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Actualités - OPINION

Les professionnels attendent le code dans un climat de confusion et d’incertitude

Que va-t-il en être de la nouvelle loi électorale ? Il n’y a pas encore de réponse absolument définitive à cette question. Parce que le pouvoir, dont les pôles restent divisés, ne cesse d’émettre des signaux contradictoires à cet égard. Ainsi, dès que l’on a fait courir le bruit (sans doute justifié) d’une décision optant pour le caza, après la fameuse réunion de Baabda, des voix se sont élevées pour soutenir que ce ne serait pas la seule option dont le Conseil des ministres aurait à connaître. Ajoutant que Berry, partisan du mohafazat avec proportionnelle, n’avait pas capitulé. Que ses ministres pourraient claquer la porte, ainsi d’ailleurs que Talal Arslane, pour une raison inverse puisque lui veut le caza divisé ! Parallèlement, Hariri se prononçait contre le charcutage en trois de Beyrouth. Mais c’est l’insistance de Berry qui pose le plus gros problème, en pratique. Non seulement parce que son poste lui permet beaucoup sur le plan de la Chambre, à laquelle, comme on sait, appartient le dernier mot. Mais aussi parce que son alliance avec les Syriens plus affirmée que jamais en ces temps de 1559, fait qu’on se demande si ces derniers ne sont pas eux-mêmes pour le mohafazat. Si tel était le cas, la majorité, aujourd’hui favorable au caza, basculerait tout entière, sur un simple coup de fil, du côté du mohafazat. Mais en même temps, Berry est bien le seul des prosyriens, qui sont tellement nombreux, à réclamer la circonscription élargie. On ne voit pas objectivement pourquoi les décideurs voudraient le privilégier par rapport aux autres présidents, qui sont également de leurs amis. Il est également le seul à soutenir que Taëf veut le mohafazat tel quel. Le texte précise en réalité, et en effet, qu’il faut auparavant multiplier le nombre de mohafazats, le porter de cinq (initialement ) à neuf ou dix. Ce qui équivaut à en faire à peine un double caza. D’ailleurs, depuis Taëf, il y a eu trois nouveaux mohafazats de créés : Nabatyeh (que Berry avait réussi à garder rattachée au Sud, en y rajoutant même Jezzine !), le Akkar et Baalbeck-Hermel. De plus, selon les législateurs présents à Taëf, l’objectif était de redessiner le Liban administratif en districts qui seraient autant de circonscriptions, avec suppression du poste de caïmacam, remplacé par un directeur régional. Toujours est-il que Berry, en sa qualité de président de la Chambre, insiste lourdement sur un point : pour que le projet du gouvernement passe au Parlement, il faut une majorité des deux tiers. Il laisse ainsi entendre que cet objectif ne serait pas atteint. Son pronostic, ou sa menace, se fonde, il faut le dire, sur le constat que la majorité de la majorité étant parachutée, les élus en place voient le caza, ce bouclier antiparachutage, d’un bien mauvais œil. En fait, la plupart se disent pour la circonscription moyenne plutôt que petite ou élargie. Dans l’ensemble du tableau des forces politiques, c’est le caza qui recueille le plus de suffrages. Les partisans du mohafazat assorti de la proportionnelle ne sont pas nombreux. Suspense Les parlementaires devraient en principe tenir compte de l’opinion publique et se résigner au caza. Sauf bien entendu, répétons-le, si encore une fois ils devaient recevoir un mot d’ordre des décideurs favorable au mohafazat. Auquel cas, il n’est pas exclu qu’il y ait blocage du projet de loi gouvernemental et retour, ipso facto, à la mouture utilisée en l’an 2000. L’opposition, que l’adoption de la formule de 1960 amendée avantage, pousserait évidemment les hauts cris si l’on devait revenir aux bulldozers et autres bus comme lors de la dernière édition. Le caza a en tout cas, on le sait, toutes les faveurs de Baabda comme de Bkerké. Mais certains opposants se méfient du régime. Ils indiquent, en privé, que l’on a voulu faire une fleur à Mgr Sfeir avant qu’il parte pour Rome et pour la France, où il doit rencontrer le président Chirac. Pour que, durant cette tournée, il n’accable pas trop le pouvoir. Selon ces suspicieux, il ne serait pas étonnant qu’après le retour du prélat, les autorités changent leur fusil d’épaule et lâchent le caza pour le mohafazat. Globalement, on peut estimer que le retour à la formule de 1960 est un camouflet pour les parrains de Taëf. Mais on peut tout aussi bien soutenir que cet accord a toujours été tronqué, trahi, surtout sur le plan des lois électorales. Et que rien ne prouve qu’il n’aurait pas été aussi valable que l’ancien costume, s’il avait été bien appliqué, dès le début. À ceci près que si le pacte, considéré par tous comme transitoire et comme ayant pour but essentiellement de faire taire le canon, avait été mieux peaufiné, les forces qui l’ont soutenu ne seraient pas tellement déchirées entre elles. Toujours est-il qu’en principe, le ministre de l’Intérieur doit remettre lundi aux présidents copie du projet de loi, accompagné d’un dossier exhaustif, d’une étude détaillée comparant les différentes propositions de code, depuis le Liban circonscription unique jusqu’à la circonscription uninominale, en passant par le mohafazat, le bimohafazat, le bicaza et le caza. Pour le ministre Sleimane Frangié, le caza est le plus approprié en termes de vraie représentation de proximité, et il compte le défendre bec et ongles. Il reste que le pouvoir étant toujours divisé, il est probable qu’il s’en remettre en définitive à un arbitrage conjoint du président de la République et du président du Conseil, qui se réunissent mercredi prochain. Le Conseil des ministres devra pour sa part se prononcer le 27 du mois en cours. Il siégera cette fois sous la présidence du chef de l’État. L’un des objectifs principaux du pouvoir reste de rogner les ailes de Hariri, en partageant Beyrouth en trois, pour qu’il ne retrouve pas son bloc parlementaire de 18 membres. Mais c’est précipiter Hariri dans les bras de l’opposition. Qui s’en réjouit d’autant plus qu’un rabibochage de l’ancien président du Conseil avec le système a pu être redouté, après la visite que lui a rendue le général Rustom Ghazalé, officier syrien traitant du dossier libanais. Philippe ABI-AKL
Que va-t-il en être de la nouvelle loi électorale ? Il n’y a pas encore de réponse absolument définitive à cette question. Parce que le pouvoir, dont les pôles restent divisés, ne cesse d’émettre des signaux contradictoires à cet égard. Ainsi, dès que l’on a fait courir le bruit (sans doute justifié) d’une décision optant pour le caza, après la fameuse réunion de Baabda,...