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SEPTIÈME ART Cinéma et mondialisation

Le cinéma étant aussi et «par ailleurs une industrie» (dixit Malraux) ne pouvait échapper au mouvement général de la mondialisation. D’autant que le septième art se veut – et il l’est souvent – un reflet des préoccupations de notre époque et des cultures les plus différentes. Lieux communs, certes, mais évidences indéniables. En matière de cinéma, la mondialisation s’effectue à deux niveaux. Disons, pour simplifier : la fabrication et la diffusion. Dans les deux cas, les États-Unis – où l’industrie cinématographique, très importante, est puissamment structurée – jouent un rôle de leader incontestable (même si parfois contesté). Le reste du monde suit – ou subit – en s’adaptant et en essayant de préserver un espace maximum de liberté (voir, en France, «l’exception culturelle»). À Hollywood, l’exemple des «effets spéciaux» est particulièrement significatif. Jusque vers (en gros) les années 70 – l’époque de Star Wars et autres Star Trek –, s’agissant de science-fiction et de films d’action, on utilisait les trucages, depuis l’ère des pionniers, Georges Méliès en tête. Certains de ces trucages étaient fort réussis, sinon sophistiqués, impressionnants (les premiers Frankenstein et King-Kong, entre autres). Avec George Lucas et ses émules, surgirent donc les effets spéciaux. De quoi subjuguer les publics du monde entier. Même si les abus desdits effets en arrivaient à pratiquement tenir lieu de scénarios. Seuls les Japonais pouvaient rivaliser avec les Américains sur ce terrain. En réalisant, eux aussi, des films «virtuels», conçus sur ordinateurs et «joués» par des acteurs en images de synthèse! De l’industrie au commerce Passons maintenant au commerce: appellation justifiée, quand des films deviennent des produits (disons filmiques). On sait que pour Hollywood, l’exportation des films est un facteur d’une extrême importance. C’est pourquoi le réseau de distribution des films «made in USA» couvre la plus grande partie de la planète, créant ainsi une situation de monopole: il est des pays où la production nationale peine à trouver des salles pour montrer ses films. Exemple régional: il est vrai qu’au Liban sont toujours installés des bureaux de représentation des Majors. Même si on commence à avoir vaguement l’impression que le marché des pays du Golfe, en plein développement (Abu Dhabi, Dubaï, Kowait, etc.), s’adjuge progressivement une position dominante. Conséquence: les achats de films français dépendent du «bon vouloir» des distributeurs dits «indépendants». Un cas d’espèce: le film de Jean-Pierre Jeunet, Un long dimanche de fiançailles – d’ailleurs annoncé comme A Very Long Engagement! – est distribué par la Warner Bros. américaine: il faut rappeler que le film a été produit par cette société et réalisé en France même. Ceci explique cela. Pour conclure Rien d’étonnant donc que la manière de filmer «à l’américaine» influence de nombreux cinéastes français. Quelques séquences de l’Arsène Lupin de Jean-Paul Salomé peuvent en témoigner: l’élégance fluide, un brin cynique, du gentleman-cambrioleur inventé par Maurice Leblanc n’avait pas spécialement besoin d’effets pour nous séduire (avec la belle comtesse Kristin Scott-Thomas à ses côtés). Le film restant par ailleurs un spectacle tout à fait agréable. Dernier détail, en forme de retour inattendu: la mondialisation touchant désormais la viticulture, un film américain débordant de saveurs, Sideways (d’Alexander Payne), nous propose une tournée-dégustation à travers les vignobles de la Californie. Pourquoi pas – mais comment vont réagir les Français? J.-P. GOUX PELLETAN

Le cinéma étant aussi et «par ailleurs une industrie» (dixit Malraux) ne pouvait échapper au mouvement général de la mondialisation. D’autant que le septième art se veut – et il l’est souvent – un reflet des préoccupations de notre époque et des cultures les plus différentes. Lieux communs, certes, mais évidences indéniables. En matière de cinéma, la mondialisation...