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UNIVERSITÉ LIBANAISE - Les propositions Hariri-Siniora-Jisr jugées insuffisantes par les professeurs L’escalade se poursuivra « jusqu’au bout » malgré un « premier pas » de l’État

Le gouvernement se serait-il enfin décidé à répondre aux doléances des professeurs de l’Université libanaise ? La première tendance serait au oui, dans la mesure où la réunion qui a groupé hier après-midi le chef du gouvernement, Rafic Hariri, les ministres des Finances et de l’Enseignement supérieur, Fouad Siniora et Samir Jisr, semble avoir donné des résultats positifs. Sauf que la Ligue des professeurs à plein-temps de l’UL, par la voix de son président Charbel Kfoury, a dit non. En estimant que les décisions des trois responsables ne sont pas suffisantes, loin de là. Il n’empêche, une nouvelle réunion aura lieu « au plus tôt » entre la Ligue et le ministre de tutelle.
De fait, Rafic Hariri, Fouad Siniora et Samir Jisr ont décidé de proposer mercredi au Conseil des ministres de donner satisfaction aux revendications professorales suivantes : l’octroi aux professeurs d’une rallonge de 2,3 milliards deLL pour le budget de leur mutuelle (soit par le biais d’une loi visant à assurer le crédit grâce aux réserves du budget, soit par un décret autorisant ce crédit à titre exceptionnel); le versement des salaires des professeurs contractuels par heure effective pour l’année 2001-2002 ; l’approbation par le Conseil des ministres des contrats auquels le Conseil de l’Université a déjà donné son aval depuis plus d’un an ; la mise en place de conseils de représentants, et, cinquièmement, l’amendement des prestations de la mutuelle enseignante, dans le sens où les professeurs pourront continuer à profiter, « relativement », des services de cette dernière, dans les cas de décès ou d’invalidité permanente et à condition qu’ils n’aient pas cotisé au-delà de vingt ans.
« C’est un premier pas qui vient rompre l’indifférence affichée par le gouvernement » depuis des années, a dit hier Charbel Kfoury, interrogé par L’Orient-Le Jour. « C’est une main que l’on nous tend, et nous voulons le dialogue, mais on ne peut pas s’enivrer d’un raisin », a-t-il ajouté. Selon lui, il y a des points d’interrogation sur chacune des cinq propositions avancées par Rafic Hariri et ses deux ministres. « Avec l’octroi des 2,3 milliards, le gouvernement répare une grave erreur, comble un manque qui date du précédent budget, cette démarche est naturelle et ce n’est pas une faveur qu’il nous fait », préside le responsable universitaire. Idem en ce qui concerne les enseignants hors cadre.
Même réclamation contre l’adverbe « relativement » concernant les services de la mutuelle enseignante dont pourraient profiter les héritiers des professeurs décédés ou ayant subi une invalidité permanente. Charbel Kfoury n’a pas compris pourquoi un dû devrait être accordé « relativement ». Autre point d’interrogation : pourquoi le gouvernement ne versera les salaires en retard des contractuels « que par heure effective et pas ceux bénéficiant du plein-temps » ? Sans compter divers détails, de grande importance pourtant, concernant les conditions de calcul des indemnités de retraites des enseignants de l’université publique. D’autant plus que la réunion qui avait groupé plus tôt dans la matinée le ministre de l’Enseignement supérieur Samir Jisr et les professeurs de l’Université libanaise s’était visiblement soldée par un échec, Charbel Kfoury ayant déjà confirmé le mouvement d’escalade qui doit démarrer aujourd’hui lundi. M. Jisr s’était engagé pour sa part à évoquer le dossier, mercredi, en Conseil des ministres, « car, a-t-il rappelé, le ministre de l’Éducation n’est pas seul habilité à trancher ». M. Jisr affirmait aussi « qu’il faut du temps pour examiner les doélances des professeurs. De fait, nous devons tenir compte des répercussions d’un projet de loi sur le Trésor et sur les autres secteurs », a-t-il ajouté tout en exhortant ses interlocuteurs à la patience.
Mais comble d’ironie : le ministre de l’Enseignement supérieur avouait le plus sérieusement du monde qu’il n’était pas au courant des projets qui avaient déjà été élaborés par ses prédécesseurs à ce sujet. Le principe de la continuité de la chose publique est ainsi foulé au pied, et l’on se demande à quoi servent les passations des pouvoirs organisées après la démission de chaque gouvernement. Qui plus est, M. Jisr a attendu un mois de grève ouverte et les réactions indignées de la presse à cet égard avant de se pencher sur le dossier des professeurs de l’Université libanaise.
On comprend mieux ainsi la détermination des enseignants à poursuivre leur mouvement de contestation qui sera clôturé mercredi par deux sit-in, l’un devant le Parlement, l’autre devant le siège du Conseil des ministres. Et d’aucuns, parmi les membres du gouvernement, se disent également scandalisés par l’indifférence que le pouvoir affiche à l’égard de cette crise, « alors que 72 000 étudiants et 3 000 professeurs sont en grève depuis un mois ». Telle est l’attitude de Karim Pakradouni qui, dans une interview à la Voix du Liban, s’est engagé samedi à soulever ce problème durant la réunion de mercredi, avant d’ajouter : « Nous sommes tous responsables de l’UL, dont l’avenir est aujourd’hui menacé par la concurrence des établissements privés », a-t-il encore souligné. De son côté, le député Boutros Harb a menacé d’interpeller le gouvernement pour « dénoncer sa politique à l’égard de l’université », tandis que la présidente de la commission de l’Éducation au Parlement, Bahia Hariri, prônait « la coopération » et « le dialogue » pour aboutir à une solution au problème de l’UL.
Le gouvernement se serait-il enfin décidé à répondre aux doléances des professeurs de l’Université libanaise ? La première tendance serait au oui, dans la mesure où la réunion qui a groupé hier après-midi le chef du gouvernement, Rafic Hariri, les ministres des Finances et de l’Enseignement supérieur, Fouad Siniora et Samir Jisr, semble avoir donné des résultats...