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Les positions répétées de Bkerké ne varient pas d’un iota

Tout le long de sa retentissante tournée européenne, comme lors de son précédent périple américain, le patriarche Sfeir a martelé ces mêmes thèmes qui découlent, à ses yeux, des constantes nationales. Et qui se résument, globalement, comme suit :
– Retrait des forces syriennes, pour que le Liban recouvre sa souveraineté, son indépendance, son libre arbitre. Ce départ doit cependant s’effectuer à l’amiable, sans appeler une tierce partie à la rescousse.
– En attendant, il ne faut pas que la présence de l’armée syrienne serve de prétexte, ou de support, à une immixtion dans les affaires intérieures de ce pays. Que seuls les Libanais doivent gouverner.
– Respect des dispositions d’une Constitution qui, par définition, ne peut être modifiée pour un oui pour un non, comme une banale loi ordinaire. D’autant qu’il faut ménager le principe démocratique de l’alternance du pouvoir.
– Le pacte de Taëf n’a été que partiellement, et mal, appliqué. Les Libanais aspirent toujours à voir se réaliser les clauses qui doivent permettre de tourner la page d’un funeste passé. Par la réconciliation générale, la réhabilitation d’une vie nationale s’alimentant de la participation de toutes les composantes du pays aux responsabilités.
– L’avenir des chrétiens du Liban est celui-là même de l’ensemble des Libanais de toutes communautés, de toutes tendances. Dans le cadre d’une patrie fondée sur l’unité des musulmans et des chrétiens. Du reste en Europe, entre autres exemples, l’on ne considère pas les citoyens sous l’angle de leur appartenance religieuse, mais en fonction de leurs positions ou de leurs demandes. Les Européens traitent avec le Liban comme avec un pays pluraliste au niveau spirituel comme à celui des cultures.
– Pour ce qui est des relations de la Syrie avec Bkerké, elles se limitent encore à un échange, par le truchement d’intermédiaires, d’informations, de vues et d’expression d’estime.

Utilité
Après la vaste tournée européenne patriarcale, la question qui se pose est de savoir quels vont en être les fruits. Le cardinal Sfeir répond que les résultats, tant sur le plan paroissial que sur le plan politique, apparaîtront plus tard. Les professionnels jugent pour leur part que les États visités comprennent fort bien, certes, la situation du Liban, et souhaitent l’aider, mais n’y peuvent pas grand chose. Alors que les États-Unis, dont les capacités sont plus affirmées, ne semblent pas, pour leur part, animés d’une même volonté d’assistance.
Quarante jours – autant que le carême – de dialogues, de rencontres, de messes, pour un voyage qui, débutant par Paris, s’est terminé par Londres. Ultérieurement, un saut à Washington. Afin de tenter d’y réduire la partialité américaine en faveur d’Israël. En vue d’une paix globale équitable dans la région. Les USA, dont l’armée occupe l’Irak, exercent des pressions sur la Syrie et laissent les mains libres à Sharon dans les Territoires. Il faut dès lors s’efforcer d’inciter les États-Unis à prendre en compte, autant que leurs intérêts, les notions d’équité, de justice et de droit, pour que le monde leur fasse confiance. La visite de Washington s’impose également pour y développer une image exacte de la situation intérieure du Liban. Tout comme pour rappeler l’importance du rôle régulateur qu’il peut jouer dans la région grâce au modèle de pluralisme enrichissant, de coexistence des cultures, de modérantisme qu’il offre. Un pays qui peut contribuer activement à prévenir le péril de l’extrémisme fondamentaliste qui menace toute la région.

Doutes
Bien entendu, les professionnels se demandent si le patriarche Sfeir, en visitant Washington, peut infléchir les positions US. L’effort doit en tout cas être tenté. Jadis, le patriarche Khoreiche, reçu par Reagan, lui avait demandé de se pencher favorablement sur la cause libanaise. L’ancien président lui avait répliqué par une sorte de boutade : « Pourquoi les maronites célèbrent-ils chaque année une messe consulaire à l’intention de la France ? » Le prélat avait répondu du tac au tac : « Parce que la France a rendu d’immenses services aux Libanais. Faites-en autant ; ou même beaucoup moins, et nous dirons pour vous deux messes plutôt qu’une. » Cette anecdote montre que les Américains sont négativement sensibles aux relations que les Européens, les Français en tête, entretiennent avec le Liban comme d’ailleurs avec d’autres pays de la région.
Émile KHOURY
Tout le long de sa retentissante tournée européenne, comme lors de son précédent périple américain, le patriarche Sfeir a martelé ces mêmes thèmes qui découlent, à ses yeux, des constantes nationales. Et qui se résument, globalement, comme suit :– Retrait des forces syriennes, pour que le Liban recouvre sa souveraineté, son indépendance, son libre arbitre. Ce départ...