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Détenus en Syrie - Deux Libanais relaxés dans le cadre de la libération d’un groupe de prisonniers politiques Une fois de plus, le pouvoir face à ses contradictions

Les dernières quarante-huit heures ont démontré d’une manière presque caricaturale comment le pouvoir gère, depuis des années, le dossier des détenus libanais en Syrie. Ainsi, moins de vingt-quatre heures à peine après une déclaration du ministre de la Justice, Adnane Addoum, qui a repris son leitmotiv favori, vendredi soir à Télé-Liban, affirmant que « ce dossier est clos », les autorités syriennes ont libéré samedi cinquante-cinq détenus politiques, dont deux Libanais, selon l’Association des droits de l’homme en Syrie (ADHS). Mieux encore, M. Addoum a affirmé hier à L’Orient-Le Jour que « l’information ne provenait pas d’une source officielle syrienne, qu’elle n’a parue que dans le quotidien an-Nahar, et qu’elle n’est donc pas une réalité, jusqu’à ce qu’il y ait des preuves ». « Attendons de voir ce qui se produira dans les prochaines 48 heures », a-t-il dit. « 55 détenus politiques ont été transférés de la prison de Saydnaya à une branche de la sécurité militaire, la section de Palestine, où ils ont été libérés », a indiqué un communiqué de l’ADHS. À l’origine, le nombre de détenus libérés s’élevait à 57, mais selon le vice-président de l’association, Sélim Kheir Bey, deux d’entre eux, dont l’identité n’a pas été révélée, sont retournés en prison. Quant aux 55 autres, dans leur grande majorité des salafistes, il n’est pas totalement sûr qu’ils aient tous été libérés. Certains seraient encore retenus dans des branches de la sécurité militaire, a-t-il précisé. Parmi les personnes libérées figurent « deux Libanais, un Irakien, un Tunisien et cinq Palestiniens », a indiqué l’organisation qui fournit les noms de 46 d’entre elles. Mais seul l’un des deux détenus libanais relaxés a été identifié, par le biais d’un de ses codétenus syriens. Il s’agit de Samir Mikhaël, un nom qui ne figure sur aucune des listes des personnes présumées détenues en Syrie rédigées par les associations libanaises concernées. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des personnes qui ne figuraient pas sur les listes établies sont relaxées, ce qui laisse toujours à penser que ces listes sont incomplètes et qu’il y aurait beaucoup plus de détenus dans les geôles syriennes qu’on ne le pense en fait. Quoi qu’il en soit, on est toujours sans nouvelles, jusqu’à présent, des deux détenus. Dans un communiqué, l’association Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil) a rappelé hier que « lorsque les autorités syriennes ont libéré 46 détenus libanais le 12 décembre 2000, les autorités libanaises se sont empressées de déclarer que le dossier des Libanais capturés par la Syrie sur le territoire libanais et transférés dans les prisons syriennes était clos. Mais les informations présentées par les parents des détenus et des disparus à la commission d’écoute, présidée par le ministre Fouad el-Saad, puis par le ministre Michel Moussa, contredisaient totalement la version officielle. Et c’est peut-être pour cela que le rapport officiel de cette commission ministérielle n’a jusqu’à présent pas été rendu public ». « Les médias ont fait état de la libération à Damas de 55 détenus politiques, parmi lesquels deux Libanais, dont l’un a été identifié comme étant Samir Mikhaël. Cette information réfute une fois de plus, et d’une manière flagrante, toutes les thèses officielles libanaises et syriennes qui prétendent, à tort, qu’il n’y a plus de Libanais détenus illégalement dans les prisons syriennes », a poursuivi Solide, en allusion aux déclarations répétitives, au fil des années, de M. Addoum et d’autres responsables libanais et syriens. « Solide tient à préciser qu’il est désormais à la fois honteux et humiliant de poursuivre cette politique officielle qui n’est ni minutieuse ni transparente. C’est comme si le but recherché était d’étouffer les vérités et de créer un climat de confusion chez les gens, et chez les parents de détenus tout particulièrement. Les rapports se font via des fuites, à travers les médias et sources non officielles. L’identité du détenu est inconnue et son sort aussi », a poursuivi l’association. Notant ainsi que les récentes informations émanent d’une association syrienne de droits de l’homme, que l’information publiée ne comporte pas le nom d’un des deux Libanais libérés, qu’aucune assurance officielle n’est venue confirmer la libération de ces deux Libanais, et que les autorités officielles libanaises et syriennes n’ont rien fait, jusqu’à présent, pour dissiper le brouillard. Et Solide de rappeler que la disparition forcée est un crime imprescriptible, et que les autorités libanaises et syriennes assument toutes deux la responsabilité de tels crimes, qu’elles ont soit commis, soit couvert.

Les dernières quarante-huit heures ont démontré d’une manière presque caricaturale comment le pouvoir gère, depuis des années, le dossier des détenus libanais en Syrie. Ainsi, moins de vingt-quatre heures à peine après une déclaration du ministre de la Justice, Adnane Addoum, qui a repris son leitmotiv favori, vendredi soir à Télé-Liban, affirmant que « ce dossier est clos »,...