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Vie politique - Mise au point du chef de l’État sur les privatisations Lahoud : « Le temps où l’on pouvait faire main basse sur tel ou tel secteur est révolu à jamais » (photo)

« Le temps où l’on pouvait faire main basse sur tel ou tel secteur est révolu à jamais. » Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a apporté une réponse cinglante samedi au Premier ministre, M. Rafic Hariri, qui avait lancé la veille une pointe en direction du président, sans le nommer.
«En avançant le souci de vouloir préserver les deniers publics, on peut contribuer à leur dilapidation », avait déclaré M. Hariri, évoquant un projet de budget 2004 minimaliste faute de recettes devant provenir des privatisations.
Après une période au cours de laquelle les deux hommes s’exprimaient à coups d’indiscrétions et de sources anonymes, l’époque d’un étalage public des divergences se précise, avec la décision du chef de l’État d’user plus ouvertement des canaux médiatiques, un domaine dans lequel le Premier ministre, qui possède une radio, une télévision et un quotidien, est passé maître.
Le président Lahoud a répliqué par le biais du président de l’Ordre des rédacteurs, Melhem Karam, qu’il a reçu à Baabda. À l’issue de l’audience, M. Karam a répercuté les prises de position qu’il venait d’entendre.
Le chef de l’État, a affirmé M. Karam, veut que tout choix concernant la privatisation ou la titrisation « garantisse d’abord les droits de l’État et protège ses intérêts ».
Pour M. Lahoud, a-t-il dit, le meilleur moyen de remédier au déficit budgétaire récurrent consiste « à renforcer les revenus de l’État en maîtrisant la gestion des services publics et en empêchant tout gaspillage ».
Selon M. Lahoud, « l’appropriation par l’État des deux réseaux de la téléphonie mobile et leur gestion sous sa supervision ont permis d’engranger des revenus supplémentaires, ce qui n’était pas le cas auparavant ».
L’exemple de la téléphonie mobile n’est par fortuit car ce secteur représente le talon d’Achille de M. Hariri, dont des proches ont des intérêts directs dans ce secteur.
On rappelle que le gouvernement a exproprié en juin 2002 Cellis, à 67 % propriété de FranceTélécom, et LibanCell, une société à capital entièrement libanais, qui exploitaient en BOT les deux réseaux.
Sur l’insistance de M. Hariri, les deux licences doivent être mises aux enchères, sur 20 ans, la semaine prochaine. Mais le président Lahoud a obtenu, en contrepartie, que si le prix proposé n’est pas satisfaisant, deux contrats de gestion pour le compte de l’État seront octroyés au plus offrant.
M. Hariri utilise un argument massue pour faire avancer l’idée d’une privatisation inéluctable et rapide. Il ne cesse de répéter que « le Liban se doit de remplir ses engagements » envers les donateurs internationaux.
Ces derniers, réunis en novembre 2002 à Paris, avaient décidé d’octroyer au Liban 4,4 milliards de dollars pour l’aider à juguler le déficit chronique de ses finances publiques en contrepartie d’un programme de réformes prévoyant une privatisation poussée.
M. Hariri était revenu à la charge vendredi en annonçant que les privatisations se feront « tôt ou tard ».

L’échéance présidentielle
Mais l’antagonisme entre MM. Lahoud et Hariri dépasse cette polémique sur la privatisation et vise l’échéance présidentielle de novembre 2004.
Pour certains analystes, M. Lahoud œuvre pour le renouvellement de son mandat. Prudent, le chef de l’État affirme qu’il est vain de bloquer toute vie politique sur ce point, à un an de l’échéance, quand on sait que l’issue ne dépend pas de la volonté des Libanais, mais qu’elle est dictée par des considérations régionales.
De son côté, M. Hariri, sans le formuler directement, se bat férocement, mettant à profit ses amitiés, notamment en France, pour couper la route à la reconduction du mandat de M. Lahoud.
L’un des aspects de la lutte entre les deux hommes a trait au fonctionnement du gouvernement. Dans son entretien avec Melhem Karam, le chef de l’État s’est félicité du fait que « le travail du Conseil des ministres se soit régulé ces derniers temps » et a souligné que « tous les projets doivent être soumis au Conseil des ministres (...), à charge pour lui de choisir ce qui en est utile et nécessaire ».
Au sujet des échéances constitutionnelles, le chef de l’État a affirmé enfin, toujours à l’intention de son Premier ministre, que « le régime démocratique dont les Libanais se sont dotés offre de grandes marges pour le débat politique (...), mais il importe que les sujets ne soient pas soulevés à seule fin de régler des comptes et que l’on ne fabrique pas de toutes pièces des situations politiques dans le seul but d’en exploiter les effets à des fins personnelles ».
Notons que le chef de l’État a reçu samedi une délégation de journalistes français accompagnée du directeur du Conseil national (libanais) du tourisme à Paris, Serge Akl, en tournée d’information touristique au Liban.
« Le temps où l’on pouvait faire main basse sur tel ou tel secteur est révolu à jamais. » Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a apporté une réponse cinglante samedi au Premier ministre, M. Rafic Hariri, qui avait lancé la veille une pointe en direction du président, sans le nommer.«En avançant le souci de vouloir préserver les deniers publics, on peut...