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Pas de chute du cabinet sans l’aval des décideurs



Un constat désabusé émanant d’un pôle opposant : l’on a beau secouer le cocotier, le gouvernement ne peut pas tomber. Parce que, apparemment, les décideurs ne le souhaitent pas. Ce député rappelle que le cabinet n’est automatiquement partant, en termes de Constitution, qu’en cas de décès de son chef, de changement de régime ou de législature. Toutes les autres possibilités dépendent, pratiquement, de l’aval des tuteurs. Elles se résument comme suit : démission du président du Conseil ou de plus d’un tiers des ministres, déni de confiance par la Chambre. À l’heure qu’il est, les initiatives défiant la volonté des maîtres réels du jeu restent manifestement hors de question. Il est improbable que le gouvernement pose lui-même la question de confiance, s’il n’est pas certain de l’emporter. Et il est encore plus invraisemblable qu’une majorité se dresse contre lui au Parlement, si un mot d’ordre dans ce sens n’a pas été donné. Dès lors, toute motion de défiance ne peut recueillir qu’une minorité de voix. Ce sont là des réalités connues.
Limités par cette barre, les opposants imputent à la majorité loyaliste la responsabilité du maintien d’une équipe ministérielle défaillante qui, à la limite, ne traite que les affaires courantes.
En tant que parlementaire juriste, Mikhaïl Daher souligne que la règle de base, dans tout système, est la coordination entre autorités, notamment au sein du pouvoir exécutif. Qui doit être compact, cohérent, solidaire au niveau des rapports entre les ministres, entre eux et le chef du gouvernement ou le président de la République. Lorsqu’une décision est adoptée, à l’amiable ou par vote, tous les ministres doivent s’y soumettre et veiller à sa bonne exécution. Dans les faits, relève le député, le conflit entre les présidents se répercute négativement sur les travaux du Conseil des ministres. Parce que les cadres se trouvent obligés de complaire, ou de ne pas porter atteinte, à tel ou tel des présidents. Ce qui paralyse une institution réduite à expédier des questions de routine. Pour Daher, il est évident qu’il ne servirait à rien de changer le gouvernement si le climat devait rester le même. Quant au rôle de la Chambre, le député rappelle qu’il est tributaire d’une majorité qui se trouve aux mains des trois grands blocs dirigés par Berry, Hariri et Joumblatt. Eux-mêmes étant largement représentés au gouvernement, il en découle que ce dernier n’a rien à craindre du côté de la place de l’Étoile. La minorité n’influe pas sur les résultats. Dès lors, répète-t-il, ce sont principalement ces trois grands blocs qui sont responsables car seuls ils peuvent demander vraiment des comptes au gouvernement et le faire éventuellement chuter.
Le pôle opposant précédemment cité, tout en approuvant les propos de Daher, ajoute qu’en tout cas le gouvernement a été construit sur une base de coalition politique constituant une large majorité. L’opposition est laissée à la minorité. Un tel montage est conforme, dans les formes, aux principes du jeu parlementaire démocratique. Cependant, pour ce qui est du fond, poursuit-il, la majorité n’est pas libre, mais téléguidée. Il ne lui appartient donc pas de dénier la confiance. Du moins pas tant que les décideurs du dehors n’aient estimé que le moment en est venu, à la lumière de circonstances déterminées. Ni le cabinet ne peut rendre son tablier ni la majorité ne se trouve autorisée à le déloger. Dans les faits, le gouvernement peut dérailler à sa guise, du moment que le Parlement ferme les yeux.
Cette aberration, selon la même source, ne découle pas uniquement de la perte de la souveraineté, mais aussi de la dernière consultation électorale. Qui, en discriminant certaines zones, a permis la mise en place de larges réseaux parachutés. Les fameuses listes bulldozers ou bus ont produit ces grands blocs parlementaires qui sont le nucléus de la majorité. Et qui sont sous la coupe directe des décideurs. D’après cette personnalité, si l’on avait opté pour le caza, il n’y aurait pas eu de toile d’araignée couvrant le pays géopolitique. Par voie de conséquence, il n’y aurait pas eu non plus un tel gouvernement. Le peuple (souverain, selon la Constitution, et source de tout pouvoir) aurait vraiment été représenté, dans ses différentes composantes, à la Chambre. Et il aurait de la sorte gouverné ses propres destinées, sans être soumis à la domination extérieure. Il faut donc, conclut ce pôle, un nouveau code électoral, équitable et équilibré, assurant une bonne représentation de proximité à toutes les strates du Liban.
Émile KHOURY
Un constat désabusé émanant d’un pôle opposant : l’on a beau secouer le cocotier, le gouvernement ne peut pas tomber. Parce que, apparemment, les décideurs ne le souhaitent pas. Ce député rappelle que le cabinet n’est automatiquement partant, en termes de Constitution, qu’en cas de décès de son chef, de changement de régime ou de législature. Toutes les autres...