CITOYEN GROGNON - De supers en hypers, le consommateur mécontent

Aller au supermarché devient au Liban un véritable casse-tête pour la clientèle. Un casse-tête dû au manque de respect pour le consommateur et à l’affichage anarchique des prix qui se pratique quasiment partout. Et par tous, ou presque : les petites surfaces, les moyennes, qui poussent dans les villages ou les régions éloignées, mais aussi les grandes, les multinationales, celles qui se multiplient dans la capitale et à la périphérie. Celles qui se livrent une guerre des prix à outrance, avec force publicité, mais semblent oublier que l’honnêteté envers le consommateur est la règle d’or de la réussite. Parlons-en, d’abord, du respect à l’égard du consommateur. Çà et là, certains supermarchés, sous prétexte de marketing, changent régulièrement les marchandises de place, chambardant carrément les étalages et les rayons. Le consommateur, pris au piège, n’a d’autre choix que de piquer des sprints d’un rayon à un autre, histoire de trouver les produits qu’il cherche. Entre-temps, et bien avant de parvenir à ses fins, il aura atterri dans des rayons qu’il n’aurait jamais visités autrement. Et ne manquera pas de rentrer chez lui avec une bonne heure de retard. Quant à l’honnêteté envers la clientèle, elle ne semble pas de mise dans bon nombre de nos supermarchés. Ici, les chiffres des légumes ne sont carrément pas annoncés, là, on affiche seulement quelques chiffres, car l’on compte bien que la clientèle se servira machinalement. Plus loin, on omet d’afficher les prix d’une marque bien spécifique, ou ceux des offres promotionnelles. Vous saurez alors le prix de votre shampoing de 350 ml, mais pas celui de 500 ml, normalement plus économique. Le prix d’un pain de savon sera certes affiché, mais non pas celui, promotionnel, d’un paquet de 6 pains de savon. Vous saurez sans problème le prix de votre boîte de lessive de 5 kg, mais vous ne trouverez pas celui du sac économique du même poids... et j’en passe. Combien de fois n’avez-vous pas attendu en vain qu’un employé de votre supermarché se pointe à l’horizon, pour lui demander le prix de tel ou tel produit ? Mais il demeure introuvable l’employé salvateur. Bien évidemment. Alors, pour en finir, vous vous tournez naturellement vers le produit dont le prix est affiché. C’est évident et tellement marketing ! Mais c’est loin d’être transparent. Mais le hic, le plus enrageant, c’est lorsque votre supermarché profite de votre aveugle confiance pour vous carrotter, carrément, ouvertement. Au fil de vos emplettes, vous vous rabattez sur les prix intéressants : ici, une boîte de mouchoirs en papier ; là, des conserves pour votre chien ; plus loin, une boîte de raviolis. Mais c’est à la caisse que vous recevez la douche froide. Le prix qui apparaît sur l’écran n’est pas forcément le même que celui affiché sur les rayons. Pour peu que vous perdiez votre calme et que vous vous énerviez un tantinet, vous devenez la risée de la direction du supermarché qui vous trouvera trente-six mille excuses valables du genre : « Mais voyons, vous vous trompez », ou alors « Mais nous avons plus de 15 000 produits, nous ne pouvons changer tous les prix sur les étalages. Nous les changeons juste à la caisse », ou encore « Pourquoi vous énervez-vous ? » Mais évidemment, point d’excuses, ni de promesses de mieux vous servir. Quant à l’État ou aux associations de défense du consommateur, ils sont tous aux abonnés absents. Anne-Marie EL-HAGE