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Droits de l’homme - Signature d’un accord entre la Direction générale de la Sûreté générale, la Commission internationale catholique pour la migration et Caritas La « maison de refuge », un recours pour la main-d’œuvre étrangère victime d’abus (photo)

Les travailleurs étrangers du Liban dans leur ensemble, et plus particulièrement les employées de maison, les mannequins, les danseuses, les serveuses et les femmes travaillant dans des cabarets ou des salons de massage, peuvent désormais avoir recours à une « maison de refuge » au cas où ils sont maltraités par leurs employeurs ou victimes d’abus en tout genre. C’est au terme d’une collaboration entre le gouvernement libanais, la Commission internationale catholique pour la migration (ICMC) et Caritas qu’est née la « maison de refuge ». Une collaboration qui a abouti à un mémorandum d’entente, signé hier à la Direction générale de la Sûreté générale par les trois partenaires de l’accord, notamment Jamil es-Sayyed, directeur général de la Sûreté générale, le père Louis Samaha, président de Caritas Liban, et Jim Kelly, représentant la ICMC au Liban. Et ce, en présence de nombreux représentants des ambassades étrangères. « Ce mémorandum, a indiqué Jamil es-Sayyed pour l’occasion, constitue une interprétation opérationnelle de notre intérêt commun de venir en aide aux victimes du trafic des personnes, de la violence et de l’abus, qui touchent spécialement les femmes travaillant comme femmes de ménage, ou dans les cabarets et autres secteurs spécifiques. » Et le directeur de la Sûreté générale de préciser que par compassion et solidarité avec les pays du Sud-Est asiatique tragiquement touchés par le séisme, la Sûreté générale a pris l’initiative de permettre aux ressortissants du Sri Lanka et de l’Inde en situation irrégulière au Liban et désirant rentrer dans leur pays de régulariser leur séjour en les exemptant, avec la collaboration de leurs ambassades, des taxes dues à leurs infractions et des procédures juridiques. À son tour, le père Louis Samaha, président de Caritas Liban, a fait part du souci de l’association qu’il représente de lutter contre toute forme de trafic humain, mais aussi de discrimination raciale et religieuse. « La mise en place de la “maison de refuge” est une aide d’urgence aux travailleurs étrangers victimes de ce trafic humain », a-t-il ajouté. « Nombre d’entre eux sont exploités et traités de la pire des manières, à tel point qu’ils deviennent telles des marchandises que l’on vend et qu’on achète », a-t-il aussi dénoncé. C’est le représentant de la ICMC, Jim Kelly, qui a donné le mot de la fin, remerciant les différents partenaires pour leur coopération, mais aussi le gouvernement des États-Unis pour son soutien financier. Il a par ailleurs exprimé sa satisfaction de voir ce projet exécuté au terme de trois années de préparation, souhaitant que « la naissance de la “maison de refuge” soit source d’inconfort pour tous ceux qui abusent des travailleurs étrangers et plus précisément des femmes ». Une reconnaissance officielle des abus et des droits C’est dans le but d’enrayer toute forme d’exploitation des travailleurs étrangers au Liban, mais aussi le trafic des personnes et la prostitution (souvent forcée), que la « maison de refuge » a vu le jour. En effet, ce projet porte assistance aux employés et employées victimes de maltraitance et d’abus, et les aide à entamer les procédures nécessaires au respect de leurs droits au Liban ou à leur retour dans leur pays. Car désormais, la main-d’œuvre étrangère bénéficie de droits spécifiques, inscrits et détaillés dans des fascicules qui lui sont distribués, ainsi qu’aux agences de recrutement et aux ambassades concernées : en effet, les employées de maison ont notamment le droit à un contrat en bonne et due forme, spécifiant les conditions de travail, la rémunération, le salaire mensuel et l’assurance médicale dont elles bénéficient ; elles ont aussi droit à un congé hebdomadaire, à la libre pratique de leurs rites religieux, celui d’appeler leur famille au moins une fois par mois (à leurs propres frais ou aux frais de leur employeur), mais aussi celui de contacter leur ambassade ou l’agence de placement si elles subissent des abus d’ordre moral, physique ou sexuel, etc. Quant aux femmes travaillant dans des cabarets ou exerçant des métiers d’accompagnement, elles disposent notamment du droit de bénéficier d’un contrat de travail spécifiant les conditions et le lieu de leur emploi, leur rémunération ainsi que du droit de résilience de leur contrat. Elles ont aussi droit à une journée de congé hebdomadaire et à des horaires de sortie quotidienne. Quant à la prostitution, elle est interdite. Parallèlement, les travailleurs étrangers ont aussi des devoirs envers leurs employeurs, devoirs qui sont aussi spécifiés dans les fascicules. Cette initiative est une première au Liban, dans la mesure où le gouvernement libanais admet finalement l’existence d’abus dont sont principalement victimes les employées de maison et les femmes travaillant dans des cabarets. Gouvernement qui, par ailleurs, leur reconnaît des droits et des devoirs. Il reste à espérer que l’application du projet se fera de manière efficace et à tous les niveaux. Anne-Marie EL-HAGE
Les travailleurs étrangers du Liban dans leur ensemble, et plus particulièrement les employées de maison, les mannequins, les danseuses, les serveuses et les femmes travaillant dans des cabarets ou des salons de massage, peuvent désormais avoir recours à une « maison de refuge » au cas où ils sont maltraités par leurs employeurs ou victimes d’abus en tout genre.
C’est au terme...