Rechercher
Rechercher

Actualités

Diplomatie - Gatti : « La vocation du Liban est d’être une nation de marque » Lahoud : La 1559, « un danger direct pour l’unité nationale »(photos)

Le président Émile Lahoud a réitéré hier son opposition à la résolution 1559 de l’Onu, qui réclame le départ des troupes syriennes du Liban, en l’absence d’une « paix juste » dans la région et parce qu’elle représente un « danger direct » pour l’unité nationale. « L’absence d’une paix juste et globale représente le danger véritable qui menace tous les pays et les peuples de la région, et les empêche d’être stables et prospères », a affirmé M. Lahoud dans une allocution prononcée devant le corps diplomatique au Liban, qui lui rendait la traditionnelle visite du Nouvel An. « Le Liban souffre de l’absence de cette paix, c’est pour cela qu’il a pris cette position à l’égard de la résolution 1559 tout en respectant toutes les résolutions internationales, car cette résolution fait abstraction de la paix », a ajouté M. Lahoud, selon le texte du discours distribué en arabe, en français et en anglais. « Le Liban est opposé à la résolution 1559 », a affirmé M. Lahoud, selon le texte en arabe. Il a en outre affirmé que la résolution 1559 « demande au Liban de remplir certaines obligations qui, si elles sont mises en application dans l’état actuel, représentent un danger direct pour son unité nationale, sa stabilité et sa sécurité ». Votée en septembre dernier à l’instigation de Paris et Washington, cette résolution du Conseil de sécurité réclame implicitement le retrait des troupes syriennes du Liban et le désarmement du Hezbollah ainsi que des mouvements palestiniens au Liban. S’adressant aux pays occidentaux, notamment les États-Unis et la France, M. Lahoud a indiqué que les « pressions que l’on exerce sur le Liban » pour l’application de cette résolution « lui font courir un grave danger ». Selon lui, ce danger « se manifesterait par l’implantation des réfugiés palestiniens, et ce par l’élimination du droit au retour et par l’élimination de sa résistance qui représente son arme pour la paix ». En outre, l’application de cette résolution « transformerait le Liban en fer de lance pour poignarder la Syrie, seul pays à avoir aidé le Liban à arrêter la guerre civile, à reconstruire ses institutions et son armée décimées et confisquées par les milices », a-t-il dit. « C’est pour toutes ces raisons que le Liban demande l’application des résolutions du droit international non encore mises en vigueur à ce jour dans la région et plus particulièrement les résolutions 194, 242, 338 et ce qui reste de la 425 ». La résolution 194 de l’Assemblée générale de l’Onu pose le droit au retour des réfugiés palestiniens, dont 400 000 sont enregistrés au Liban, alors que les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité sont relatives au conflit israélo-arabe. Le Liban considère que l’application de la résolution 425 du Conseil de sécurité a été incomplète car Israël maintient son occupation dans le secteur controversé des fermes de Chebaa, aux confins du Liban, de la Syrie et d’Israël. L’Onu estime au contraire que le retrait israélien en 2000 du Liban-Sud après 22 ans d’occupation a conduit à une application totale de la résolution 425, votée en 1978, et que la question des fermes de Chebaa, conquises par Israël sur la Syrie en 1967, doit être traitée séparément par des moyens diplomatiques. Les condoléances du Liban Évoquant les « moments tragiques » vécus par le Moyen-Orient, et notamment les « drames quotidiens » qui marquent l’actualité en Palestine et en Irak, le chef de l’État a attribué cette situation « à l’absence de solutions politiques pacifiques » et « à la logique de la force qui a supplanté la logique du droit ». « La sécurité est la conséquence directe de la paix », a encore souligné M. Lahoud, qui a conclu son message en affirmant : « Le Liban demande à vos pays d’œuvrer pour la paix juste et globale basée sur la négociation (...) La sécurité par la force, sans la paix, cela relève de l’impossible. » Le chef de l’État a par ailleurs présenté « les sincères condoléances du Liban aux représentants des pays du Sud-Est asiatique touchés par le séisme ». « Nous demandons à la communauté internationale et plus partriculièrement aux pays riches de leur apporter aide et soutien afin d’alléger les souffrances causées par cette catastrophe naturelle », a-t-il dit. M. Lahoud a chargé le nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti, doyen du corps diplomatique, de transmettre ses vœux de santé à Jean-Paul II. Gatti : La paix dans la liberté Le discours du président Lahoud a suivi celui du nonce apostolique qui avait présenté les vœux du Nouvel An au chef de l’État, en soulignant, avec la subtilité des diplomates, que « la paix passe par le respect des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes », et que « les Libanais aspirent à la paix, mais dans la liberté ». Le Liban est « en mesure de choisir les formes de son “vivre en commun” dans la fidélité à son histoire », a encore relevé le doyen du corps diplomatique dans son allocution, dont nous publions de larges extraits : « La vocation du Liban est d’être une nation de marque dont l’ensemble des communautés est uni par des liens de solidarité et de culture (...). Il est certain que vous œuvrez pour cette solidarité et pour la paix de votre peuple. Cette paix n’est pas seulement l’absence de conflits, mais la résolution pacifique des différends entre les diverses communautés, et la dynamique d’un ordre social fondé sur le droit et la justice. Plus précisément, il faut consolider les fondations de la paix en les appuyant sur la sauvegarde des droits de tout citoyen et aussi des droits du peuple libanais. « Il est évident que la justice passe par le respect des droits des peuples et des nations. Le Saint-Père affirme que “la paix durable ne peut être imposée par la volonté du plus fort, mais elle doit être consentie par tous dans le respect des droits de chacun...” Et il ajoute: “À l’Est comme à l’Ouest, le droit des peuples à disposer de leur destin et à coopérer librement avec les autres au bien commun (...) ne peut que favoriser la paix, dans la mesure ou chacun se sentira mieux respecté, et donc partenaire à part entière dans le dialogue entre les nations”. » « Vous être profondément conscient, Monsieur le Président, qu’en faisant appel à la raison, à la patience et au dialogue, et dans le respect inaliénable du peuple libanais, il est possible de découvrir et de parcourir les voies de l’entente et de la paix. » « En tant qu’observateurs, nous constatons que les Libanais aiment et s’attachent aux principes de l’entente et aspirent à cette paix dans la pleine liberté. Ce peuple est en mesure de choisir les formes de son “vivre en commun”, dans la fidélité à son histoire et dans la continuité avec son patrimoine de pluralisme culturel et religieux. Mais avant tout, ne faut-il pas assurer à ce peuple le potentiel vital, c’est-à-dire cet rensemble de conditions sociales qui permettent tant aux groupes qu’aux particuliers, d’atteindre leur perfectionnement d’une façon plus totale et plus aisée, et de rende acessible à chacun tout ce dont il a besoin pour mener une vie vraiment humaine et prospère. » Dans son message annuel pour la Journée mondiale de la paix, le Saint-Père a invité tous les dirigeants du monde à promouvoir la paix qui « est un bien pour les personnes, les familles, les nations de la Terre et pour l’humanité entière ; elle est donc un bien à garder et à entretenir par le choix du bien et par des actions bonnes ». « Pour trouver son chemin entre les appels opposés du bien et du mal, ajoute le Saint-Père, il est nécessaire et urgent pour la famille humaine de mettre à profit le patrimoine commun des valeurs morales, reçu comme un don de Dieu lui-même. La violence détruit ce qu’elle prétend défendre : la dignité, la vie, la liberté des êtres humains... Il est donc indispensable de promouvoir une grande opération d’éducation des consciences, qui enseigne le bien à tous, surtout aux nouvelles générations, leur ouvrant l’horizon d’un humanisme intégral et solidaire. Sur ces bases, il est possible de donner vie à un ordre social, économique et politique qui tienne compte de la dignité, de la liberté et des droits fondamentaux de toute personne. » Aujourd’hui, le président Lahoud recevra les vœux du corps consulaire.

Le président Émile Lahoud a réitéré hier son opposition à la résolution 1559 de l’Onu, qui réclame le départ des troupes syriennes du Liban, en l’absence d’une « paix juste » dans la région et parce qu’elle représente un « danger direct » pour l’unité nationale.
« L’absence d’une paix juste et globale représente le danger véritable qui menace tous les pays et...