Social - Un document électronique qui regroupe les lois des tribunaux religieux des 19 communautés du pays Le Pnud lance un CD-Rom pour aider les femmes à défendre leurs droits

Aider les femmes pour qu’elles soient conscientes de leurs droits, notamment en cas de divorce. Les soutenir pour qu’elles aient le choix. Un CD-Rom vient d’être lancé afin de familiariser les femmes, qui demandent de l’assistance, avec les textes de la loi. Le projet est signé de l’Union européenne et du Pnud et devrait toucher, à moyen terme, tous les pays du monde arabe. Pour le moment, ce CD-Rom, dont les versions diffèrent selon les pays, s’adressera aux femmes libanaises, égyptiennes et tunisiennes. Pour la collecte des informations juridiques au Liban, l’UE et le Programme des technologies de l’information et de la communication pour le développement dans le monde arabe (Ictidar), relevant du Pnud, ont coopéré avec le Conseil libanais pour la lutte contre la violence envers les femmes. Dans ce CD-Rom spécial Liban, les lois concernant la répudiation, le divorce ou l’annulation du mariage ainsi que la garde des enfants et les pensions alimentaires sont déclinées selon les 19 communautés religieuses reconnues dans le pays. Ce sont les avocates du Conseil libanais pour la lutte contre la violence envers les femmes qui ont rassemblé et expliqué les textes de loi. Une partie du CD-Rom a été consacrée aux questions le plus fréquemment soulevées par les femmes en ce qui concerne le divorce. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, Zeina Ali Ahmad, conseillère auprès du Pnud, a expliqué que « le CD-Rom sera distribué dans 45 centres du pays ». « Ces centres existent depuis longtemps sous forme de dispensaire ou de cellule d’accueil. Au moins une assistante sociale y travaille. C’est elle qui sera en charge de porter secours aux femmes qui viennent demander de l’aide », ajoute-t-elle. Mais y a-t-il beaucoup de femmes qui demandent de l’aide ou qui se tournent vers les centres d’accueil en cas de divorce ou de maltraitance ? « Ce CD-Rom formera déjà les assistantes sociales pour qu’elles puissent aider celles qui posent des questions. Certes, il y a beaucoup de femmes qui n’osent pas en parler, mais d’autres veulent connaître leurs droits », relève Mme Ali Ahmad, ajoutant que « ce CD-Rom rendra service aussi bien aux femmes défavorisées qu’aux femmes éduquées et nanties ». « Même si elles ont suivi d’importantes études universitaires, beaucoup ne connaissent pas les lois en vigueur, notamment en ce qui concerne les lois communautaires qui régissent les mariages », ajoute-t-elle. Le CD-Rom a été gracieusement assuré par Microsoft, et les assistantes sociales dans 45 centres, dépendant d’ONG libanaises, seront formées à l’informatique pour pouvoir manier les données. Dans un an, le projet sera doté d’un deuxième volet, relatif à l’informatisation des jugements émis par les tribunaux religieux relatifs aux statuts personnels. Venue au Liban spécialement pour l’occasion, Najat Rushdi, directrice régionale pour le Programme des technologies de l’information et de la communication pour le développement dans le monde arabe, a, de son côté, indiqué que le CD-Rom libanais est le plus riche parmi les trois déjà achevés, expliquant que « le Liban, avec ses 19 communautés religieuses, constitue un exemple unique dans le monde arabe ». Concernant les CD-Rom couvrant les lois en Tunisie et en Égypte, et qui seront prochainement lancés, Mme Rushdi indique qu’en « Tunisie, où les mariages sont régis par des lois laïques, le CD-Rom sera distribué dans 40 centres. L’Égypte, où les avocates ont travaillé sur la loi sunnite et copte, le document électronique sera disponible dans un premier temps dans 500 centres. Et ce chiffre devrait augmenter dans les mois à venir ». « Le Yémen devrait être touché, au cours d’une deuxième étape, par le programme », ajoute-t-elle. À la question de savoir si ce CD-Rom, dont le coût frise le million de dollars, changera les mœurs du monde arabe, Mme Rushdi indique que « l’important est de mettre les informations à la disposition de celles qui pourraient se poser des questions ». « De plus, si les hommes savent que leurs épouses qu’ils comptent répudier, ou qu’ils maltraitent, sont au courant de la loi, ils changeront de comportement », conclut-elle. Il faut donc attendre un certain laps de temps pour que le peu de droits dont les femmes bénéficient, dans toutes les communautés religieuses, soient respectés... Patricia KHODER