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À Beyrouth, des députés discutent des scénarios possibles dans la région

Une table ronde privée a groupé récemment des députés de différents horizons. Qui ont discuté de l’inquiétante priorité de l’heure, la dégradation régionale, les pressions US et les menaces israéliennes.
Nasser Kandil a relevé que pour aller frapper Aïn Saheb près de Damas, l’aviation ennemie a utilisé un couloir aérien passant par la Békaa. En violant de la sorte un accord conclu il y a plus de vingt ans sous l’égide de l’arbitre américain Philip Habib. Aux termes de cet arrangement, les Syriens avaient retiré leur batterie de missiles installée sur les hauteurs surplombant Zahlé. Une position de première ligne défensive prévue justement en cas d’escadrille israélienne se dirigeant vers le territoire syrien. Les chasseurs-bombardiers israéliens ont pu dès lors effectuer dernièrement leur passage sans risque d’être interceptés par un feu de barrage. Il reste que le traité de désengagement de 1974 consécutif à la guerre de 1973 tient toujours sur le papier.
D’autres estiment à ce propos que les USA n’ont pas intérêt à ce que l’accord Habib et, par voie de conséquence, le traité de 1974 deviennent lettre morte. Ils devraient donc veiller à ce qu’Israël ne réédite pas son coup, pour que la Syrie ne réinstalle pas ses missiles sur les contreforts de Dhour Zahlé. Et pour minimiser les risques de guerre généralisée dans la région. Car il est évident que la Syrie ne peut pas se contenter éternellement de porter plainte devant l’Onu, et qu’il lui faudra, d’une manière ou d’une autre, riposter en cas de répétition des agressions israéliennes. Elle l’a d’ailleurs proclamé clairement, sans dévoiler les moyens qu’elle utiliserait. Des heurts directs entre Israéliens et Syriens feraient naturellement sauter la « feuille de route », le processus de Madrid et le projet d’État palestinien. Ce qui aggraverait le péril d’un plan israélien visant à pousser les Palestiniens à l’exode.
Donc, les USA vont accentuer la pression sur Israël. Afin que le cycle de violence soit résorbé. Ou, qu’à tout le moins, il se cantonne dans les limites des Territoires et du conflit avec les Palestiniens. Sans que les Israéliens ripostent, contre toute logique, aux attentats-suicide des radicaux palestiniens par des frappes contre la Syrie, le Liban ou éventuellement l’Iran. Sous prétexte que ces pays soutiennent ou hébergent les organisations ultras qui animent une intifada que l’État hébreu ne parvient pas à étouffer.
Toujours selon les mêmes députés, qui indiquent avoir reçu des échos solides dans ce sens, les États-Unis seraient en voie de dissocier le dossier irakien de leurs exigences concernant le volet israélo-palestinien. Ce qui signifierait, en pratique, que la position syrienne concernant l’Irak deviendrait sujet à examen, entendre à négociation, surtout si l’Onu devait prendre les choses en main. Pour chapeauter, après le retrait des Américains, une force multinationale dont la Syrie elle-même ferait partie, comme elle l’a du reste annoncé. On devrait en savoir plus à ce sujet après les entretiens que George Tenet, patron de la CIA, doit avoir prochainement avec les Syriens. En tout cas, la presse officielle syrienne répète que Damas croit dans le dialogue avec les États-Unis et recherche l’accord. Selon ces parlementaires, la situation régionale est inquiétante, mais les voies restent ouvertes pour un traitement diplomatique efficace, court-circuitant les visées bellicistes du gouvernement Sharon. Il n’est pas exclu, à les en croire, qu’on débouche bientôt sur un arrangement syro-américain au sujet de l’Irak. Ainsi que sur un apaisement du front israélo-palestinien. Ce qui réhabiliterait la « feuille de route » et relancerait les négociations de paix. À leur avis, ce n’est pas en insistant pour que Damas ferme les bureaux palestiniens que l’on pourrait neutraliser l’intifada. Ni, de même, en exigeant un verrouillage hermétique de la frontière syro-irakienne que les Américains pourraient liquider la résistance irakienne.
Le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, pense, quant à lui, que les Américains doivent s’entendre avec les Syriens malgré les incitations du lobby sioniste. Il estime que jamais les États-Unis ne lanceront d’opération militaire contre la Syrie. Parce que, selon lui, Washington doit compter sur le président Bachar el-Assad pour l’aider à régler la crise irakienne et à se sortir de ce bourbier. Quant au reproche concernant une frontière (de 1 500 km !) perméable, les USA eux-mêmes, malgré leur puissance, n’ont jamais pu empêcher l’infiltration chez eux de clandestins mexicains.
Mais d’autres affirment que face à une escalade déterminée en Irak, les USA de Bush, loin de plier, se montrent encore plus durs à l’encontre de ceux qui ne les aident pas. Le même comportement vaut pour Israël, à leur avis. Et ces pessimistes n’excluent pas une spirale de violence qui provoquerait une guerre israélienne contre la Syrie et le Liban. Surtout que les Américains, qui entrent bientôt en campagne pour la présidentielle, se trouveraient pratiquement ligotés pour des raisons électorales.

Émile KHOURY
Une table ronde privée a groupé récemment des députés de différents horizons. Qui ont discuté de l’inquiétante priorité de l’heure, la dégradation régionale, les pressions US et les menaces israéliennes.Nasser Kandil a relevé que pour aller frapper Aïn Saheb près de Damas, l’aviation ennemie a utilisé un couloir aérien passant par la Békaa. En violant de la...