Rechercher
Rechercher

Actualités

ÉCLAIRAGE Avec une 1559 de plus en plus omniprésente... Le « merci, ça suffit » de Mahmoud Abbas : un coup à la raison d’être de la branche militaire du Hezbollah

On serait tenté de dire qu’il ne s’agit « que » de Mahmoud Abbas, de l’Autorité palestinienne, du Fateh. Que cela ne concerne en rien le populaire (du moins dans la bande de Gaza) Hamas, ou le Jihad islamique, ou les Brigades d’al-Aqsa – surtout que des responsables au sein de ce dernier groupuscule n’hésitent pas à rappeler que la résistance palestinienne « est capable de mener seule sa lutte et de se soutenir elle-même ». Sauf que Mahmoud Abbas a été élu à plus de 60 % des voix ; que la rencontre de Charm el-Cheikh, il y a deux jours, entre le président palestinien et le Premier ministre israélien a conforté beaucoup d’espoirs ; que de plus en plus de Palestiniens – et d’Israéliens, d’ailleurs – appellent à la paix et à un règlement juste et viable pour tout le monde... Ce qui fait que le message adressé hier par l’Autorité palestinienne au Hezbollah et, au-delà, à la Syrie et à l’Iran ; cette demande, même encore mezzo voce, faite au parti de Dieu pour qu’il cesse de financer les attaques anti-israéliennes « dans le but de torpiller la trêve », tout cela revêt un poids et une importance tout nouveaux et assez exceptionnels dans les contextes local et régional actuels. Présent depuis lundi soir à Beyrouth, l’ancien ministre Abdel-Fattah Hmayel, mandaté par Mahmoud Abbas, a été reçu successivement par Émile Lahoud et Omar Karamé, à qui il a assurément dû transmettre le message : « Il faut donner une chance à l’application du cessez-le feu ; il faut que le Hezbollah cesse de financer les groupes armés palestiniens pour voir ce qui va se passer ; Abou Mazen essayera de les convaincre que ce qu’ils font n’est pas bénéfique... » Voilà en gros ce que des sources politiques et sécuritaires à Ramallah ont indiqué, certes sous le couvert de l’anonymat ; certains d’entre eux accusant même le mouvement de Hassan Nasrallah, chiffres à l’appui, de « chercher à saboter les efforts de paix palestino-israéliens » (lire par ailleurs). Indépendamment du fait qu’il y a de nouveau quelque chose qui bouge dans le bon sens au P-O ; indépendamment du succès, pour l’instant, de la rencontre de Charm el-Cheikh et de la visite tout sourire de la très dame de fer Condoleezza Rice à Mahmoud Abbas, ce « merci, ça suffit, mêlez-vous de vos affaires », gentiment asséné au Hezbollah, vient sérieusement ébranler la raison d’être (surtout depuis l’an 2000) de la branche militaire du mouvement chiite. Surtout qu’il a été formulé par ceux-là mêmes qui servaient de prétexte aux débordements extraterritoriaux du Hezb. Sans compter, en outre, que l’option politique et diplomatique dans le combat en faveur de la récupération des fermes de Chebaa est de plus en plus à l’ordre du jour ; et encore faut-il, comme l’évoque régulièrement, entre autres, Walid Joumblatt, prouver la libanité des hameaux et d’insister sur le fait que le Liban-Sud ne doit pas constituer le « seul » front contre Israël. D’ailleurs, le chef du PSP a tout récemment réaffirmé qu’il soutenait le Hezbollah, mais « uniquement au Liban ». Le parti de Dieu ne s’y est d’ailleurs pas trompé, en assurant très vite hier qu’il n’est pas au courant de l’envoi d’un émissaire palestinien. Un haut conseiller palestinien, Jibril Rajjoub, a affirmé quant à lui que des responsables libanais (qu’il n’a pas nommés) lui avaient assuré lors de récentes discussions à Beyrouth que le Hezbollah ne torpillerait pas les initiatives prises par l’Autorité palestinienne. Il reste que ce message de l’Autorité va certainement modifier la cartographie des rapports entre le Hezbollah et les Palestiniens, et vient, volontairement ou pas, ajouter de grosses quantités d’eau au moulin de la communauté internationale, au moment où la résolution 1559 de l’Onu est sur toutes les lèvres, un peu plus mûre et omniprésente chaque jour. La Syrie et, naturellement, l’Iran ne sortent pas eux non plus indemnes de tout cela, d’autant que Nabil Chaath ne s’est pas privé de faire allusion, mardi dernier, au rôle de Damas, et à son soutien au Hezb et aux groupes armés palestiniens : soulignant que l’arrêt des combats avec Israël était, de la part de l’Autorité, un « engagement national », le chef de la diplomatie palestinienne a mis en garde les groupes radicaux contre toute violation de la trêve, précisant qu’il ferait immédiatement parvenir le message à la Syrie. Sans oublier les escales européennes de son homologue américaine, qui a menacé la Syrie d’isolement si la 1559 n’était pas appliquée. Drôle de timing (même s’il est un peu fonction de Charm el-Cheikh) que celui choisi par Mahmoud Abbas pour signifier à la formation chiite qu’elle doit cesser de s’occuper des affaires palestiniennes. Il n’en reste pas moins que la réponse de Hassan Nasrallah ne s’est pas fait attendre : « Nous combattrons jusqu’au bout. Nous ne nous mettrons pas à genoux, notre choix est la résistance, nous ne l’abandonnerons jamais. » Ziyad MAKHOUL


On serait tenté de dire qu’il ne s’agit « que » de Mahmoud Abbas, de l’Autorité palestinienne, du Fateh. Que cela ne concerne en rien le populaire (du moins dans la bande de Gaza) Hamas, ou le Jihad islamique, ou les Brigades d’al-Aqsa – surtout que des responsables au sein de ce dernier groupuscule n’hésitent pas à rappeler que la résistance palestinienne « est capable de...