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Actualités - interview

Report du procès de l’ancien Premier ministre au 5 mai prochain Aoun à « L’Orient-Le Jour » : « Le pouvoir veut m’empêcher de retourner avant les élections »

S’il restait encore quelques doutes sur les intentions du pouvoir vis-à-vis de l’ancien Premier ministre, Michel Aoun, il semble qu’ils aient été définitivement dissipés hier : la convocation devant la justice du général a été reportée au 5 mai prochain, c’est-à-dire après les élections législatives. Entre-temps, le mandat d’arrêt contre le général court toujours et il y a fort à parier que le ministre de la Justice, qui s’est récemment découvert un attachement tout particulier aux procédures judiciaires, n’hésitera pas à réclamer l’arrestation de l’ancien chef du gouvernement s’il vient à fouler le sol libanais. Le procès a techniquement été reporté parce que la justice n’a pas reçu les documents relatifs à la convocation du général Aoun, qui avaient été envoyés à l’ambassade du Liban à Paris par l’entremise des ministères libanais de la Justice et des Affaires étrangères afin qu’ils lui soient remis. Mais pour l’ancien Premier ministre, cette histoire de procédure ne tient pas debout, et le procès est politique par excellence. Interrogé par L’Orient-Le Jour, il assure ainsi que le renvoi de la séance au 5 mai vise à « maintenir le dossier judiciaire fictif en suspens ». « Le pouvoir veut m’empêcher de retourner avant les élections », a-t-il indiqué. Notant par ailleurs, devant les caméras de la LBCI, qu’il ne s’est jamais fait d’illusions quant aux intentions du pouvoir et quant aux propos mielleux exprimés par plus d’un ministre : « Les propositions mensongères ne concernent que ceux qui les croient. Je n’y ai pas cru. Peut-être le pouvoir s’attendait-il à recevoir quelque chose en contrepartie... » Quoi qu’il en soit, Michel Aoun en a ras-le-bol du marchandage auquel le pouvoir croit pouvoir se livrer autour de son retour au Liban et il le manifeste ouvertement. Ainsi, le communiqué final du séminaire du courant aouniste, qui s’est tenu à Paris le week-end dernier, indique que « le retour du général Aoun, des ministres Issam Abou Jamra et Edgar Maalouf et de leurs compagnons militaires et civils constitue une situation de fait, qui n’est pas liée à des conditions, des compromis ou des bazars. Il s’agit d’un droit naturel que nul ne peut exploiter. C’est au général Aoun et à son courant de décider quand et dans quelles circonstances il doit effectuer son retour. Il n’y aura aucun compromis entre le retour et les droits moraux et matériels du général, tout comme il n’y aura aucune possibilité de bazar politique. Ce retour entrera dans le cadre de l’application de la décision visant à rétablir l’indépendance, la liberté et la souveraineté du Liban, et c’est bien ce qui se produira ». Mieux encore, l’ancien Premier ministre a affirmé qu’il est sur le point de saisir le Tribunal pénal international (TPI) pour dénoncer toute la campagne qui a été orchestrée contre lui depuis le 13 octobre 1990. Cette plainte, qui est actuellement étudiée par des avocats, consistera en un dossier complet sur toutes les exactions commises par le pouvoir libanais contre le général Aoun depuis quinze ans. À la question de savoir s’il rentrera quand même avant les élections, le général a répondu que son retour se fera d’« une manière qui n’est pas classique ». S’en prenant « aux propos menaçants et outranciers vis-à-vis des Libanais » de MM. Omar Karamé et Sleimane Frangié – « le cabinet fait de grosses erreurs », a-t-il dit –, Michel Aoun a estimé qu’il y aura des changements importants d’ici aux élections et que son retour interviendra à cette occasion. « Je crains que la Syrie n’ait choisi l’option de la confrontation, au sujet de la 1559, et qu’elle n’utilise certains Libanais comme paravent pour cette bataille », a-t-il dit au sujet du meeting de Aïn el-Tiné. L’unité de l’opposition avant tout Par ailleurs, aussi bien le général Aoun que le communiqué final du CPL ont démenti les informations au sujet des candidatures, estimant que l’unité de l’opposition – « une unité réelle sur des principes et un programme national, dépassant les contingences électorales » – était la priorité, et que les noms de la plupart des candidats aounistes, qui ont déjà été désignés, ne seront rendus publics qu’après que toutes les tractations et les discussions aient été menées avec les différentes forces de l’opposition. « Nous devons tous faire des sacrifices pour former des listes d’opposition. Nous sommes prêts à établir un dialogue positif avec toutes les composantes de l’opposition et nous sommes prêts à faire des sacrifices », a-t-il indiqué. Il s’est contenté d’annoncer deux candidatures : celle de Sélim Aoun (maronite) à Zahlé et celle de Ibrahim Kanaan (maronite) au Metn. De son côté, le CPL a précisé que « seul le général Aoun sera habilité à nommer officiellement les candidats du courant ». Dans ce cadre, il convient de noter que le communiqué final du congrès aouniste a dénoncé « le chantage exercé actuellement par le pouvoir au niveau de la loi électorale déformée et du découpage arbitraire des circonscriptions », appelant « toutes les forces vives de l’opposition à se mettre d’accord sur les moyens de faire face à ce style ». Il a enfin plaidé en faveur du droit des émigrés à voter. L’unité de l’opposition plurielle a d’ailleurs fait l’objet d’un entretien hier à Paris entre le PDG d’an-Nahar, Gebrane Tuéni, et Michel Aoun. Une rencontre que le général a qualifiée de « très positive », et qui aurait porté notamment sur la mise en place d’un mécanisme de dialogue entre Kornet Chehwane, le courant aouniste et les autres formations de l’opposition plurielle. Le général Aoun a décidé, dans ce cadre, d’appuyer la candidature de M. Tuéni à Beyrouth. Michel HAJJI GEORGIOU
S’il restait encore quelques doutes sur les intentions du pouvoir vis-à-vis de l’ancien Premier ministre, Michel Aoun, il semble qu’ils aient été définitivement dissipés hier : la convocation devant la justice du général a été reportée au 5 mai prochain, c’est-à-dire après les élections législatives. Entre-temps, le mandat d’arrêt contre le général court toujours et il...