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Actualités - CHRONOLOGIE

Berry entretient le flou sur le consensus politique officiel concernant le caza Hariri met en garde contre le découpage de Beyrouth

Le Liban politique reste divisé autour de la formule qui doit être adoptée pour le découpage électoral. Au moment où des voix s’élevaient pour applaudir le choix du caza comme circonscription électorale, des pôles politiques, notamment MM. Rafic Hariri et Sélim Hoss, mettaient en garde contre « des divisions sur des bases sectaires », allant même, à l’instar de Hoss, jusqu’à brandir le spectre d’un retour aux évènements sanglants de 1975. Si M. Hoss s’est résolument exprimé contre l’adoption du caza comme unité électorale, M. Hariri a centré sa campagne sur le découpage de Beyrouth en trois circonscriptions. Toujours est-il qu’au lieu d’apaiser le débat autour de la loi électorale, la réunion quadripartite de Baabda, lundi soir (entre MM. Émile Lahoud, Nabih Berry, Omar Karamé et Sleimane Frangié), l’a envenimé. Les divergences de vues persistent aussi à la tête de l’État, comme l’a reflété une boutade significative lancée par le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a asséné au journaliste qui l’interrogeait au sujet de l’accord de Baabda sur l’adoption du caza comme unité électorale, un « c’est la presse qui le dit ». Une phrase que devait répéter le député Ayoub Hmayed, proche de M. Berry, après un entretien avec le cheikh Akl druze, Bahjat Ghaith. M. Hmayed a ajouté : « La position du mouvement Amal n’a pas changé et reste claire. Plus la circonscription électorale est grande, mieux c’est pour l’unité nationale. En revanche, la petite circonscription jette les bases d’une ère qui ne peut pas être dans l’intérêt du pays. » Membre du bloc parlementaire de l’ancien chef du gouvernement, Rafic Hariri, le député Bassem Yammout s’est aussi montré sceptique sur les informations concernant un accord autour de la petite unité électorale. « Il semble que rien n’a été encore décidé, contrairement au climat que la presse a reflété », a-t-il dit. Signe qu’il aurait peut-être raison : le Premier ministre Omar Karamé a rendu visite à M. Berry en début de matinée, pour un entretien qui n’a duré que vingt minutes, au terme duquel M. Karamé a confirmé avoir débattu avec le chef du Législatif du dossier électoral. Il n’a pas voulu en dire davantage, au moment où de sources politiques informées, on indique que M. Berry n’a pas effectivement donné, à Baabda, son accord pour le recours au caza, mais ne s’y est pas opposé non plus. Il aurait simplement proposé que le gouvernement élabore son projet de loi et qu’il l’envoie à l’Assemblée où la majorité parlementaire décidera de la formule à adopter. Parallèlement, deux anciens chefs de gouvernement, Rafic Hariri et Sélim Hoss, le bloc des députés tripolitains qui regroupe MM. Mohammed Safadi, Maurice Fadel et Mohammed Kabbara, ainsi que le ministre Talal Arslane, et le chef du PSNS, Gebrane Arayji, exprimaient leur opposition à la formule examinée à Baabda. M. Hariri, pour sa part, s’est exprimé résolument contre le découpage de Beyrouth au cours d’un dîner au Riviera, en affirmant ne pas vouloir commenter les divisions électorales envisagées pour le reste du pays. « Nous allons au-devant d’une nouvelle période critique pour le Liban et surtout pour Beyrouth. Je n’exagère pas en soutenant que nous n’avons, à aucun moment dans le passé, traversé une période aussi délicate et difficile. Les prochaines élections seront d’une importance capitale. Je me suis abstenu de commenter tous les projets (de loi électorale) qui étaient proposés parce que je ne les prenais pas au sérieux, mais nous entendons parler aujourd’hui d’un découpage de la capitale. Les projets proposés pour Beyrouth ont pour principal but de mettre les habitants de la ville, toutes appartenances communautaires et confessionnelles confondues, les uns en face des autres. Nous sommes, sans entrer dans les détails, opposés à un tel projet. Si ce que nous avons lu et entendu aujourd’hui (au sujet de l’accord de Baabda sur la division de la capitale en trois circonscriptions) s’avère correct, cela signifie que le promoteur du projet se situe contre l’intérêt de Beyrouth, de ses fils et du Liban et ne réalise pas les effets de ce qu’il projette concernant la capitale », a déclaré M. Hariri dans un discours qu’il a improvisé pour l’occasion. « La question n’est pas dans le nombre de députés, a-t-il ajouté. Le fait est que dans un système comme celui du Liban, les élections concernent tout un chacun. Si elles sont organisées sur une base nationale, tout le monde tiendra un discours national, mais si la loi (électorale) est interprétée de manière qui risque d’opposer les Libanais les uns aux autres, des conflits naîtront et prendront de l’ampleur, partout dans le pays. » « Nous n’accepterons pas que quelqu’un, aussi haut placé soit-il, porte atteinte à la coexistence au Liban et surtout dans la capitale », a poursuivi l’ancien chef de gouvernement, tout en indiquant qu’il attendra l’élaboration du projet de loi électorale, en Conseil des ministres, pour donner son point de vue « en toute franchise ». « Nous aspirons, a-t-il enchaîné, à une loi qui accorde aux Libanais la liberté de choisir les députés qu’ils pensent être à même de les représenter. Si le texte qui va être promulgué va dans ce sens, nous serons les premiers à les soutenir, mais s’il va dans un sens contraire ou si nous constatons qu’une politique de deux poids, deux mesures est suivie, nous n’hésiterons pas à élever la voix, quels que soient les obstacles. » « Si nous avons choisi d’attendre, c’est pour ne pas envenimer le débat dans le pays et aggraver les remous politiques. Nous ne voulons pas être partie prenante de ce cadre », a insisté M. Hariri Il a dans le même temps fait remarquer que sa prise de position « ne signifie nullement que nous voulons qu’une communauté domine une autre ». Pour M. Sélim Hoss, c’est l’adoption du caza comme unité électorale qui nuira au Liban, « parce qu’elle est de nature à consolider les causes des divisions sectaires dans le pays ». Se prononçant résolument en faveur d’un scrutin fondé sur la proportionnelle dans les mohafazats, il a déclaré : « Il existe au Liban 26 cazas – dont la plupart sont d’une même couleur communautaire ou confessionnelle – et le mohafazat de Beyrouth. Les représentants des cazas sont donc amenés à représenter des communautés ou des confessions », a-t-il dit, en estimant que le découpage de Beyrouth aboutira au même résultat. « Comment peut-on revenir à la loi de 1960 ? N’avons-nous pas appris que les événements sanglants (qui ont commencé en 1975) sont les conséquences de la corruption, des divisions communautaires et de la mauvaise gestion, notamment politique, accumulées depuis cette année ? » s’est-il interrogé. « On dit que le caza permet une représentation authentique des électeurs. Celle-ci serait-elle sincère si nous laissons les instincts sectaires des gens s’exprimer ? Le caza est le meilleur reflet des divisions sectaires qui minent nos sociétés. Si telle est la conséquence de la représentation authentique, alors zut ! » s’est exclamé l’ancien chef de gouvernement, en plaidant en faveur des grandes circonscriptions qui préservent, selon lui, la coexistence. Le bloc tripolitain a aussi mis en garde contre un découpage fondé sur le caza et susceptible, selon lui, de « favoriser la résurgence des discordes », au moment où MM. Amine Gemayel, Fouad el-Saad et Farès Boueiz exprimaient leur contentement pour le choix du caza.
Le Liban politique reste divisé autour de la formule qui doit être adoptée pour le découpage électoral. Au moment où des voix s’élevaient pour applaudir le choix du caza comme circonscription électorale, des pôles politiques, notamment MM. Rafic Hariri et Sélim Hoss, mettaient en garde contre « des divisions sur des bases sectaires », allant même, à l’instar de Hoss, jusqu’à...