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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉMIGRATION - Un appel du président Omar Guelleh «Libanais, investissez à Djibouti!» (Photo)

DJIBOUTI, d’Élie MASBOUNGI C’est le plus petit pays d’Afrique de l’Est (23000 km2), avec une population de 640000 habitants. La République de Djibouti, membre de la Ligue arabe depuis son indépendance en 1977, compte aussi la plus petite communauté libanaise d’Afrique et peut-être même de tous les pays d’outre-mer, soit 30 personnes. Mais l’estime et la considération qu’éprouve pour nos compatriotes le chef de l’État djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, sont inversement proportionnelles au nombre de Libanais établis dans le pays. Et il n’a pas manqué de l’affirmer lors d’une interview accordée à L’Orient-Le Jour dans son palais de Djibouti-Ville. «Les Libanais de chez nous sont sérieux, dynamiques et inventifs», a dit notamment le président Guelleh, ajoutant que son pays ouvre les bras à nos compatriotes et à leur savoir-faire, notamment dans les domaines du tourisme, de la banque, des métiers de la communication et du secteur tertiaire en général. Citant en exemple le gigantesque projet du port de Doralé, situé près du port actuel – projet de 300 millions de dollars, réalisé en partenariat avec Dubaï et comprenant des structures pour les conteneurs géants, un terminal pétrolier et une zone franche –, le président djiboutien a invité les entreprises libanaises à participer au développement de son pays qui offre, explique-t-il, un environnement propice aux investissements étrangers grâce à son économie libérale, ses législations et réglementations souples, et son emplacement géographique intéressant en tant que port et poumon économique des deux grands pays voisins, la Somalie et l’Éthiopie. «Le Liban et Djibouti sont tous deux des pays arabes et francophones. Ils présentent des similitudes dans les cultures et les mentalités», a ajouté le président Omar Ismaïl Guelleh, qui dit avoir gardé un excellent souvenir du Liban où il était venu pour le sommet de la francophonie de Beyrouth. Représentation au Caire Les relations diplomatiques entre les deux pays sont assurées par les ambassadeurs respectifs résidant au Caire, mais Djibouti a un consul honoraire à Beyrouth, M. Assad el-Khoury, alors que l’inverse n’est pas encore concrétisé, à la grande déception des membres de notre mini-colonie. Nous avons rencontré ces compatriotes, et tout d’abord deux chefs d’entreprise connus. M. Joseph el-Khoury dirige l’entreprise Najwal (construction et aluminium), fondée il y a une vingtaine d’années par son frère Assad, l’actuel consul honoraire djiboutien au Liban, qui avait créé dans le pays trois entreprises avant de s’installer au Liban, en 1990, laissant à son frère le soin de gérer Najwal. Les frères el-Khoury, originaires de la région de Baalbeck, ont travaillé dur pour devenir leaders dans ce domaine avec 200 employés et ouvriers, dont 5 cadres libanais et 3 contremaîtres marocains. «Nous augmentons sans cesse nos investissements afin de développer encore nos activités et nous parvenons sans aucune difficulté à transférer des bénéfices au Liban ou ailleurs, car il n’y a aucune contrainte ici», nous confie M. el-Khoury. Deuxième chef entreprise: Samir Hanna Chebat, originaire d’Aïn el-Delbeh, près de Mayrouba (Kesrouan), qui a créé et développé depuis 1993, avec ses frères Georges, Raphaël et Samir, une florissante entreprise de climatisation: la Chebat Co., qui représente les prestigieuses marques Carrier et Trane. Avant de s’installer à Djibouti, les frères Chebat avaient émigré il y a 25 ans au Yémen, qu’ils devaient quitter en 1993 du fait de la guerre. «Nous sommes venus dans ce pays parce qu’il y avait déjà là une zone franche. Nous avons signé notre premier contrat avec l’armée française qui est, comme vous le savez, bien implantée ici et qui demeure notre principal client», poursuit Samir Chebat, qui a lui aussi souhaité qu’il y ait, à défaut d’ambassade, un consul honoraire libanais à Djibouti. Albert Élias Ibrahim, lui, est depuis 1977 maître d’école à Djibouti. Il enseigne la langue arabe dans plusieurs établissements, dont l’école des jeunes filles appartenant aux franciscaines et celle des garçons gérée par l’Ordre des capucins. Il a quitté Lebaa, son village natal du caza de Jezzine, avec Labib Aoun, un directeur d’école de Damour dont l’établissement avait été détruit lors des tragiques événements de cette localité côtière. «Nous étions sept enseignants et nous sommes venus en connaissance de cause, car ce pays avait besoin de professeurs de langue et de littérature arabes», a indiqué Albert Ibrahim, qui vit actuellement à Djibouti avec sa famille et qui vient chaque année avec sa femme et ses enfants «passer l’été à Lebaa, pour se ressourcer»... Mezzé à Djibouti Il n’y a pas de communauté libanaise digne de ce nom, si petite soit-elle, sans ses restaurateurs, et nos compatriotes de Djibouti n’échappent pas à la règle. Ils ont trouvé leur bonheur avec Hussein Dib, gérant d’un restaurant-pub du centre-ville où il sert des hors-d’œuvre et des plats libanais qui font la joie de sa clientèle cosmopolite, dont la principale composante est constituée par les militaires français et leurs familles. Après avoir quitté son village d’Aïtit (caza de Tyr) en 1996, Hussein à roulé sa bosse dans les pays de la «grande émigration» libanaise de l’Afrique de l’Ouest puis à Asmara. Il a préféré s’installer à l’est du continent noir où, selon lui, les gens sont « plus calmes et plus sereins ». Entré dans l’établissement comme simple cuisinier, il en est actuellement le gérant et pense qu’il pourra un jour l’acheter. Il a élaboré, dit-il, une carte-traiteur comprenant quelque 750 plats chauds. «Les Libanais du Sénégal et de Côte d’Ivoire sont plus solidaires que ceux d’ici, et cela s’explique peut-être par leur nombre, leur ancienneté et leur niveau de vie plus élevé», nous confie-t-il, ajoutant qu’il préfère travailler à Djibouti où la concurrence en matière de restauration libanaise est moins forte que dans l’ouest africain. Et la concurrence pour Hussein, c’est justement «La Terrasse», un restaurant-piscine tenu par Christian Ducout et Mona Musong. Lui est originaire de Bordeaux; elle est syro-libanaise de la troisième génération. Sa mère, une sainte femme de l’avis des Libanais de Djibouti, était originaire de Lattaquié et avait vécu à Beyrouth avant d’émigrer à Djibouti avec sa famille. Avant de lancer son restaurant, elle était aux petits soins de tous les Libanais qui travaillaient dans le pays et leur préparait chez elle des plats de notre terroir. «Pour qu’ils ne souffrent pas trop du dépaysement», explique Mona, qui reçoit tous les soirs dans son restaurant français climatisé, à l’étage ou autour de la piscine où sont servis de succulents plats bien de chez nous. Christian et Mona sont la coqueluche du Tout-Djibouti, et il est courant de rencontrer chez eux le Premier ministre et son épouse dînant en tête-à-tête, des membres du gouvernement, des ambassadeurs et des personnalités de premier plan qui préfèrent cette «Terrasse» quelque peu excentrée au brouhaha du centre-ville. Autre figure très populaire à Djibouti: Jihane Tawilé, représentante de l’OMS à Djibouti, qui dirige le bureau de l’organisme international et coordonne les activités sociales et humanitaires à Djibouti, en Éthiopie et en Somalie. «Cela fait beaucoup de travail», dit-elle avec un grand sourire, ajoutant que «cela en vaut la peine». Jihane ne se considère pas comme faisant partie intégrante de la communauté libanaise de Djibouti puisqu’elle peut à tout moment être mutée à un autre poste, mais elle est aimée et respectée par tous les Libanais. De plus, elle fait partie des cercles diplomatiques et elle répond volontiers aux invitations des ambassadeurs accrédités à Djibouti qui retrouvent en elle, nous a dit un diplomate égyptien, un beau visage du Liban.
DJIBOUTI, d’Élie MASBOUNGI

C’est le plus petit pays d’Afrique de l’Est (23000 km2), avec une population de 640000 habitants. La République de Djibouti, membre de la Ligue arabe depuis son indépendance en 1977, compte aussi la plus petite communauté libanaise d’Afrique et peut-être même de tous les pays d’outre-mer, soit 30 personnes.
Mais l’estime et la considération...