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CONCERT - L’Orchestre symphonique national libanais à l’église Saint-Joseph (USJ) Sous une pluie d’étoiles(PHOTO)

Douce nuit pour une pluie d’étoiles… Aux portes de la fête de la Nativité, l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, a offert aux très nombreux mélomanes venus l’applaudir ce soir-là (phénoménale cette affluence pour les concerts de l’OSNL !), un florilège d’œuvres classiques mêlant généreusement, vivacité russe, romantisme ténébreux et tourmenté, baroque raffiné et élégant, fervent lyrisme religieux et dynamiques chants traditionnels de Noël. Dans une église illuminée par des bougies et décorée, de l’autel jusqu’au pupitre du maestro, de poinsettias rouge écarlate avec de grandes feuilles vertes, une pluie d’étoiles (grandes, moyennes et petites !) donc ayant pour noms des virtuoses pour piano, clarinettes, violoncelles et cor anglais qui ont exécuté de remarquables solos. Au menu, riche et varié, s’inscrivaient des pages de Borodine, Chopin, Baermann, Vivaldi, Baz, Bach.
Ouverture brillante et animée avec les Danses polovtsiennes tirées du Prince Igor d’Alexandre Borodine. Fastueuses et mouvantes chatoyances orchestrales sur rythme fort avec mélodie orientalisante pour célébrer la gloire des guerriers au cœur de lion et illustrer la redoutable charge de cavalerie. Somptueux tableau sonore à panache composé d’éblouissantes pages aux couleurs vives et flamboyantes.
Non moins beau est le Concerto n°2 en fa mineur pour piano et orchestre de Frédéric Chopin. En soliste, au clavier, Elizabeth Sombart (portant une splendide robe longue orange avec bustier en dentelle piqué de strass de la même couleur) qu’on a déjà applaudie mercredi dernier dans un magnifique concert de piano à quatre mains avec Devernaud. L’orchestre est laissé ici au second plan par le pèlerin polonais et tout le brio est accordé à un clavier d’une éloquence éminemment romantique. Fiévreuses coulées de notes, brûlantes comme une éruptive lave de volcan… Tourmente, rêverie, nostalgie, désirs tumultueux : voilà toute la passion et la fougue d’une œuvre d’une exceptionnelle beauté, écrite dans une inspiration de poésie délirante par un maître du clavier à vingt et un ans !
Après l’entracte, place à un adagio, bien court, pour clarinette (Zdenek Drhleckyet aux commandes du souffle du vent !) et cordes de Baermann. Un petit bijou d’une narration condensée et quelque peu secrète, d’une grande tendresse.
Vous avez dit hiver ? Voilà celui de Vivaldi, tiré des Quatre Saisons. En fa mineur. Frileux hiver, ronronnant avec sa cheminée qui flambe, ses arbres nus frissonnant sous la neige et les glaciales colères des tempêtes. Un hiver qui porte bien sa couleur de sarment qui réchauffe et de pluie qui tambourine sur les vitres. Aux frissons et vibrato du violon Mihaela Vlad. Toujours du Prêtre Roux mais dans un style moins « mouvementé » et descriptif, un concerto pour deux violoncelles et cordes. À l’archet, Olga Miziuk et Dimitry Babich pour une conversation au ton feutré, légèrement contrastée, entre ensemble et solistes, mais avec des moments de grande vivacité comme un ton qui monte suite à un mot qui trahit sentiments et émotions…
Mélodie pleine de ferveur et de piété, d’un lyrisme ardent empreint d’une indéniable élévation est cet Ave Maria signé Georges Baz où, à travers le cor anglais, Étienne Kupélian tente de donner lumière et densité à une œuvre, composée en 1959, vibrante comme une prière.
Dans le sillage des atmosphères sacrées, la chorale dirigée par le frère Khalil Rahmé a plongé l’auditoire dans un univers sonore angélique surtout avec ce merveilleux passage tiré du Magnificat de J. S. Bach. Glissement vers Noël avec le White Christmas pour reprendre en toute franchise, avec l’orchestre, un bouquet d’airs tout à fait de circonstance. Oui, toute la salle (très agitée entre applaudissements aux moments inappropriés, bougeotte de toute sorte, raclement de gorge, toussotements et bien sûr sonneries de cellulaires) a entonné dans l’euphorie et l’émotion ces chants qui font la grâce et le charme de cette saison bénie.
Les traîneaux filent sur la neige, les cloches sonnent à toute volée, les sapins scintillent, la crèche nous rend à une humilité oubliée et resplendit brusquement. Et en silence un fil d’or dans le ciel. La voilà l’étoile filante. Ô douce nuit… Silent night… Grâce à la musique (merci maestro et messieurs-dames les musiciens), tout le monde ou presque –si l’on exclut les incurables grincheux– avait retrouvé ce soir-là son âme d’enfant.
Edgar DAVIDIAN
Douce nuit pour une pluie d’étoiles… Aux portes de la fête de la Nativité, l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, a offert aux très nombreux mélomanes venus l’applaudir ce soir-là (phénoménale cette affluence pour les concerts de l’OSNL !), un florilège d’œuvres classiques mêlant généreusement, vivacité russe,...