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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Les proches de Hariri confirment sa détermination à se présenter dans la seconde circonscription Beyrouth : des surprises à venir et peut-être la boîte de pandore...

Le projet de loi électorale n’a pas encore été adopté, mais déjà tous les protagonistes refont leurs calculs sur cette base. Les alliances se préparent et les ballons d’essai se multiplient. Malgré les réactions violemment hostiles au projet du ministre de l’Intérieur, la plupart des parties en présence, qu’il s’agisse d’opposants ou de loyalistes, semblent convaincues qu’il passera quand même au Parlement sans amendements majeurs. Mais c’est le découpage de Beyrouth qui suscite le plus de commentaires et bouleverse le plus grand nombre de données. Officiellement, la volonté du ministre était de ne plus avoir une majorité qui dicte sa volonté à une minorité. C’est pourquoi, avec l’équipe qui a travaillé à ses côtés, il a choisi de découper Beyrouth en trois circonscriptions qui permettraient à toutes les communautés de s’y sentir à l’aise. Contrairement à la formule adoptée en 2000 où, dans les trois circonscriptions, il y avait une prédominance sunnite, cette fois il y aura une circonscription à majorité sunnite, une autre partagée entre les électeurs arméniens et chiites, et une troisième chrétienne. Que l’on soit pour ou contre l’adoption du critère confessionnel comme base du découpage, l’argument semble en tout cas cohérent et en harmonie avec l’esprit du caza, qui assure lui aussi une représentativité à bases confessionnelle et régionale. Beyrouth I, II et III : objectif Hariri Toutefois, ce qui est apparent n’est pas toujours le moteur réel des décisions. Et les gens du pouvoir ne cachent pas leur souci, tout au long de ce découpage, d’en finir avec les grands blocs parlementaires et notamment de réduire l’influence et le poids politique de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. En 2000, il avait pratiquement raflé les sièges de Beyrouth, laissant juste une place vide pour le candidat du Hezbollah, devenant le leader unique de la capitale, avec tout le symbolisme que cela représente pour l’ensemble du pays. Cette fois, il est clair qu’en plus de vouloir réduire son influence sur l’ensemble du territoire, le projet de loi du ministre de l’Intérieur cherche aussi à limiter son rôle à celui d’un leader sunnite de la capitale, le contraignant en toute logique à présenter sa candidature dans la première circonscription où il y a quatre sièges sunnites, un grec-orthodoxe et un druze. De la sorte, ses alliances resteront dans un cadre sunnite, car les chrétiens de la troisième circonscription aussi bien que les chiites et les arméniens de la seconde n’auront aucun intérêt à s’allier avec lui. Toutefois, rien n’indique que les plans officiels se réaliseront. Déjà, l’ancien président du Conseil a frappé là où le gouvernement ne l’attendait pas. Refusant le cadre dans lequel on voulait le placer, il a choisi de se présenter dans la seconde circonscription qui regroupe neuf sièges: deux sunnites, deux chiites, un protestant et quatre Arméniens. Selon ses proches, il ne s’agit pas d’une manœuvre ou d’un ballon d’essai, mais d’une décision ferme, si le découpage définitif reste tel quel. En se présentant dans cette circonscription difficile, M. Hariri souhaite relever le défi qui lui a été lancé et montrer qu’il reste un leader national, et non pas seulement un « zaïm » sunnite. Mais cela ne l’empêche pas non plus de vouloir conserver la carte sunnite. Garder les sunnites et gagner les chiites et les Arméniens Apparemment – et ce ne sont encore que des tendances, car il est encore trop tôt pour avoir un tableau définitif –, la situation se présente de la manière suivante: Hariri présenterait une liste dans la première circonscription et présiderait une autre dans la seconde. Il espérerait ainsi emporter les quatre sièges sunnites de la première ainsi que les sièges druzes et grec-orthodoxe, et les neuf sièges de la seconde. Pour cela, il est question qu’il prenne sur sa liste dans la première circonscription Tammam Salam, d’abord pour calmer les esprits et ensuite pour ne pas avoir à mener des batailles inutiles dans le camp sunnite. Et puis, même avec Tammam bey sur sa liste, il reste le leader à Beyrouth. L’ancien président du Conseil, Sélim Hoss, n’est pas en situation de confrontation, et comme il ne se présentera pas lui-même, il ne constitue pas une véritable menace pour lui. De même, Kamal Chatila ou Fouad Makhzoumi ne font pas non plus le poids, et il a de fortes chances de remporter la totalité de la mise dans cette circonscription, avec probablement le Dr Atef Majdalani pour le siège grec-orthodoxe et le candidat druze choisi avec Walid Joumblatt. Ce qui est sûr, c’est que dans un tel contexte, Najah Wakim n’a aucune chance de retrouver sa place au sein de l’hémicycle, ni dans cette circonscription ni dans la troisième, où se trouve le second siège grec-orthodoxe de Beyrouth et qui est exclusivement chrétienne. Dans la seconde circonscription, la situation est moins évidente. Et c’est là que Hariri a choisi de mener sa grande bataille. D’abord, il lui faudra obtenir les deux sièges sunnites. Or, la Jamaa islamiya, qui dispose d’un nombre considérable d’électeurs, semble jusqu’à présent partagée sur l’idée d’une alliance avec lui à cause de plusieurs considérations, dont la guerre en Irak. Par contre, les Ahbache qui, eux aussi, ont un nombre assez important de voix, se positionnent contre l’ancien président du Conseil. Enfin une rumeur circule sur la possibilité pour Mme Leila Solh de présenter sa candidature dans cette circoncription. Ce qui devrait pousser M. Hariri à encore plus de combativité. Mais là aussi, rien n’est encore sûr. L’ancien président du Conseil devrait aussi nouer des alliances avec les Arméniens. Car s’il est vrai qu’en 2000, il avait obtenu tous les sièges arméniens, au grand dam du parti Tachnag, c’était surtout à cause du poids des électeurs sunnites. Mais dans cette circoncription, les Arméniens sont une force incontournable. Restent les deux sièges chiites. Dans un rebondissement assez inattendu, le député de Beyrouth membre du Hezbollah, hajj Mohammed Raad, a laissé entendre, mardi, qu’il y aurait une possibilité de s’entendre avec Hariri. Certes, l’accord n’est pas encore conclu, mais cela montre bien à quel point les cartes sont en pleine redistribution. Dans la troisième circonscription, la bataille se jouera essentiellement entre les chrétiens, et notamment les membres de l’opposition. Et il semble acquis que cette circonscription portera au Parlement quatre députés proches de l’opposition. En croyant contrôler le jeu, le projet du gouvernement pourrait bien ouvrir la boîte de pandore. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois. Et les surprises sont encore à venir. Scarlett HADDAD

Le projet de loi électorale n’a pas encore été adopté, mais déjà tous les protagonistes refont leurs calculs sur cette base. Les alliances se préparent et les ballons d’essai se multiplient. Malgré les réactions violemment hostiles au projet du ministre de l’Intérieur, la plupart des parties en présence, qu’il s’agisse d’opposants ou de loyalistes, semblent convaincues...