Rechercher
Rechercher

Actualités

Effet boomerang

À toute chose malheur est bon, dit l’adage. L’assassinat d’un leader national de l’envergure de Rafic Hariri et des Libanais qui l’ont accompagné dans ce périple mortel est, certes, une perte inestimable pour la nation. Cependant, la solidarité populaire que cette tragédie a suscitée et la chaîne humaine qui s’est formée ont transcendé la détresse et défié les larmes. Hier et aujourd’hui, les Libanais ont juré fidélité à l’homme de l’avenir et promis de placer la dernière pierre de l’édifice qu’il n’a pas eu le temps d’achever. Pour et au nom de ce Liban qu’il n’a cessé de rêver, les Libanais ont offert la plus belle gratification posthume que Hariri a jamais pu espérer de son vivant. L’acte machiavélique qui a visé l’homme, symbole de la reconstruction du Liban, a beau avoir été parfaitement organisé, impeccablement exécuté, ses retentissements qui sont de l’ordre de l’irréel ne finiront pas de sidérer ses commanditaires. Misant sur la terreur et la dislocation d’un peuple qui, par moments, a fléchi devant les velléités des pourfendeurs de son unité, les ennemis de ce pays ne tarderont pas à réaliser qu’ils ont décidément mal calculé leur coup. Jamais malheur n’a autant fédéré les citoyens de ce pays. Jamais acte de violence n’avait autant porté de germes de renaissance. Kamal Joumblatt, Riad Taha, Sélim Laouzi, Béchir Gemayel, le mufti Hassan Khaled, René Moawad, et tant d’autres peuvent aujourd’hui se consoler. Leur sang aura irrigué, lentement mais sûrement, les artères d’une nation enfin guérie de ses blessures. D’ailleurs la mort n’a pas ciblé ces personnalités par un pur caprice de l’histoire. Leur assassinat est symptomatique d’une peur mortelle de voir ces hommes fédérateurs de communautés réaliser leur dessein. Béchir Gemayel a été éliminé pour avoir réussi à rallier jusqu’à ses pires ennemis ; Kamal Joumblatt pour avoir dit « non à l’ingérence »; René Moawad de même ; cheikh Hassan Khaled pour avoir ébranlé les clivages par sa modération. La suppression de Rafic Hariri bravant les extrémismes de tout genre n’est que l’aboutissement d’une stratégie désespérée. Chacune des ces morts tragiques a contribué petit à petit à construire la citadelle de l’immunité de tous les Libanais. Le peuple s’est exprimé : il s’entêtera désormais à refuser les chirurgies invasives de la séparation. Tels des frères siamois, les Libanais ont fusionné. Aujourd’hui, un nouveau Liban est né, défiant la mort, pour clamer la vie. Cet accouchement dans la douleur est un soulagement pour des milliers de mères amputées de leur fils, de pères qui ont vu tomber leur progéniture sur le champ de la bataille pour la libération, celle d’une nation qui peinait à définir ses préceptes et sa philosophie. Aujourd’hui, la vision est on ne peut plus éclatante. Chrétiens et musulmans savent désormais que chaque coup porté contre l’un d’entre eux est un coup contre l’ensemble de la nation. Pris à leur propre piège, les auteurs de ces crimes se sont avérés être leurs propres victimes. Jeanine JALKH
À toute chose malheur est bon, dit l’adage. L’assassinat d’un leader national de l’envergure de Rafic Hariri et des Libanais qui l’ont accompagné dans ce périple mortel est, certes, une perte inestimable pour la nation. Cependant, la solidarité populaire que cette tragédie a suscitée et la chaîne humaine qui s’est formée ont transcendé la détresse et défié les larmes. ...