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COOPÉRATION - L’Hexagone reçoit 77 millions de touristes étrangers par an La France serait prête à établir un partenariat touristique avec le Liban(PHOTOS)

Avec plus de 77 millions de touristes étrangers en 2002, la France, premier pays touristique sur le plan des arrivées et troisième au niveau des recettes, s’emploie désormais à créer des partenariats avec des pays amis. Des partenariats qui visent non seulement à développer le tourisme de manière bilatérale, en France ou dans des pays en voie de développement, en exportant et diffusant le savoir-faire tricolore, mais qui ont aussi pour objectif de faciliter l’implantation des entreprises françaises à l’étranger. Qu’en est-il alors de la collaboration franco-libanaise en matière de tourisme ? Au cours d’un périple dans l’Hexagone, organisé par Ubifrance, agence française pour le développement des échanges entre la France et ses partenaires étrangers, «L’Orient-Le Jour» a rencontré Alain Bodon, directeur du cabinet du ministre du Tourisme, Léon Bertrand. Le constat est pour le moins consternant. Et pour cause : entre la France et le Liban, pourtant liés par une amitié de longue date, pas le moindre accord de coopération dans le domaine du tourisme.

Le désir de collaborer avec le Liban semble inspiré d’un réel souhait du secrétaire général français d’État au tourisme, Léon Bertrand. C’est du moins ce qu’affirme son directeur de cabinet, Alain Bodon, qui insiste sur la volonté personnelle de Léon Bertrand de développer des relations avec le Liban et de mettre en place des projets bilatéraux concrets en matière de tourisme. « Il serait d’ailleurs prêt à se rendre au Liban s’il recevait une invitation de son homologue libanais », déclare-t-il. Mais pour l’heure, et malgré les liens historiques, culturels et politiques entre la France et le Liban, aucun contact n’a été établi pour envisager le moindre partenariat en matière de tourisme.
À part une expertise établie en 1999 par le Service d’étude et d’aménagement touristique français de la montagne, pour une station de ski libanaise, la collaboration entre les deux pays est au point zéro.

Un enjeu de taille
pour le Liban
Cette lacune intrigue, dans un domaine aussi vital pour le Liban. Les raisons invoquées par M. Bodon seraient un emploi du temps chargé, de part et d’autre, ou alors le désir de la part des autorités libanaises de prendre le temps de laisser mûrir un éventuel projet de coopération. Ne serait-ce pas plutôt la léthargie qui règne au sein du ministère libanais du Tourisme et qui place la destination libanaise nettement en retrait par rapport aux autres destinations ? Car, pour établir un accord de partenariat avec la France, il faut impérativement qu’il y ait une demande de la part de l’autre partie, le Liban en l’occurrence. Mais une telle demande n’a jamais été formulée.
Pourtant, est-il nécessaire d’évoquer les immenses opportunités qu’un tel partenariat pourrait représenter pour le Liban, notamment en matière de promotion de la destination et des produits touristiques libanais, de mise en valeur du patrimoine ou même de formation de fonctionnaires ? « D’autant plus, observe M. Bodon, que le nombre de touristes qui choisissent le Liban comme destination n’est pas au niveau de ce qu’il devrait être. Car d’une part le potentiel existe ; et d’autre part nous savons pertinemment que les conditions de sécurité offertes aux touristes sont très bonnes et que l’ensemble des sites sont ouverts et parfaitement équipés. Quant à la chaleur de l’accueil libanais, elle est particulièrement appréciée et offre ainsi des conditions privilégiées aux touristes étrangers. » « Tout se passe bien là-bas, poursuit-il à ce propos, et il n’y a aucune raison pour que les touristes français ne se rendent pas au Liban. »
Privilégiant les contacts avec les pays qui en ont fait la demande, la France a établi un accord bilatéral de partenariat avec l’Égypte. Ce pays, qui possède le tiers du patrimoine culturel mondial mais ne reçoit que 5 millions de touristes par an, est aujourd’hui soucieux d’accroître son activité touristique. « L’accord franco-égyptien vise à développer le tourisme dans les deux sens », explique le chef de cabinet. D’une part, une aide est apportée par la France à l’Égypte à travers l’AFIT (Agence française de l’ingénierie touristique) et la Maison de la France, deux partenaires de l’État français, dans la diffusion du savoir-faire français, la formation de fonctionnaires égyptiens, la mise en valeur du patrimoine ainsi que la promotion de la destination et des produits touristiques égyptiens. D’autre part, l’Égypte s’engage à faciliter l’implantation des entreprises françaises qui lui apporteront ce savoir-faire.
La volonté politique de Léon Bertrand de développer avec le Liban des relations bilatérales, à l’instar de celles qui ont été établies avec l’Égypte, est claire. Encore faudrait-il que cette volonté reçoive un écho positif de la part du ministre libanais du Tourisme.

Anne-Marie EL-HAGE

Prochain article : La France prône un tourisme différent

Touristes libanais vers la France

La France accueille environ 500 000 touristes par an en provenance du Moyen-Orient. Si ce pays est la première destination étrangère des Libanais, devant les États-Unis, l’Italie, la Turquie et le Maroc, aucun chiffre n’indique le nombre exact de touristes libanais qui partent chaque année pour l’Hexagone.
Les habitudes des touristes libanais sont néanmoins connues à partir d’enquêtes réalisées par la Maison de la France, office national de promotion de la France à l’étranger, dont l’objectif principal est d’accroître le flux des touristes.
Partant principalement en été et durant les fêtes religieuses, les Libanais voyagent généralement en famille. Cependant, les jeunes, notamment ceux qui ont déjà effectué des séjours en France, sont de plus en plus nombreux à faire le déplacement seuls, préférant à l’hôtel un hébergement dans des centres ou des villages de vacances.
Quant à la durée de leurs séjours en France, elle dépend du but recherché. Lorsqu’il s’agit de vacances de ski, le séjour est généralement d’une semaine, mais durant les vacances d’été, celui-ci peut s’étaler sur un mois, comprenant la visite de la famille, le shopping, etc. Mais que recherchent les Libanais en France ? Qu’il s’agisse de vacances ou de tourisme d’affaires, ils apprécient Paris, Disneyland et la Côte d’Azur, mais aussi la montagne en hiver pour y pratiquer le ski. Par ailleurs, ils y vont souvent pour voir des parents ou des amis.
Quant aux tour-opérateurs qui vendent la France comme destination touristique, ils sont quasi inexistants au Liban. Une demi-douzaine de grosses agences de voyages se partagent le marché et proposent la billetterie d’avion, la réservation hôtelière ainsi qu’une gamme élargie de prestations, notamment des tours organisés dans différentes régions, des séjours de ski, des séjours linguistiques, des vacances actives...
Si la France est la destination principale des Libanais, les professionnels libanais, eux, ont le sentiment que le tourisme français s’intéresse peu à leurs marchés et regrettent le manque de dynamisme dans le domaine de la promotion, l’absence de tour-opérateurs réceptifs proposant des prix compétitifs, ainsi que le manque de compétences linguistiques du personnel.

Un secteur qui s’inscrit
dans une politique de développement durable

Malgré sa première place mondiale sur le plan des arrivées touristiques, la France, très sollicitée par les pays en développement, n’en demeure pas moins timide en matière d’exportation de son savoir-faire. Un de ses objectifs actuels est d’améliorer ses prestations en répondant aux demandes d’assistance technique.
Cette initiative s’inscrit dans une politique de développement durable et de lutte contre la pauvreté. D’autant que le tourisme, secteur en développement permanent, est en première place sur le plan des échanges internationaux et son impact évident aux niveaux économique, social et environnemental.
Dépendant directement du ministère du Tourisme, quatre organismes nationaux assurent la promotion, la production, la direction et l’observation du tourisme français ainsi que la diffusion du savoir-faire français à l’étranger. On compte parmi ces organismes étatiques, qui travaillent en partenariat avec des groupements d’intérêts économiques ou professionnels privés : la Maison de la France, un office national de promotion de la France, et l’Agence française de l’ingénierie touristique (AFIT), ainsi que la direction du tourisme et l’Observatoire national du tourisme (ONT).
Avec plus de 77 millions de touristes étrangers en 2002, la France, premier pays touristique sur le plan des arrivées et troisième au niveau des recettes, s’emploie désormais à créer des partenariats avec des pays amis. Des partenariats qui visent non seulement à développer le tourisme de manière bilatérale, en France ou dans des pays en voie de développement, en exportant...