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Actualités - OPINION

Spéculations fébriles sur les nouvelles tactiques syriennes

Deux coups de théâtre en quelques heures. La visite du général Rustom Ghazalé à Koraytem. Celle du vice-ministre syrien des AE, Walid Moallem, au palais Bustros. Visiblement, la Syrie agit dans une nouvelle direction. Mais laquelle au juste ? Les spéculations vont bon train à ce sujet. Pour certains, la Syrie constate tout simplement que la prorogation du mandat du président Lahoud lui a fait perdre beaucoup de points sur la scène libanaise. Des alliés traditionnels majeurs se sont détachés d’elle avec éclat, ou ont pris clairement leurs distances. Venant renforcer les rangs d’une opposition déjà raffermie, en regard de l’opinion, par les dérives du pouvoir, les querelles entre dirigeants. Aux portes des élections, tournant capital, les rapports de force n’avantagent donc plus aussi nettement les décideurs et leurs fidèles. Qui risquent de ne pas l’emporter, surtout si le scrutin devait être libre. Ce qui est presque obligatoire, étant donné la 1559 et la surveillance exercée par les puissances. Il faut donc, pour la Syrie, faire de la récupération. D’où les récentes démarches, tactiques plutôt que stratégiques, du général et du vice-ministre. L’heure serait dès lors au gant de velours, la main de fer se faisant (éventuellement) de nouveau sentir si d’aventure le camp prosyrien, plus ou moins reconstitué, devait gagner les élections. Un renversement de vapeur dont la Syrie a déjà administré un exemple récemment : avant la présidentielle, elle a fait risette aux Libanais, en les invitant à s’exprimer librement. Puis elle a tout simplement décrété la prorogation. Ce qui lui a coûté de se retrouver avec un capital de faibles assistants libanais, qui sont même un fardeau pour elle, car ils sont largement débordés par le camp adverse. Aussi, toujours selon ces sources, la Syrie fait le premier pas en direction des amis qui se sont trouvés forcés de la lâcher par suite de ses propres décisions drastiques. Elle en a d’autant plus besoin qu’elle traverse une dure épreuve face à la 1559 et aux pressions occidentales. Comme elle tente de retarder son départ, ou son repli sur la Békaa, pour après les élections, elle veut que ces pôles influents l’y aident. C’est ce qui explique qu’elle s’en rapproche. Diviser pour régner D’autres pensent que par la souplesse qu’elle manifeste soudain, la Syrie cherche à brouiller les cartes par rapport à la bataille électorale. En amadouant les transfuges qui se sont éloignés d’elle, elle espère semer le trouble dans les rangs opposants. Et favoriser, en définitive, des listes panachées gommant la rivalité entre les loyalistes et l’opposition, qui ne pourrait plus crier victoire. Pour ces professionnels, le premier objectif syrien est de faire voler en éclats la cohésion de l’opposition. En repliant les troupes syriennes sur la Békaa, non pas en application à la 1559 mais conformément à Taëf. Cette initiative mettrait en relief les divisions de l’opposition. On sait en effet que des piliers comme Joumblatt et Hariri sont pour un tel redéploiement préservant une présence militaire syrienne purement stratégique. Tandis que d’autres, dont des pôles de Kornet Chehwane, ne veulent entendre parler que d’un retrait total, comme l’exige du reste la 1559. Cette position ferme est défendue notamment par les aounistes, les FL, le Bloc national, le PNL, le Mouvement réformiste kataëb. Qui se retrouveraient face à Joumblatt et Hariri en porte-à-faux, le projet de vaste alliance électorale s’en trouvant alors fortement compromis. Il ne serait plus question alors de ce que les décideurs redoutent le plus, à savoir des listes cohérentes se réclamant de la souveraineté, face à des listes qualifiées de soumises. La dislocation du front électoral opposant permettrait à la Syrie de s’assurer de nouveau d’une confortable majorité au Parlement libanais. Et de garder la haute main sur la décision politique au Liban, après l’abolition de sa présence militaire. Les États-Unis et la France n’y pourraient rien, surtout s’ils ne peuvent plus s’appuyer sur une forte opposition libanaise à la perpétuation de l’influence dominante syrienne. Le but de l’approche syrienne actuelle, indiquent ces sources, est donc de renvoyer le retrait, ou le repli, à après les élections, pour mieux court-circuiter la 1559. Du moins en ce qui concerne le rôle syrien. Car, selon ces professionnels, il ne serait pas exclu de voir la Syrie jeter du lest en direction des USA en facilitant par la suite le désarmement du Hezbollah, le contrôle des camps palestiniens et le déploiement de l’armée libanaise sur la ligne bleue. Émile KHOURY

Deux coups de théâtre en quelques heures. La visite du général Rustom Ghazalé à Koraytem. Celle du vice-ministre syrien des AE, Walid Moallem, au palais Bustros. Visiblement, la Syrie agit dans une nouvelle direction. Mais laquelle au juste ? Les spéculations vont bon train à ce sujet.
Pour certains, la Syrie constate tout simplement que la prorogation du mandat du président Lahoud...