Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Les «Métamorphoses» de Mario Giacomelli à la BnF(photo)

Justice est rendue à l’immense photographe italien Mario Giacomelli (1925-2000), peu connu en France, qui se voit consacrer une magnifique exposition, « Métamorphoses », à la Bibliothèque nationale de France. Jusqu’au 30 avril, la BnF de la rue de Richelieu (Paris IIe) sera en effet hantée de ces jeux de contrastes puissants en noir et blanc que déclina sur différents thèmes l’ancien imprimeur et peintre de la région des Marches. «Métamorphoses»: le terme sied bien à ce poète de la photographie, qui, tout en ciblant ses sujets et en affirmant clairement sa recherche d’équilibre entre ombres et lumières, nous laisse divaguer et interpréter ses formes. Des fameux séminaristes – ses photographies les plus connues – qui s’ébrouent en rondes dans la neige –, on peut louer le propos humain, drolatique, mais aussi y voir des évocations de corneilles battant de leurs ailes en forme de capes. Dans les paysages de Mario Giacomelli, certains verront dans les sillons des labours des empreintes digitales magnifiées, des tissages primitifs où les fonds font formes et inversement. Où est le négatif, où est le positif? Présenté en quatre étapes – la métamorphose du réel, une esthétique de l’équivalence, théâtres de l’imaginaire, le dévoilement d’un monde –, le parcours s’inspire plus de rapprochements visuels que d’un ordre chronologique. On y voit, pris en contreplongée, des dizaines de brancards de malades alignés à Lourdes voisinant avec des photos de grands rectangles noirs: fosses creusées dans la terre? Fenêtres obscures dans une façade immaculée? Qui sait? Proche univers Plus loin, des coupes de troncs d’arbres dessinent des figures. Ont-elles un rapport avec ces petites vieilles au visage parcheminé, placées tout près ? Anne Biroleau, commissaire de l’exposition et conservateur en chef au département des estampes et de la photographie, laisse notre imagination courir, comme courait celle de Mario Giacomelli, à partir de l’exploration de son proche univers, banal et confiné. Un peu comme si, dans l’obscurité de sa chambre, l’enfant voyait d’étranges et invraisemblables formes se dégager de son environnement, ou encore cherchait le lapin caché dans l’arbre, ou le profil d’un monstre dans le nuage. Métamorphoses et transfigurations surgissent des 165 photographies aux noirs saturés et tranchants, aux blancs brûlés et opaques. Manipulation en laboratoire, hasards maîtrisés de la chimie, mise en scène, torsion des distances et des perspectives, superposition de négatifs, Mario Giacomelli était un alchimiste de l’image. Car, disait-il, «je veux rentrer dans les choses. Je crois à l’abstraction dans la mesure où elle me permet de m’approcher un peu plus du réel».

Justice est rendue à l’immense photographe italien Mario Giacomelli (1925-2000), peu connu en France, qui se voit consacrer une magnifique exposition, « Métamorphoses », à la Bibliothèque nationale de France.
Jusqu’au 30 avril, la BnF de la rue de Richelieu (Paris IIe) sera en effet hantée de ces jeux de contrastes puissants en noir et blanc que déclina sur différents thèmes...