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Liban-USA - Feltman reçu par Lahoud, Karamé, Safadi et Audeh Washington veut des législatives « crédibles » (photo)

La démarche est singulière et mérite d’être soulignée. Au lieu de la traditionnelle déclaration à la presse à l’issue de son entretien avec le président de la République, l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman, a préféré s’abstenir de tout commentaire à sa sortie hier du palais de Baabda, avant de faire publier par sa chancellerie un communiqué en bonne et due forme reprenant les principaux points évoqués lors de l’entrevue avec le général Émile Lahoud. Les États-Unis voudraient se faire entendre plus fort qu’ils ne s’en prendraient pas autrement. D’autant que le message véhiculé par M. Feltman, au ton particulièrement musclé, comporte une véritable mise en garde aux autorités libanaises et syriennes au sujet des prochaines élections législatives. Ces élections seront « surveillées de près », avertit l’ambassade des États-Unis, qui consacre à ce scrutin plus de la moitié du texte du communiqué. L’autre partie étant réservée essentiellement à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, que la Syrie et le Liban sont invités à appliquer de façon « pacifique et organisée ». Le texte de l’ambassade prend une signification politique d’autant plus grande qu’il survient aussitôt après les assurances données par le chef de l’État à M. Feltman à propos du scrutin législatif. Le chef de l’État a en effet souligné que les élections seront « démocratiques » et affirmé que l’État restera « neutre ». Mais M. Lahoud a cru bon d’ajouter que toutes les consultations électorales qui se sont déroulées depuis 1990 ont été « démocratiques ». On peut douter de l’universalité d’une telle conception de la démocratie. E. F. «L’ambassadeur a passé en revue de nombreux sujets bilatéraux avec le président Lahoud et l’a informé des résultats de la visite du secrétaire d’État adjoint Richard Armitage à Damas », indique le communiqué de la chancellerie de Awkar. M. Armitage avait affirmé, au cours de ses entretiens avec le président syrien Bachar el-Assad, et son ministre des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, que les États-Unis sont « soucieux d’une application complète de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, avec un retrait pacifique et organisé des forces militaires et des services de renseignements syriens », selon le communiqué. M. Feltman a d’autre part fait savoir à M. Lahoud que M. Armitage avait « insisté au cours de ses rencontres à Damas sur le fait que les États-Unis et leurs partenaires internationaux allaient surveiller de près et avec grand intérêt les élections législatives prévues au Liban au printemps prochain », poursuit le texte. « Les États-Unis espèrent qu’en harmonie avec l’esprit de la résolution 1559 ces élections seront crédibles et se dérouleront sans ingérence étrangère. Ils croient que, pour gagner cette crédibilité, il faudra que ces élections offrent de manière juste la possibilité à tous les candidats de se livrer à la compétition en toute liberté et loin de toute intimidation et menace de recours à la force », ajoute le communiqué de l’ambassade. « Les États-Unis croient que les législatives libanaises du printemps prochain, si elles sont justes et crédibles, constitueront une formidable occasion pour le peuple et le gouvernement libanais de démontrer au monde que les traditions démocratiques historiques du Liban demeurent vivaces », conclut le texte. Lahoud : L’État sera « neutre » Selon un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’État a fait savoir à l’ambassadeur que les prochaines élections législatives auront lieu « dans un climat comparable à celui des municipales » de l’année dernière, c’est-à-dire « de façon démocratique, neutre, désintéressée et intègre ». Cela est « dans l’intérêt même du Liban, un intérêt auquel nous nous sommes attachés indépendamment de toute autre considération », a ajouté M. Lahoud, estimant que la démocratie « distingue le Liban de beaucoup d’autres pays du monde ». Il a assuré que la loi électorale sera fondée sur « des critères uniques applicables dans toutes les régions du pays et pour l’ensemble des citoyens, sans aucune exception ni discrimination ». M. Lahoud a affirmé à son interlocuteur que depuis son accession à la tête de l’armée en 1990, puis à la présidence de la République (en 1998) et tout au long des six dernières années, une série de consultations électorales ont eu lieu et se sont toutes « caractérisées par la démocratie ». « En mai dernier, le Liban a été le théâtre d’un scrutin municipal qui s’est distingué par l’intégrité, le désintéressement et la neutralité de l’État et à propos duquel le Liban a mérité des félicitations internationales », a encore dit le président de la République. M. Lahoud a par ailleurs soutenu devant le diplomate la thèse selon laquelle « la stabilité et la sécurité dont jouit le Liban au milieu de l’atmosphère lourde que connaissent un certain nombre de pays de la région sont l’illustration naturelle des constantes stratégiques que le Liban a adoptées au cours des dernières années ainsi que de la coopération et la coordination entre le Liban et la Syrie ». Les événements ont, selon lui, démontré que cette coopération est « un facteur de stabilité dans la région ». Toujours selon le communiqué de la présidence, M. Feltman a transmis au chef de l’État les vœux du peuple américain pour la nouvelle année et l’a informé des résultats des entretiens du secrétaire d’État adjoint, Richard Armitage, dimanche dernier, à Damas. Chez Karamé, Safadi et Audeh Outre le palais de Baabda, l’ambassadeur des États-Unis a été reçu hier au Grand Sérail par le chef du gouvernement, Omar Karamé. L’entretien n’a pas été suivi de déclarations de la part de M. Feltman. Ce dernier s’est aussi rendu chez Mohammed Safadi, député de Tripoli et membre du bloc tripolitain, comprenant également Mohammed Kabbara et Maurice Fadel. L’entretien a duré une heure, au cours de laquelle les deux hommes ont évoqué essentiellement la 1559 et les législatives. Dans une déclaration à la presse, M. Safadi a indiqué avoir expliqué à l’ambassadeur la position de son bloc au sujet du scrutin, « une occasion véritable de prouver l’attachement des Libanais au système démocratique fondé sur le respect des libertés publiques et le principe de l’alternance au pouvoir ». « Nous sommes convenus de la nécessité d’une loi électorale juste et de l’organisation d’un scrutin honnête pour éviter toute faillite dans sa légitimité », a ajouté le député. M. Safadi a d’autre part déclaré avoir souligné devant l’ambassadeur que l’application de la résolution 1559 « n’est dans l’intérêt du Liban que si elle a lieu en coordination et dans l’entente avec la Syrie, car quelle que soit la force des résolutions internationales, celles-ci ne sauraient effacer les constantes stratégiques fondées sur les liens de l’histoire et de la géographie entre les deux pays ». « Je suis certain que tous les Libanais veulent voir consolidées des relations privilégiées et équilibrées entre la Syrie et le Liban », a-t-il dit. Le député a d’autre part indiqué que M. Feltman lui avait demandé des éclaircissements au sujet de l’agression dont les membres du bloc tripolitain avaient été l’objet il y a deux semaines à Tripoli. Enfin, l’ambassadeur des États-Unis a effectué une visite protocolaire au siège de l’archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth, où il a été reçu par le métropolite, Mgr Élias Audeh.
La démarche est singulière et mérite d’être soulignée. Au lieu de la traditionnelle déclaration à la presse à l’issue de son entretien avec le président de la République, l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman, a préféré s’abstenir de tout commentaire à sa sortie hier du palais de Baabda, avant de faire publier par sa chancellerie un communiqué en bonne...