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Pour Abbas, un défi de taille

Deux mois après la disparition de Yasser Arafat, symbole s’il en est de la cause palestinienne, un lourd fardeau repose sur les épaules de Mahmoud Abbas, dont la victoire à la présidentielle est annoncée. Si celui, dont on insistait plus sur le manque de charisme que sur la vision politique, semble avoir gagné de l’assurance au cours de la campagne électorale, il n’en est qu’au tout début d’un long, très long chemin particulièrement semé d’embûches. Quatre ans après le début de la deuxième intifada, les négociations avec Israël sont au point mort, la société palestinienne est exsangue, l’économie des Territoires ravagée, les institutions palestiniennes archaïques, les services de sécurité on ne peut plus pléthoriques et concurrents. Autant de dossiers sur lesquels le prochain président devra prendre des décisions fermes qui ne seront assurément pas du goût de tous. L’un des premiers chantiers auquel Abbas devra s’atteler est celui de la réforme des institutions palestiniennes, à commencer par le Fateh, son propre parti. Pour ce faire, il devra s’attaquer aux acquis et autres prébendes de ceux qui ont su mettre en place un système corrompu. Le leader palestinien devra par ailleurs faire face au front des radicaux, qui, même s’ils se disent prêts à coopérer, ont déjà prouvé leur opposition à une démilitarisation de l’intifada ainsi qu’à l’arrêt des tirs de roquettes. Si la transition, depuis le décès de Yasser Arafat, s’est faite de manière remarquablement calme, ces deux dossiers pourraient, une fois ouverts, fortement altérer cette situation. Économie, réforme, négociations... Sur tous ces dossiers, le futur président devra en outre compter avec Israël. Avec cette question : l’État hébreu est-il prêt, au-delà de la rhétorique, à faciliter la tâche de Mahmoud Abbas. Rien n’est moins sûr. Tel-Aviv présente à la communauté internationale le retrait de Gaza comme un geste de bonne volonté. Or, qui peut oublier cette sortie de Dov Weisglass, l’un des principaux conseillers d’Ariel Sharon : « Le plan de retrait de Gaza vise à geler le processus de paix. Et, quand vous gelez le processus de paix, vous empêchez l’établissement d’un État palestinien et toute discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem. Cet ensemble, appelé l’État palestinien, a été clairement retiré, jusqu’à nouvel ordre, de notre agenda politique. » On peut difficilement être plus clair, et plus proche du Premier ministre israélien. Se retirer de Gaza, poursuivre la construction du mur, renforcer les colonies de Cisjordanie qui, à l’inverse de celles de Gaza, sont facilement sécurisables et ont l’avantage de morceler, de « bantoustaniser » les territoires palestiniens... Le gouvernement Sharon peut assurément trouver un intérêt stratégique à maintenir ce statu quo. Dans ces conditions, aussi bien intrapalestiniennes que bilatérales, le mandat de Abbas s’annonce des plus ardus, de véritables travaux d’Hercule. Il reste néanmoins un acteur, qui pourrait rallumer cette « lueur d’espoir » dont osait parler Ariel Sharon le mois dernier : la communauté internationale. Certes, Abou Mazen semble bénéficier des faveurs des Européens et des Américains, un changement de taille par rapport à Yasser Arafat. La nouvelle Administration Bush n’a toutefois montré aucun signe indiquant une quelconque volonté de rééquilibrer ses soutiens sur le dossier israélo-palestinien. Dans ces conditions, les raisons d’être optimistes sur l’après-élection paraissent bien minces. Émilie SUEUR
Deux mois après la disparition de Yasser Arafat, symbole s’il en est de la cause palestinienne, un lourd fardeau repose sur les épaules de Mahmoud Abbas, dont la victoire à la présidentielle est annoncée. Si celui, dont on insistait plus sur le manque de charisme que sur la vision politique, semble avoir gagné de l’assurance au cours de la campagne électorale, il n’en est qu’au...