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« Mort, il sera un martyr... Peut-être encore plus puissant », estiment les experts Terrorisme : l’inutile capture d’Oussama Ben Laden

La capture d’Oussama Ben Laden reste un objectif majeur des États-Unis mais ne suffirait plus à entraver l’action du terrorisme islamiste mondial, estiment responsables politiques et experts. Le chef d’el-Qaëda, qui échappe depuis des années à ses poursuivants sans perdre sa capacité à s’adresser au monde et à lancer des fatwas, est devenu pour ses partisans et ses sympathisants un symbole, un mythe, l’incarnation d’une idéologie qui survivra à sa capture ou à sa mort. « Il ne faut pas croire que le jour où nous attraperons Ben Laden, cela voudra dire que le terrorisme disparaîtra », a ainsi assuré la ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie. Steve Simon, ancien directeur de la section « Menaces transnationales » au Conseil national de sécurité américain, aujourd’hui analyste à la Rand Corporation, est persuadé que « même si nous l’avions arrêté à Tora Bora » (dans les montagnes afghanes, en décembre 2001) « c’eût été déjà trop tard ». « Parce qu’il avait déjà détruit le World Trade Center. Après cet acte “magnifique”, son idéologie avait déjà métastasé (...) Il est désormais l’émir. L’arrêter ou le tuer ne diminuerait pas l’influence qu’il exercera sur les musulmans dans le monde pour les années à venir. Mort, il sera un martyr... Peut-être encore plus puissant. » Pour Alex Standish, rédacteur en chef du Jane’s Intelligence Digest à Londres, « il est très difficile pour les Occidentaux de comprendre qu’el-Qaëda est bien au-delà d’une organisation militante. C’est désormais une idéologie internationale, comme le communisme ou le fascisme furent des idéologies ». « Il est toujours plus facile de personnifier son ennemi, de le diaboliser », estime François Burgat, chercheur au CNRS, fin connaisseur de l’islamisme radical. « Cela permet d’éviter d’avoir à se poser des questions sur la part de responsabilité que l’on peut avoir dans le mouvement qu’il incarne. Depuis le 11 septembre, les États-Unis n’ont donné qu’une réponse sécuritaire, et non une réponse politique. Tant qu’ils ne le feront pas, rien de fondamental ne changera. » L’arrestation ou la mort du chef d’el-Qaëda permettrait toutefois de mettre un terme à une cavale qui, par sa dimension épique, alimente chaque jour, surtout sur les sites Internet intégristes, la légende du chef terroriste. « Il a construit son mythe, celui du “vieil homme dans la montagne”, en référence à Hassan Ibn Sabbah, fondateur au XIe siècle de la secte islamique des Assassins », explique l’expert français Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme. « Si demain on le tue ou on le trouve, le mythe s’écroule. »
La capture d’Oussama Ben Laden reste un objectif majeur des États-Unis mais ne suffirait plus à entraver l’action du terrorisme islamiste mondial, estiment responsables politiques et experts. Le chef d’el-Qaëda, qui échappe depuis des années à ses poursuivants sans perdre sa capacité à s’adresser au monde et à lancer des fatwas, est devenu pour ses partisans et ses sympathisants...