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Les milieux loyalistes prétendent que le caza joue en leur faveur Pour l’opposition, Sleimane Frangié a dévoilé les intentions réelles du pouvoir

« Il y a des circonstances où le mensonge est le plus saint des devoirs. » Si cette citation d’Eugène Labiche, moraliste désillusionné s’il en fut, passe souvent pour être la règle d’or d’une certaine politique, les propos vaudevilesques tenus lundi par le ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié, ont dérogé à cette règle. Ou du moins est-ce là l’avis de certaines sources au sein de l’opposition, pour qui M. Frangié a révélé le vrai visage du pouvoir, à travers ses propos. À une chaîne de télévision locale, le ministre de l’Intérieur avait en effet indiqué que « lorsque la bataille sera entre l’opposition et le pouvoir, et lorsque l’opposition estimera qu’elle a remporté une victoire et qu’elle veut briser le pouvoir à Beyrouth, nous agirons en loyalistes, et pas en tant qu’État. Nous voulons sauver notre peau. Et s’ils veulent obtenir la part de l’État à Beyrouth, nous opterons, en tant que pouvoir et que ligne politique, pour les cinq mohafazats, parce qu’il est interdit de badiner avec Beyrouth. Pourquoi accepter que les chrétiens et Rafic Hariri concluent une alliance à nos dépens ? Et s’ils le font, nous nous protègerons et modifierons tout à Beyrouth, pour la transformer en circonscriptions mixtes, afin que chacun assume ses responsabilités ». Dans les rangs de l’opposition, la déclaration de M. Frangié a étonné, il est vrai plus par sa sincérité que par son contenu, dans la mesure où elle exprime clairement la partialité du pouvoir sur le plan électoral, et justifie ainsi les appels à la démission de ce cabinet, jugé inapte à gérer le processus électoral, et à la formation d’un gouvernement neutre et impartial. Mieux encore, le ministre de l’Intérieur a dévoilé les intentions du pouvoir, irrité par une alliance éventuelle entre l’opposition chrétienne et M. Hariri à Beyrouth, ce qui démontre clairement que le découpage de la capitale a été réalisé dans un dessein unique : briser les ailes de l’ancien Premier ministre. Pour un député de l’opposition, il s’agit là d’un faux pas supplémentaire du cabinet, qui semble oublier qu’il se trouve sous une étroite surveillance internationale, et que les législatives intéressent de très près plus d’une partie étrangère, comme l’ont démontré les propos de certains diplomates occidentaux en faveur d’élections justes et transparentes. En ce sens, le cabinet ne fait que donner des prétextes additionnels à l’étranger pour intervenir et appeler le pouvoir à rectifier le tir. Quoi qu’il en soit, le gouvernement semble sur le point d’adopter la loi électorale basée sur le caza. Et les milieux loyalistes font peu de cas de la projection de l’opposition, qui pense que le caza est la formule qui lui permettra de placer le plus de candidats possibles à la Chambre. C’est tout à fait le contraire, disent-ils, estimant que l’adoption du mohafazat avec un zeste de proportionnelle est moins avantageux pour le pouvoir, qui, grâce au caza, pourra placer quelques 80 députés au Parlement contre 48 seulement pour l’opposition, à en croire les sources loyalistes. Mais les milieux loyalistes misent également sur d’autres éléments que le découpage électoral pour s’assurer la victoire, à commencer par les contradictions mêmes de l’opposition et l’avidité de chacune des forces opposantes, qui pourrait être le démon pourfendeur de son unité. L’opposition se veut, pour sa part, rassurante, et maintient que, par le biais du caza, elle est capable de faire jeu égal à la Chambre avec le pouvoir. Pour les milieux opposants, la bataille sera politique et portera sur des principes, et le caractère de la représentation de chaque force reste secondaire. Dans ce cadre, l’opposition promet certaines surprises au Parlement, affirmant qu’elle est capable de créer une véritable dynamique populaire capable de propulser ses candidats au Parlement. L’objectif étant, selon elle, de susciter un vaste chantier de réforme, un changement de plus en plus vital. Philippe ABI AKL
« Il y a des circonstances où le mensonge est le plus saint des devoirs. » Si cette citation d’Eugène Labiche, moraliste désillusionné s’il en fut, passe souvent pour être la règle d’or d’une certaine politique, les propos vaudevilesques tenus lundi par le ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié, ont dérogé à cette règle. Ou du moins est-ce là l’avis de certaines...