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Justice - Addoum affirme qu’il n’y a pas encore d’indices sérieux Le Liban attend la réponse de la Suisse pour le recours à des experts en matière d’explosifs (Photo)

En acceptant de demander l’aide d’experts suisses pour mener l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, l’État libanais a trouvé une issue plus ou moins honorable à ce qui commençait à devenir une véritable impasse politico-judiciaire. Officiellement, et pour sauver la face, il ne s’agit nullement pour les autorités judiciaires de considérer le recours aux experts suisses comme une reconnaissance de leur propre incompétence ou de leur manque de transparence, mais simplement comme une insuffisance dans les moyens techniques. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le juge d’instruction militaire, M. Rachid Mezher, a d’ailleurs confirmé cette approche, rappelant que les autorités judiciaires libanaises ne possèdent pas suffisamment de moyens techniques, notamment en matière d’explosifs et d’analyses ADN. Car il s’agirait apparemment d’analyser l’ADN de toutes les victimes et de le comparer à celui de la mère du Palestinien qui a figuré sur la vidéocassette de revendication de l’attentat diffusée par al-Jazira. En tout cas, l’objectif de toutes ces analyses est d’abord de vérifier si la piste du Palestinien est sérieuse ou, sinon, s’il existe bel et bien un corps non identifié parmi les victimes, qui pourrait être celui d’une personne qui aurait mené un attentat-suicide. Mais pour entreprendre toutes ces analyses, il faut des moyens que le Liban n’a pas. Une réunion quotidienne pour faire le point Depuis l’attentat, le juge d’instruction militaire tient en tout cas une réunion quotidienne, à 15 h, avec les différents services de sécurité, pour faire le point sur l’enquête et étudier les démarches à suivre. Hier, il a officiellement autorisé les services de sécurité chargés des investigations à présenter une demande aux autorités suisses, afin qu’elles envoient au Liban des experts en matière d’explosifs et d’analyses ADN. Si la Suisse accepte cette demande, les experts devraient arriver dans les plus brefs délais et prêter serment devant les autorités compétentes avant d’entamer leur mission, qui doit rester conforme aux procédures pénales en vigueur au Liban. Tous ces détails ont été transmis au président de la République, M. Émile Lahoud, par le ministre de la Justice, M. Adnane Addoum. Le ministre a déclaré aux journalistes que les enquêteurs avaient quelques indices, mais qu’ils n’étaient pas encore suffisants pour mener à de véritables pistes. Il a aussi assuré que dès qu’il y aura la moindre information sérieuse, elle sera communiquée aux Libanais car l’opinion publique a le droit d’être informée des progrès de l’enquête. Surtout lorsque le crime est aussi horrible et qu’il menace l’unité nationale et la coexistence. Toujours dans le même cadre, le président Lahoud a reçu hier l’ambassadeur de Suisse au Liban, M. Samuel Schmid. Il a émis devant lui le souhait que les autorités suisses répondent positivement à la demande d’aide libanaise. Et l’ambassadeur a promis de transmettre ce souhait à ses supérieurs, tout en mettant l’accent sur la volonté de la Suisse d’aider le Liban dans cette période difficile. Plus tard dans l’après-midi, l’ambassade du Liban à Berne a précisé avoir reçu la demande officielle libanaise qui a été aussitôt transmise au ministère de la Justice suisse. Si la demande est acceptée, ce qui est d’ailleurs probable, les experts suisses devraient arriver à Beyrouth dans les quarante-huit heures. Sur place, les experts devraient avant tout se rendre sur les lieux de l’attentat, qui, selon le juge d’instruction militaire, ont été interdits d’accès aux citoyens, afin de préserver les moindres indices et les éventuelles traces d’ADN. En fait, le juge Mezher a affirmé à L’Orient-Le Jour, qu’après le dégagement des victimes, les lieux ont été encerclés, pour que les gens ne puissent pas y circuler, et des forces de l’ordre y montent la garde en permanence. Les sources proches de l’enquête précisent que le grand souci des enquêteurs est aujourd’hui de découvrir les moyens utilisés pour faire exploser la voiture. Ce qui intrigue les enquêteurs libanais, c’est que le cratère de l’explosion se situe au milieu de la chaussée. Ce qui signifie que la voiture n’était pas garée sur le bas-côté de la route, mais circulait au milieu de la chaussée. De plus, l’hypothèse d’une charge explosive plantée sous l’asphalte semble avoir été écartée, car si cela avait été le cas, les dégâts se seraient produits en hauteur et non à l’horizontale. Enfin, ce qui a pu être précisé jusqu’à présent, c’est qu’il ne s’agit pas d’une charge télécommandée, les systèmes de brouillage de l’ancien président du Conseil neutralisant ce genre de procédé. Restent deux possibilités ; l’attentat-suicide, que les autorités espèrent étudier avec l’aide des experts suisses, ou l’utilisation de méthodes primaires, que les moyens de détection sophistiqués ne peuvent déceler. C’est un peu ce qui se passe en Irak, dans le cas des attentats antiaméricains. Ce qui permet aux enquêteurs de ne pas écarter totalement la piste islamiste. Mais, comme l’a déclaré le ministre de la Justice, il n’y a pas encore d’indices sérieux et il est trop tôt pour lancer des accusations.
En acceptant de demander l’aide d’experts suisses pour mener l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, l’État libanais a trouvé une issue plus ou moins honorable à ce qui commençait à devenir une véritable impasse politico-judiciaire.
Officiellement, et pour sauver la face, il ne s’agit nullement pour les autorités judiciaires de considérer le...