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Actualités - OPINION

L’avènement du vrai changement tributaire du nombre d’opposants, place de l’Étoile Plus de cinquante députés pour que tout puisse commencer...

L’ensemble du landernau politique local est d’accord sur une chose : des résultats des prochaines législatives dépendent l’avenir du Liban et le Liban à venir. C’est la théorie du ou bien... ou bien... : ou bien le pays en finira avec cette situation perverse dans laquelle il est prisonnier depuis 25 ans, ou bien il continuera de s’y noyer pratiquement ad vitam aeternam. Gebrane Tuéni, membre de Kornet Chehwane, avait jaugé, dans une interview à nos confrères d’as-Sayyad, l’importance de l’échéance printanière, estimant que le Liban bénéficie d’une occasion en or pour profiter des changements politiques sur la scène internationale. Et martelant que le pays ne pouvait désormais faire l’objet d’aucun bazar, et que les petits problèmes au sein de l’opposition ne constituent aucunement le point faible de celle-ci, puisqu’elle est nationale et prête à se lancer en rangs unis et à travers des listes communes. Voilà pourquoi les observateurs s’entendent pour affirmer que la bataille opposera deux camps : ceux qui font du recouvrement de la souveraineté et de l’indépendance nationales une priorité suprême et ceux qui se satisfont d’une sorte de pérennisation de la tutelle, sous le prétexte que la présence des troupes syriennes au Liban est « légitime, nécessaire et temporaire ». L’un de ces camps vaincra à l’issue du scrutin, sauf qu’entre-temps, aucun des deux n’hésite une seule seconde avant d’utiliser tous les moyens du bord pour s’assurer un maximum de députés dans le prochain hémicycle. C’est dans ce cadre-là que s’inscrit l’appel de l’opposition aux électeurs, enjoints d’assumer leur(s) entière(s) responsabilité(s) dans le choix de ceux qui vont les représenter. Ainsi, c’est aux électeurs de définir, par leur bulletin de vote, les contours de leur avenir ; ils ne devront en outre s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils ne se prononcent pas en faveur du changement ou s’ils ne participent pas, pour une raison ou pour une autre, aux élections. L’opposition rappelle d’ailleurs à ce sujet que l’abstention, quelle qu’en soit la raison, ne pourra profiter qu’au statu quo ambiant et que l’ensemble des opposants dénonce. Et pendant que ces derniers parient sur leur solidarité et leur unité, les loyalistes misent sur les tiraillements et les désaccords entre les différentes figures d’une opposition très plurielle, comme cela s’était produit lors des dernières municipales. Selon ces loyalistes, les résultats des prochaines législatives seront les mêmes que ceux des municipales 2004, à cause, assurent-ils, des positions exacerbées de l’ancien Premier ministre, Michel Aoun, et de son insistance pour que ses propres revendications servent de base à la bataille commune. Surtout, poursuivent ces loyalistes, que le général en exil n’est pas du genre à accepter le « donnant donnant », mais qu’il est plutôt partisan du « tout ou rien ». C’est-à-dire qu’il ne va pas se contenter d’un redéploiement de l’armée syrienne dans la Békaa en prélude à un retrait total en fonction d’un calendrier-programme, puisqu’il estime que la présence des troupes de Damas même confinées dans la Békaa entraîne de facto la poursuite des ingérences dans les affaires internes du Liban. Surtout que Michel Aoun est un fervent défenseur de la résolution 1559, laquelle appelle à ce fameux retrait total, à même de permettre au Liban de recouvrer son entière souveraineté ; surtout, également, qu’il estime que la création d’un État fort et le renforcement des institutions resteront pure utopie tant que le Hezbollah et les réfugiés palestiniens continueront de disposer d’armes en tout genre. Sauf que les opposants assurent que Michel Aoun ne mènera aucunement bataille par le biais de listes communes avec le pouvoir ou contre l’opposition ; au contraire, arguent-ils, son alliance avec eux ne sera pas seulement électorale, mais bien politique. Concernant la loi électorale à proprement parler, les milieux loyalistes indiquent que si le pouvoir a privilégié l’option du caza, c’est pour éviter que l’on dise qu’il a eu peur de perdre un nombre important de sièges. Il n’en reste pas moins que, pour ces milieux, le mohafazat aurait mieux servi les intérêts de l’opposition. Elle aurait été capable, disent-ils, de remporter la bataille à Beyrouth et au Mont-Liban, ce qui lui aurait assuré 54 députés d’un coup – sans compter d’éventuelles victoires dans d’autres mohafazats, qui auraient élevé le nombre de sièges pour l’opposition à 60 ou 65 députés. En revanche, dans l’optique du caza, cette opposition ne pourrait prétendre qu’à une fourchette variant entre 50 et 55 strapontins, puisque les candidats loyalistes auront la possibilité de percer des listes opposantes tant à Beyrouth qu’au Mont-Liban – au regard notamment de la pléthore de prétendants opposants –, et que des victoires isolées sur les listes du pouvoir au Nord, au Sud et dans la Békaa restent très limitées. L’opposition, évidemment, a d’autres calculs. Caza ou pas caza, elle table sur une soixantaine de députés place de l’Étoile et pense déjà aux consultations parlementaires préliminaires à la nomination du successeur de Omar Karamé. Pour eux, les loyalistes se diviseraient naturellement au moment de la formation du gouvernement, ce qui entraînerait l’adhésion des « boudeurs » dans le camp opposant au moment du débat de confiance pour créer une nouvelle majorité à qui reviendrait effectivement de nommer le Premier ministre. Pour cette opposition, le vrai changement dans le pays ne pourrait voir le jour que grâce à un nombre de députés supérieur à 50. Ainsi, les gouvernements qui se succéderaient seraient tous immédiatement menacés au Parlement, et l’instabilité qui en découlerait serait impressionnante, puisque le pays vivrait chaque quelque temps une crise gouvernementale qui secouerait gravement la situation économico-financière du pays. Seule solution alors : confier les rênes du pouvoir à l’opposition, ce qui obligerait le chef de l’État, soit à cohabiter avec le Premier ministre, soit à renoncer à l’exercice de ce pouvoir. Sauf que pour l’instant les loyalistes restent confiants, et sont persuadés de conserver la majorité, même si elle sera limitée. Quant à leur appréhension de voir le pouvoir leur échapper au profit de l’opposition, elle continue encore de les souder, nonobstant les grincements de dents de ceux que provoque chez certains d’entre eux cette fragile solidarité. Émile KHOURY

L’ensemble du landernau politique local est d’accord sur une chose : des résultats des prochaines législatives dépendent l’avenir du Liban et le Liban à venir. C’est la théorie du ou bien... ou bien... : ou bien le pays en finira avec cette situation perverse dans laquelle il est prisonnier depuis 25 ans, ou bien il continuera de s’y noyer pratiquement ad vitam aeternam.
Gebrane...