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La politique frontalière de l’État libanais plus inconséquente que jamais

Un ancien diplomate s’exclame, ébahi, devant l’incroyable inconséquence du pouvoir, qui, jadis, bataillait pour que le cas libanais, vu notament sous l’angle brûlant de la frontière sud, fût dissocié du dossier régional. Et qui aujourd’hui refuse de voir le problème national réglé en dehors, et avant ce dossier qui s’éternise. Alors qu’il y a peu de raisons à cela, après la libération du Sud, la légalité internationale, ainsi que les États-Unis et Israël, considérant que la 425 a été appliquée. Et que la 1559 n’a rien à voir avec elle, et encore moins avec la 242 ou la 338. Ce que le pouvoir libanais s’obstine à contester, en refusant que ce pays recouvre sa souveraineté, son autonomie de décision, ses droits les plus élémentaires en somme, tant qu’une paix globale n’aura pas été conclue avec Israël. Le Liban officiel répète en effet qu’en attendant, il ne déploiera pas son armée le long de la ligne bleue, laissera ses armes à la résistance, ne contrôlera pas les camps palestiniens installés sur son territoire et ne voudra pas d’un retrait syrien. Le diplomate en retraite rappelle encore une fois que, lors de l’occupation israélienne, le pouvoir s’efforçait d’obtenir que la 425 ne fût pas liée aux autres résolutions onusiennes concernant la région, mais appliquée de suite, sans négociation, pour en revenir aux dispositions de l’armistice de 1949. Tandis que la 242 prévoit la restitution du Golan à la Syrie au titre du principe de la terre moyennant la paix, ce qui implique des négociations. À l’époque, les responsables avaient relancé le président Hafez el-Assad qui avait consenti à approuver la dissociation de la 425 du reste du contentieux régional. Les USA de leur côté, incités par Israël, ne voulaient pas que le Liban pût être avantagé par rapport aux autres protagonistes de la région. Sous prétexte que des Palestiniens s’élançaient du Liban-Sud pour attaquer Israël, sous le couvert de la convention du Caire. Quand la force multinationale s’est pointée au Liban, après l’invasion israélienne de 1982, le président Ronald Reagan avait pour idée d’entamer le règlement du conflit régional par le Liban. Mais l’URSS s’y était opposée, pour ne pas être écartée de la partie par les Américains. L’ambassadeur soviétique, Alexandre Soldatov, avait de la sorte confié à un ancien ministre libanais des Affaires étrangères que Moscou ne laisserait pas Washington arranger les choses tout seul au Moyen-Orient. Précisant que les Soviétiques feraient tout pour empêcher ce cavalier seul. Prié de dire si son gouvernement était contre un règlement de la question libanaise, Soldatov avait répondu qu’il ne s’y opposerait pas, à condition que cela ne représentât pas une entrée en matière pour un règlement régional général. À la suite de quoi, le siège de l’ambassade US à Aïn el-Mreyssé avait été dynamité et les GI tués par centaines dans un attentat au véhicule piégé, ainsi d’ailleurs que les soldats français de l’autre contingent principal de la force multinationale. Cette dernière s’était retirée, la situation redevenant chaotique au Sud. Après le retrait israélien de l’an 2000 et l’établissement de la ligne bleue comme frontière provisoire, l’on avait dit que l’État hébreu avait espéré un retrait du Hezbollah et de tous les éléments armés, palestiniens ou autres, pour que l’armée libanaise reste seule en charge. Afin que l’armistice débouche sur un accord de paix, qui aurait été le quatrième conclu par Israël avec un pays arabe. Mais le Liban a dissipé ces illusions israéliennes, en faisant savoir qu’à ses yeux la 425 n’avait pas été complètement appliquée, l’enclave de Chebaa restant occupée. Il a donc refusé de déployer son armée le long de la ligne bleue. De ce fait, le front du Sud reste semi-ouvert, sujet à des flambées périodiques. Comme celle qui s’est produite dernièrement, faisant un tué des deux côtés. Il reste à savoir si l’application de la 1559 ne va pas mettre un terme à ce tableau, en séparant le volet libanais du volet syrien, pour commencer, du reste du dossier régional pour finir. Le président Lahoud continue à soutenir que l’application de la 1559 menacerait l’unité des Libanais, leur sécurité et leur stabilité. Il affirme que cette résolution est une atteinte aux constantes nationales et met en danger la paix civile intérieure, en renforçant les risques d’une implantation palestinienne. Mais le chef de l’État certifie en même temps que le Liban respecte les résolutions de la légalité internationale, en réclamant l’application de la 242 comme de la 425. Émile KHOURY

Un ancien diplomate s’exclame, ébahi, devant l’incroyable inconséquence du pouvoir, qui, jadis, bataillait pour que le cas libanais, vu notament sous l’angle brûlant de la frontière sud, fût dissocié du dossier régional. Et qui aujourd’hui refuse de voir le problème national réglé en dehors, et avant ce dossier qui s’éternise. Alors qu’il y a peu de raisons à cela,...