à la politique criminelle et terroriste des autorités libanaises et syriennes », l’opposition libanaise a proclamé « une intifada démocratique et pacifique pour l’indépendance », à l’issue de sa première réunion plénière au Bristol depuis l’assassinat de Rafic Hariri, en présence d’un très large éventail de personnalités de l’opposition, dont le Courant du futur et le courant aouniste. Le document de l’opposition a été rendu public du domicile du chef du PSP, Walid Joumblatt, qui s’est abstenu de se rendre au Bristol par mesure de sécurité. C’est M. Samir Frangié, entouré de Mme Nayla Moawad et de MM. Joumblatt, Élias Atallah (Gauche démocratique) et Nadim Lteif (courant aouniste), mais aussi d’une multitude d’opposants, qui a rendu public le document. « La formation d’un gouvernement transitoire est une nécessité nationale absolue », et sa tâche est « d’assurer un retrait immédiat et total de l’armée syrienne, en préambule à la tenue d’élections législatives libres et honnêtes », a affirmé M. Frangié. Les députés de l’opposition ont en outre décidé de ne plus participer aux travaux ordinaires de l’Assemblée « avant la tenue d’une séance plénière destinée à débattre de la série d’assassinats qui a commencé par l’attentat contre Marwan Hamadé et s’est poursuivie par le martyre de Rafic Hariri et le projet de martyr qu’est le député Bassel Fleyhane ». L’opposition a souligné son « refus de considérer (l’assassinat de Rafic Hariri) comme un crime ordinaire et de reprendre une vie politique normale ». Elle a ainsi décidé la « suspension de tout débat politique ou juridique avant que la vérité ne se fasse ». Elle a également exprimé son « attachement à une commission internationale d’enquête », supervisée par les Nations unies, sur l’assassinat de Rafic Hariri, conformément au souhait du Conseil de sécurité de l’Onu. Les Nations unies et la communauté internationale qui doivent « assurer une protection du peuple libanais otage et menacé par un terrorisme d’État perpétuel dont il est la cible », a poursuivi le communiqué. L’opposition a également appelé les Libanais de l’étranger à se mobiliser partout dans le monde pour soutenir l’intifada par les moyens politiques et financiers, notamment à travers des manifestations devant les ambassades et les sièges des instances internationales. Elle a aussi appelé les peuples et les États arabes à assumer leurs responsabilités vis-à-vis du Liban, en contrepartie des sacrifices consentis par les Libanais pour les causes arabes. Prenant la parole à l’issue de la conférence de presse, M. Walid Joumblatt a lancé dans une grande rage : « Ils veulent nous tuer, mais ils ne peuvent pas tuer un ou deux millions de personnes. » Appelant les Libanais à se rendre à la place des Martyrs pour participer à « l’intifada », il a indiqué que « le peuple libanais protège » désormais l’opposition. Appel à la manifestation Par ailleurs, l’opposition a appelé hier les Libanais « de toutes les générations à participer au sit-in organisé par les mouvements de jeunes sur les lieux du crime près de l’hôtel Phoenicia, le lundi 21 février (aujourd’hui) à midi ». Elle a également invité les Libanais de toutes les régions à cesser toute activité et à suspendre le traffic routier aujourd’hui pour une durée de cinq minutes, à partir de 12 h 55, tout en arborant sur leurs voitures les banderoles noires de deuil. « Enfin, tous les Libanais sont appelés à participer aux sit-in continus organisés tous les soirs à partir de 18 h, place des Martyrs, devant le tombeau du grand martyr et de ses compagnons », a conclu le communiqué. L’Opposition kataëb, présidée par M. Élie Karamé et Mme Solange Béchir Gemayel, ont également appelé à une participation massive à la manifestation d’aujourd’hui.