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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent La Visite De Walid Al-Moallem A Beyrouth

La soudaine visite de Walid al-Moallem à Beyrouth n’a pas fini de susciter des interprétations diverses. S’agit-il de la concrétisation d’une décision des autorités syriennes de modifier leur approche du dossier libanais, ou d’une concession à l’opposition, notamment à Walid Joumblatt qui réclame que les relations libano-syriennes ne passent plus par le chef des services syriens au Liban, ou encore d’une manœuvre en direction de l’Occident et visant à une coordination étroite entre les deux pays pour la 1559 ? Nous avons demandé son opinion au député Misbah el-Ahdab, membre du mouvement du Renouveau démocratique. Misbah Ahdab, député et membre du Renouveau démocratique Q : Selon vous, la visite de M. Walid al-Moallem à Beyrouth indique-t-elle un changement dans l’approche syrienne du dossier libanais ? R : « Je pense qu’il est trop tôt pour évaluer la portée de cette visite et pour l’interpréter. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a déjà eu un changement en Syrie, notamment au ministère des Affaires étrangères, où M. Moallem vient d’être nommé vice-ministre. Mais de là à dire qu’il y a un changement de fond dans l’approche syrienne du dossier libanais... Je crois, de toute façon, qu’il y a tant de dossiers en suspens entre le Liban et la Syrie qu’on ne peut pas émettre un jugement global à partir d’une initiative pour l’instant ponctuelle. Il faudrait attendre un peu et voir la suite pour se prononcer. » Q : Mais déjà, le fait que le vice-ministre syrien ne se soit rendu qu’au palais Bustros au lieu de faire la tournée des responsables, n’est-il pas un indice concret de changement ? R : « Vous avez sans doute raison de dire qu’il y a du nouveau dans l’approche syrienne du dossier libanais. Mais, à mon avis, d’autres mesures doivent être prises pour que l’on puisse parler de changement réel. Cette initiative, prise toute seule, ne peut être considérée comme une modification fondamentale des relations libano-syriennes. C’est en tout cas prématuré de le dire. Je pense toutefois que ce serait une très bonne chose si les rapports entre le Liban et la Syrie restent concentrés entre les fonctionnaires au lieu des militaires. C’est certainement un bon début. Mais il faut attendre la suite. » Q : Que pensez-vous de la différence de ton utilisée d’une part entre MM. Hammoud et Moallem, qui ont insisté sur le fait que le Liban et la Syrie ne sont pas en guerre contre la 1559 et les propos des présidents Lahoud et Assad, plus hostiles à cette résolution ? R : « Depuis l’adoption de la résolution 1559, nous assistons à une sorte de dualité, pour ne pas dire schizophrénie, de la part du pouvoir à l’égard de cette résolution. D’une part, le gouvernement affirme, dans sa déclaration ministérielle, qu’il n’y est pas opposé et, d’autre part, il multiplie les déclarations qui lui sont hostiles. À mon avis, la seule alternative à la 1559 est l’application totale de l’accord de Taëf. Or, nous n’en sommes pas encore là et ce n’est pas avec des speechs, surtout contradictoires, que l’on va affronter la 1559. » Q : Que pensez-vous de la visite du chef des SR syriens au Liban à l’ancien président du Conseil, Rafic Hariri ? Le brigadier Ghazalé entreprend des contacts politiques et le lendemain le vice-ministre syrien des AE est envoyé au palais Bustros... R : « D’abord, je pense qu’une relation ancienne existe entre MM. Ghazalé et Hariri. Ensuite, j’ignore si des sujets de politique interne ont été abordés au cours de cet entretien qui a été suivi d’un déjeuner. Ce dont je peux parler, c’est que la visite de M. Hariri le lendemain à M. Joumblatt était justement destinée à montrer qu’en ce qui le concerne, rien n’a changé et qu’il continue à être proche de l’opposition. C’est pour moi la preuve que les choses continuent à évoluer dans le même sens... » Éliane Chéhadé, libraire Q : Pensez-vous que la visite du vice-ministre syrien à Beyrouth est une concession à l’opposition et l’indice d’un changement dans l’attitude syrienne à l’égard du Liban ? R : « Je voudrais bien le croire. Mais je me méfie de ce genre de démarche, qui, en général, est plutôt destiné à jeter de la poudre aux yeux. Depuis des années, les Libanais spéculent sur un changement dans l’attitude syrienne, sur des relations institutionnalisées, qui passeraient par les responsables des deux pays. Résultat, les belles apparences durent quelques mois et la valse des contacts, des entretiens et des visites, secrètes ou non, reprend de plus belle. À mon avis, ce n’est que sous la pression que les Syriens réagissent. Il faudrait donc la maintenir, si on veut un véritable changement. Sinon, on devra se contenter d’initiatives essentiellement médiatiques. » Scarlett HADDAD

La soudaine visite de Walid al-Moallem à Beyrouth n’a pas fini de susciter des interprétations diverses. S’agit-il de la concrétisation d’une décision des autorités syriennes de modifier leur approche du dossier libanais, ou d’une concession à l’opposition, notamment à Walid Joumblatt qui réclame que les relations libano-syriennes ne passent plus par le chef des services...