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Actualités - REPORTAGE

SÉCURITÉ ROUTIÈRE - Six cents décès l’année dernière, un nouveau code de la circulation tarde à voir le jour Cri d’alarme de la YASA : une hécatombe s’annonce sur les routes libanaises en 2005 (photos)

Six cents décès sur les routes libanaises en 2004 : ce chiffre record, supérieur de 20 % à celui de l’année 2003, risque de s’envoler encore et de battre un nouveau record en 2005 si aucune mesure n’est prise par le gouvernement pour trouver des solutions concrètes au problème de la sécurité routière. Les décès sur les routes libanaises augmenteraient alors de 25 % en 2005, soit 750 victimes prévues, estime la Yasa (Association des jeunes pour l’éveil social). La solution que préconise cette association qui œuvre depuis dix ans déjà pour la sécurité routière consiste en une refonte totale de la loi sur le code de la route et l’instauration du permis à points qui permettrait de sanctionner les chauffards et les conducteurs en infraction. La loi sur le code de la route remonte à l’année 1967. Basé sur le code routier français des années cinquante, «ce code de la route a été instauré au Liban pour un parc de 60000 à 70000 voitures, alors que les routes libanaises ne dépassaient pas 2000 km de voies praticables», indique Ziad Akl, fondateur de la Yasa. Aujourd’hui, plus de 1250000 véhicules roulent officiellement sur près de 7000 km de routes, sans compter les mobylettes, dont une grande partie n’est pas enregistrée. Quant au code de la route, il n’a toujours pas été révisé. Et pourtant, les besoins se font pressants, car chaque jour apporte son lot d’accidents et de morts sur les routes libanaises. C’est après le décès, dans un accident de la route d’un étudiant, Tarek Assi, en 1994, à l’âge de 19 ans, que la Yasa a été officiellement fondée, en 1996. « Notre objectif se limitait alors à réduire les accidents de la circulation », explique Ziad Akl. L’association a donc concentré ses efforts sur six fronts différents, notamment l’amélioration des routes et de la signalisation routière, l’organisation des secours d’urgence et des opérations de sauvetage, la bonne application de la loi, l’éducation et l’éveil de la population par le biais des médias et de la société civile, mais aussi dans les programmes scolaires et universitaires, l’évaluation de la réalité sur le terrain et, finalement, l’encouragement à une meilleure application du code de la route. Permis à points Cependant, la nécessité de mettre en place un nouveau code de la route se faisait pressante. C’est en 2003 que la commission parlementaire des travaux publics a demandé à la Yasa d’élaborer un nouveau code de la route. Au terme de 14 mois de travail intensif, une équipe de juristes et d’experts de la sécurité routière de la Yasa a élaboré un projet qui a été présenté en décembre dernier au député Mohammed Kabbani, président de la commission parlementaire des travaux publics. « Un projet complet, moderne et conforme aux conventions arabes et internationales ratifiées par l’État libanais », précise Ziad Akl. Ce projet détaille non seulement le nouveau code de la route, mais il réglemente également les conditions ainsi que les différentes étapes de l’examen pour l’obtention du permis de conduire. Un examen qui sera aussi bien médical que théorique et enfin pratique. Le projet élaboré par la Yasa présente une nouveauté, le permis à points, qui prévoit des sanctions à l’égard des contrevenants. « Le conducteur en infraction se verra retirer des points selon la nature de la faute commise », indique-t-il, précisant que le nouveau code de la route répartit les infractions en 6 groupes. Au bout de 20 points, le permis de conduire sera retiré pour une période de 6 mois. Si l’infraction est répétée, la sanction sera plus lourde, et le conducteur devra présenter un nouvel examen pour récupérer son permis de conduire. En revanche, si le conducteur a un comportement idéal durant une année entière et qu’il n’accumule pas d’infractions supplémentaires, les points qu’il a acquis précédemment seront annulés. Certes, un nouveau code de la route n’est qu’une partie de la solution aux accidents de la circulation. « Il est impératif que l’élaboration d’un code moderne soit accompagnée de mesures d’applications strictes, comme la mise en place de radars, l’installation de contrôles réguliers de vérification du port de la ceinture et de vérification du taux d’alcoolémie des conducteurs par les alcootests », poursuit M. Akl, déplorant qu’à l’heure actuelle, qu’aucune mesure ne soit prise par la police routière pour la sécurité des automobilistes. « Par ailleurs, poursuit-il, les voitures usagées importées doivent répondre à des normes strictes de sécurité. Il devient, de plus, urgent de régulariser la profession d’instructeur de conduite, car n’importe qui ne peut pas s’improviser instructeur ». Un rêve, le nouveau projet de code de la route ? Peut-être, observe Ziad Akl. Mais il est grand temps, vu la recrudescence des accidents, que le gouvernement prenne conscience de l’urgence de la modernisation du code de la circulation, et qu’il se décide enfin à donner la priorité à la sécurité routière. Anne-Marie EL-HAGE La Yasa, déjà dix ans au service de la prévention des traumatismes La Yasa est une organisation non gouvernementale œuvrant à la prévention des traumatismes, à travers l’éducation et le lobbying. Elle présente aussi une assistance sociale aux victimes des accidents de la route. Depuis 1994, elle a organisé ou pris part à quatre conférences nationales pour la sécurité routière, sous le patronage du président de la République, ainsi qu’à 35 conférences internationales pour la prévention des traumatismes et à 1500 conférences dans des établissements éducatifs. La Yasa a été au centre de 2700 couvertures à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite. Elle a effectué plus de 25 campagnes médiatiques de prévention et distribué environ 4 millions de brochures et de posters. Depuis mars 1999, elle a contribué à la sensibilisation de plus de 100000 recrues du service militaire. La Yasa a également lancé une campagne pour améliorer les relations entre la police et les citoyens. Elle œuvre par ailleurs à sensibiliser le public libanais, de manière générale, sur les dangers des accidents de toute nature. La Yasa organise des opérations de sauvetage et des campagnes de sensibilisation, en collaboration avec la Croix-Rouge libanaise, les pompiers et la défense civile. Par le biais du « Jardin de la sécurité routière» qu’elle a aménagé, elle sensibilise les écoliers de tous âges. L’association a par ailleurs lancé un programme d’éducation à l’intention des conducteurs et établi un partenariat avec le Comité libanais pour la prévention des incendies, ainsi que la Fondation pour les recherches scientifiques. En 2001, la Yasa a étendu ses activités à plusieurs pays du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique du Nord. En 2002, elle a lancé une campagne pour améliorer la sécurité dans les zones de construction. En novembre 2002, elle a gagné le certificat « best practice », délivré conjointement par les Nations unies et la municipalité de Dubaï, pour ses efforts en vue d’améliorer les conditions de la vie humaine.

Six cents décès sur les routes libanaises en 2004 : ce chiffre record, supérieur de 20 % à celui de l’année 2003, risque de s’envoler encore et de battre un nouveau record en 2005 si aucune mesure n’est prise par le gouvernement pour trouver des solutions concrètes au problème de la sécurité routière. Les décès sur les routes libanaises augmenteraient alors de 25 % en 2005,...