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Actualités - CHRONOLOGIE

Parlement - La Chambre a procédé à l’élection des membres manquants au sein du Conseil constitutionnel et du CNA Malgré la victoire des candidats du pouvoir, l’opposition marque des points dans une ambiance d’extrême nervosité(photos)

« Le débat s’est transformé en une confrontation nationale à connotation confessionnelle. Il est désolant de voir que cela se passe au sein du Parlement, et que cela dynamite les us et les coutumes. Est-ce que ceux qui voteront en faveur du caza seraient coupables de confessionnalisme ? » s’est demandé, au cours de la séance plénière d’hier, le député Boutros Harb, à l’adresse notamment de Nabih Berry qui a tenu à lui rappeler qu’il était, lui, en faveur de la proportionnelle. « Je perdrai ainsi cinq députés, mais au moins c’est le Liban qui gagnera », a dit le président de la Chambre, sans que l’on sache à qui ses reproches sont destinés : à l’opposition ou bien au pouvoir et à son tuteur syrien – un pouvoir dont il est, malgré les divergences à propos du caza, l’un des incontournables piliers... Bien plus que le fond, c’est la forme de la séance et le climat qui a prévalu hier place de l’Étoile que l’on retiendra. Et le constat affligé de Boutros Harb – qui a conclu un échange ultranerveux entre Nabih Berry et Bassem Sabeh –, indépendamment de son contenu, a parfaitement résumé l’état des lieux, prévu certes par tous depuis quelques jours. Désormais, entre opposants et loyalistes, c’est la guerre à outrance ; toutes les occasions (élection d’une partie des membres du Conseil constitutionnel et du CNA, par exemple), tous les moyens sont bons, que l’on veuille, comme les seconds, que le statu quo perdure, dans tout ce qu’il a de plus létal pour le pays, ou que l’on veuille, comme les premiers, faire en sorte que les choses changent, que le Liban recouvre sa souveraineté, son indépendance, sa libre décision, et qu’il devienne un véritable État de droit. « Je félicite la troïka du Conseil constitutionnel », a ironisé Bassem Sabeh. Certes, les candidats du pouvoir ont réussi à se faire élire, mais, fait significatif et inédit, ceux appuyés par l’opposition ont récolté 50 voix. « Le pouvoir a mobilisé tous ses services, toute son énergie, pour politiser ses élections et les utiliser dans ses intérêts. Et malgré cela, les candidats que nous appuyions, Sélim Sleimane entre autres, ont réussi à engranger 50 voix. C’est un signal très clair : l’opposition se renforce », confirme Salah Honein, interrogé par « L’Orient-Le Jour », qui évoque également les résultats de l’élection au sein du CNA, qui sont loin de correspondre entièrement aux attentes du pouvoir, qui misait entre autres sur Walid Raad. « Mais il est tout de même aberrant que le pouvoir, au lieu de permettre l’élection d’un Conseil constitutionnel qui le protégerait de ses propres erreurs et qui garantirait l’intérêt des citoyens, ait mené une campagne effrénée en faveur d’un Conseil ait son entier service. Comme si Terjé Roed-Larsen n’allait pas prendre en compte tous ces paramètres », a déploré le député de Baabda, membre de Kornet Chehwane et du bloc Joumblatt. Quoi qu’il en soit, et malgré l’extrême nervosité ambiante, la séance d’hier n’est finalement qu’un pâle brouillon de ce qui attend les Libanais dans les semaines et les mois à venir. Parce que, encore une fois, des résultats des législatives printanières dépend réellement l’avenir du Liban. Sachant notamment qu’il suffit que l’opposition dispose d’une cinquantaine de sièges dans le prochain hémicycle pour que le nécessaire et salutaire pouvoir de substitution puisse commencer à poindre le bout de son nez. Ziyad MAKHOUL Dès l’ouverture de la session consacrée à l’élection des membres du Conseil constitutionnel (CC) et du Conseil national de l’audiovisuel (CNA) dont le choix revient à la Chambre, Bassem Sabeh a donné le la. « On nous a distribué les listes des différents candidats comme si le premier nom de chacune d’elles allait être celui du vainqueur : la Chambre, qui termine son mandat, ne devrait pas tomber dans ce piège politique », a dit le député membre du bloc Joumblatt, soulignant, concernant l’élection des trois membres du CC, qu’il était « honteux » que le Parlement « se cache derrière des répartitions confessionnelles. Il y a la liste sunnite, la liste chiite, la liste maronite, c’est illégal, d’autant que le Conseil constitutionnel est en ruine depuis de longs mois, et nous savons pertinemment de quoi sont capables les services de renseignements », a-t-il souligné. Tout en affirmant que la Chambre aurait dû voter d’abord pour son quota de membres du CNA avant que le gouvernement ne désigne les leurs. « Que Dieu te pardonne, et si tu veux, qu’il ne te pardonne pas... Je t’ai beaucoup entendu... », a rétorqué Nabih Berry à l’adresse de Bassem Sabeh, qui a essayé de prendre la parole. « Ne joue pas avec moi au Mirabeau, et si tu veux jouer au Mirabeau, fais-le contre les gouvernements. » Sabeh : « Pauvre de moi... » Ali Hassan Khalil : « Il faudrait tout de même qu’il y ait un peu de respect à l’égard de cette séance, et je voudrais que l’on me laisse parler. » Le président de la Chambre a continué à l’attention du député de Baabda : « Tu essaies d’influencer le cours de ces élections. Le bureau de la Chambre s’est réuni, et j’ai demandé qu’un CV complet de chaque candidat soit présenté, afin que l’on ne dise pas que la Chambre penche en faveur de tel ou tel candidat », a-t-il dit, tentant de prouver à Bassem Sabeh que sa théorie sur le « premier nom, nom vainqueur » est infondée, puisque, sur la liste maronite, « Nasri Lahoud occupe l’avant-dernière place ». « Pourquoi tout ce remue-ménage ? Pourquoi cette ambiance ? Quel député serait influencé par un nom avant l’autre ? Et oui, les listes sont confessionnelles ; vous êtes sur le point de voter pour des fonctionnaires de première catégorie, et vous savez qu’il faut qu’il y ait un équilibre entre les communautés », a poursuivi Nabih Berry avant de se déchaîner contre Bassem Sabeh et son anticonfessionnalisme : « Si seulement on élisait deux ou trois personnes d’une même communauté, si seulement on abolissait le confessionnalisme, à commencer par le caza comme base de la loi électorale. Ce caza va vous mener à encore plus de confessionnalisme ; et que l’on s’oppose au caza avant de parler de déconfessionnalisation », a-t-il dit. Et juste avant de procéder au vote, le n° 2 de l’État a rappelé qu’il fallait trois membres issus de trois communautés différentes, ce qui a provoqué un tollé chez les députés, notamment ceux des blocs Joumblatt et Hariri. « La répartition confessionnelle est inadmissible, et je refuse de voter en ce sens », a surenchéri Bassem Sabeh, s’attirant une réplique en règle du ministre de l’Informatin, Élie Ferzli, qui a accusé ceux qui appellent à l’abolition du confessionnalisme d’être encore plus confessionnels que les autres. « Respecter la répartition confessionnelle, c’est l’essence du patriotisme », a-t-il soutenu. Et c’est à ce moment-là que Ghazi Aridi a pris la parole pour soutenir, à l’adresse d’Élie Ferzli, que « c’est au sein du pouvoir que l’on retrouve les adeptes de la carotte et du bâton », et rappeler à Nabih Berry que le moment « n’est pas adéquat pour parler du caza », soulignant que si le président de la Chambre voulait s’en prendre à quelqu’un, ce doit être au gouvernement, « l’auteur de la loi électorale basée sur le caza ». Finalement, l’élection des trois membres du CC a commencé et a dû se dérouler en deux temps, puisqu’au premier tour, personne n’a recueilli la majorité absolue. Quant au deuxième tour, il a donné les résultats suivants : Hassan Hajj, 67 voix ; Nasri Lahoud, 64 voix, Amine Hammoud, 62 voix ; Sélim Sleimane, 50 voix ; Ahmed Moallem, 50 voix ; Zahi Kanaan, 45 voix ; Ezzat Ayyoubi et Philippe Khairallah, 2 voix ; Joseph Freiha et Walid Ghomra, 1 voix ; Georges Azar, 0 voix. Les trois nouveaux membres sont Nasri Lahoud, Hassan Hajj et Amine Hammoud. « Je félicite la troïka du Conseil constitutionnel », a annoncé Bassem Sabeh, en allusion aux parrainages respectifs des trois élus (Lahoud-Berry-Karamé). « Et moi je félicite la troïka de l’opposition pour son sens de la démocratie », a répliqué Nabih Berry. C’était ensuite le tour des cinq membres du CNA censés être élus par la Chambre. Il s’agit de Fouad Daaboul, Milan Obeid, Rita Charara, Jamal Fakhoury et Abdel-Hadi Mahfouz. La surprise du jour a été l’absence d’un candidat sunnite parmi les élus, puisque deux grecs-catholiques (Charara et Fakhoury) ont été vainqueurs. Et comme il semblerait que notre consœur d’an-Nahar, Rita Charara, ne compterait pas céder aux demandes qu’on lui aurait faites en haut lieu afin qu’elle démissionne au profit d’un candidat sunnite, les trois présidents auraient décidé de confier aux deux sunnites ayant recueilli le plus (et le même nombre) de voix, Marwan Chalak et Amer Machmouchi, le poste honorifique de secrétaires généraux du CNA. Signalons également que Michel Murr et Abdel-Latif Zein remplacent respectivement Élie Ferzli et Yassine Jaber au sein de la commission parlementaire chargée d’enquêter sur les présidents et les ministres.

« Le débat s’est transformé en une confrontation nationale à connotation confessionnelle. Il est désolant de voir que cela se passe au sein du Parlement, et que cela dynamite les us et les coutumes. Est-ce que ceux qui voteront en faveur du caza seraient coupables de confessionnalisme ? » s’est demandé, au cours de la séance plénière d’hier, le député Boutros Harb, à...