Ryad rejette « l’acte terroriste et criminel abominable » Assad veut « déployer tous les efforts pour découvrir » les auteurs de l’attentat

Le président syrien Bachar el-Assad a affirmé hier qu’il voulait « déployer tous les efforts pour découvrir » les auteurs de l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri, dans un entretien téléphonique avec le chef de l’État, Émile Lahoud. « Il faut déployer tous les efforts et user de tous les moyens pour découvrir les auteurs de ce crime odieux et ceux qui sont derrière », a-t-il affirmé, cité par l’agence officielle syrienne Sana. « Ce crime odieux vise à porter un coup à l’unité nationale libanaise et à la paix civile » au Liban, a ajouté le président syrien, soulignant que son pays entretenait « une solide relation » avec Rafic Hariri. Plus tôt, dans un communiqué publié par Sana, il avait dénoncé « le terrible acte criminel qui a coûté la vie à des citoyens libanais, notamment à Monsieur Rafic Hariri. Le gouvernement et le peuple syriens se placent aux côtés du Liban frère dans cette situation dangereuse et adressent à la famille de M. Hariri, ainsi qu’aux familles des (autres) victimes leurs sincères condoléances », avait ajouté le président syrien. Il a en outre jugé « la situation dangereuse » et demandé « au peuple libanais de renforcer son unité nationale et de dénoncer ceux qui veulent jeter le trouble et semer la division parmi les Libanais », avait poursuivi Sana. Au même moment, le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, dénonçait quasiment dans les mêmes termes « ceux qui jettent le trouble » au Liban, appelant les Libanais « à refuser les troubles internes et les ingérences extérieures », en référence à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu. Farouk el-Chareh, qui faisait ces déclarations à la presse en compagnie de son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos, en visite à Damas. Selon le ministre syrien, « les autorités libanaises mèneront une enquête pour déterminer la partie qui est derrière cet acte ». Un acte terroriste, selon Damas Pour sa part, son collègue de l’Information, Mahdi Dakhlallah, interrogé par Reuters, a déclaré que la Syrie considère cela comme « un acte de terrorisme, un crime visant à déstabiliser le Liban. La Syrie exprime son soutien et son appui au Liban », a-t-il ajouté, évoquant « un jour sombre » pour les deux pays et le monde arabe dans son ensemble. Le ministre syrien a replacé cet attentat dans le cadre des « intenses pressions internationales sur le Liban et la Syrie, qui visent à concrétiser les objectifs d’Israël dans la région ». À Ryad, le gouvernement saoudien a condamné l’attentat et réaffirmé le rejet par le royaume de « tels actes terroristes ». « Le Conseil des ministres a exprimé la condamnation, par le royaume, de l’explosion criminelle perpétrée à Beyrouth et qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre du Liban, M. Rafic Hariri, et à certains de ses compagnons, et qui a fait également des blessés », rapporte l’agence officielle Spa. Le gouvernement, réuni en séance hebdomadaire sous la présidence du prince héritier Abdallah ben Abdel Aziz, a présenté « les sincères condoléances du royaume à la famille du défunt et au peuple libanais », et a réaffirmé « le rejet total de tels actes terroristes visant des innocents et destinés à propager le chaos et la destruction ». Quant au chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud el-Fayçal, il a vivement déploré l’assassinat de l’ancien Premier ministre dans une déclaration à l’AFP. « Pour le royaume et pour moi-même, Rafic Hariri était un ami cher. Il était sincère dans toutes ses positions et fidèle à ses amis », a-t-il dit, condamnant « l’acte criminel abominable » qui a coûté la vie au maître de Koraytem. Téhéran accuse Israël À Téhéran, l’Iran a soupçonné Israël d’être derrière l’attentat. « Une organisation terroriste, telle que le régime sioniste, a la capacité d’une telle opération, dont l’objectif est de porter atteinte à l’unité du Liban », a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, cité par les agences Irna et Isna. La République islamique « condamne avec vigueur l’action terroriste (...) qui a coûté la vie à Rafic Hariri », avait-il affirmé dans sa première réaction. Il avait appelé les Libanais « à faire preuve de retenue et de vigilance (...) afin d’empêcher que le régime sioniste ne mène à bien ses projets sinistres et expansionnistes dans la région ». Au Caire, l’Égypte a déploré la mort de Rafic Hariri, qualifiant l’attentat d’« acte criminel terrifiant ». « La République arabe d’Égypte exprime son profond regret après l’acte criminel terrifiant qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à plusieurs personnes qui l’accompagnaient », a indiqué un communiqué de la présidence égyptienne. « La présidence de la République espère que cet acte criminel ne portera pas atteinte à la sécurité et à la stabilité du Liban, et n’affectera pas son unité et son homogénéité nationales », poursuit le texte. Le roi Abdallah II de Jordanie a lui aussi « condamné fermement » l’attentat « lâche et criminel » qui a coûté la vie à « un homme d’État qui a œuvré pour l’établissement d’un Liban moderne et d’une économie nationale », a indiqué le palais royal. Enfin, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a dénoncé le « dangereux acte terroriste » qui a coûté la vie à Rafic Hariri, et a mis en garde contre ses graves retombées sur le Liban. « Nous implorons Dieu de garder le Liban des graves retombées que pourrait avoir ce dangereux acte terroriste », a-t-il déclaré, exprimant sa « profonde tristesse et sa douleur pour la mort d’une grande personnalité arabe et d’une personnalité libanaise et internationale exceptionnelle. J’espère que nous contribuerons tous (après cet acte) à préserver la paix et la sécurité au Liban », a-t-il affirmé.