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Les loyalistes espèrent toujours une dilution de la résolution

Récemment, un cénacle privé a réuni des politiciens loyalistes et opposants qui ont débattu de la 1559, à la lumière des propos tenus devant le corps diplomatique, puis devant le corps consulaire, par le chef de l’État, le général Émile Lahoud. Ainsi qu’à la lumière des déclarations du président du Conseil, Omar Karamé, de l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, et de l’ambassadeur de France, Bernard Émié. La question posée en premier était de savoir si la 1559 devait être appliquée d’un seul coup ou tronçonnée. Puis, s’il fallait qu’elle le soit avant les élections ou dans des délais prolongés. S’il y avait moyen de faire en sorte que la 1559 connaisse le même sort que la 242, la 338, la 194 qui sont toujours en attente d’exécution. Bien entendu, loyalistes et opposants ne sont pas d’accord. Les premiers s’attendent à ce que la résolution prenne corps avant les élections. Le but des Occidentaux, selon eux, étant de provoquer de la sorte une confusion interne déstabilisant le pays. Pour leur part ils souhaitent, si l’application se confirme comme inévitable, qu’elle suive des étapes diluées. Commençant par un repli syrien sur la Békaa, sans retrait total. Assorti d’un engagement à laisser le front du Sud calme, à travers une coordination resserrée entre les forces régulières libanaises et le Hezbollah. Dans le même sens, promesse serait faite de garder sous étroite surveillance, pour les empêcher d’agir, les cellules activistes palestiniennes établies dans les camps de réfugiés. Cela, en attendant une reprise des pourparlers de paix régionaux. Ces espérances loyalistes signifient, en pratique, que les élections se dérouleraient, grosso modo, selon le schéma traditionnel post-Taëf. Donc, que les résultats seraient en leur faveur, la majorité parlementaire restant solidement ancrée du côté des Syriens et du pouvoir local. L’autre son de cloche Pour les opposants, en revanche, il est évident que la 1559 ne peut être assimilée à la 242 et consorts. Car l’application de ces dernières est conditionnée, comme les textes le prévoient expressément, par des négociations entre les parties. Le but, énorme, étant d’instaurer une véritable paix dans l’ensemble de la région. Alors que la 1559, comminatoire, ponctuelle et réservée uniquement au cas libanais, ne peut être ni négociée, ni fractionnée, ni retardée. D’autant que si on veut l’envisager sous un angle global, elle s’inscrit en fait comme un ordre d’exécution d’un traité international : Taëf. Qui édicte le retrait syrien, la dissolution des milices libanaises ou non libanaises, pour que l’État libanais étende son autorité de fait sur l’ensemble de son territoire, par le truchement de ses seuls forces propres. Ce qui signifie également que la vie politique de ce pays, élections en tête, ne doit faire l’objet d’aucune tutelle, d’aucune immixtion étrangère. Permettant ainsi un scrutin enfin libre, juste, égalitaire, démocratique. Sous le seul regard d’un Liban redevenu souverain et indépendant. Les opposants, mettant l’accent sur l’élément d’urgence, rappellent qu’après la 1559, le Conseil de sécurité a demandé au secrétariat général de l’Onu de lui faire un rapport de suivi, en soulignant en même temps qu’il reste lui-même constamment saisi du dossier. Le prochain rapport de Kofi Annan, qui en a délégué la charge à Roed-Larsen, est prévu pour avril. Les opposants répètent que la 1559 n’a rien à voir avec le problème régional, dont les résolutions ne sont du reste pas liées entre elles. Le mieux que le Liban puisse faire, estiment les opposants, est de coordonner avec la Syrie, puisque le sujet la concerne également. Les officiels libanais, qui affirment être proches de la Syrie, s’en montrent en réalité étrangement éloignés. En effet, ils ne cessent de tirer à boulets rouges sur la 1559, au moment où Damas souligne qu’il n’est pas en guerre contre la résolution. Au lieu de se montrer plus royaliste que le roi, ajoutent les opposants, le pouvoir local ferait mieux de tenter de se renseigner sur les tractations que la Syrie tente de développer, en secret ou ouvertement, en direction des États-Unis. Ce qui peut faire craindre la conclusion d’un nouveau marché aux dépens, et sur le dos, du Liban. Un bazar dans lequel la Syrie pourrait marchander son rôle en Irak, ou auprès des Palestiniens radicaux, ainsi que son alliance avec l’Iran, contre son rôle au Liban. Après les élections irakiennes, on pourrait de la sorte voir appliquées les clauses de la 1559 relatives aux camps palestiniens et à la ligne bleue. Mais pas les dispositions portant sur la présence syrienne politique au Liban, sur le terrain les troupes se contentant d’un repli sur la Békaa, avec l’assentiment tacite des USA. Un risque de troc justifié par nombre de précédents. Mais auquel la France s’opposerait, bien sûr, en précisant pour l’heure qu’elle ne prête aucune foi à de telles supputations sur le jeu américain. Émile KHOURY
Récemment, un cénacle privé a réuni des politiciens loyalistes et opposants qui ont débattu de la 1559, à la lumière des propos tenus devant le corps diplomatique, puis devant le corps consulaire, par le chef de l’État, le général Émile Lahoud. Ainsi qu’à la lumière des déclarations du président du Conseil, Omar Karamé, de l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, et...