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La situation régionale et les relations syro-américaines inquiètent Beyrouth

Après sa rencontre avec Assad, Hariri avait tenu à souligner, en substance, que la situation régionale appelle toute vigilance, toute méfiance, la concertation entre les États concernés devant s’intensifier au maximum. Car les développements touchent tout le monde sans exception. Auparavant, Hariri avait eu, comme on sait, des entretiens avec Chirac. Et, d’après des sources informées, le président français lui aurait livré des données préoccupantes, à la lumière de ses échanges avec Bush. Hariri avait abrégé sa visite en France pour se précipiter à Damas, y transmettre les informations qu’il avait pu recueillir.
Ensuite, il avait répété que la positon libano-syrienne unifiée, la vision identique du tableau restent le fondement de toute action commune. En vue de cristalliser une solide solidarité arabe face aux difficiles circonstances de l’heure, comme aux périls qui pointent à l’horizon régional. Ainsi que pour venir en aide à l’Irak et au peuple palestinien soumis à de dures épreuves, à bien des malheurs, confronté au terrorisme planifié de l’État israélien.
Bien entendu, le président Hariri n’a pas divulgué les données qui lui ont été communiquées. Mais l’on a cru comprendre, en gros, que l’Administration Bush est déterminée à accentuer sa pression sur la Syrie. Et qu’elle pourrait bien faire voter puis appliquer le Syria Accountability Act, ce qui se traduirait par des sanctions économiques.
Du reste, cette attitude n’est pas un secret. Les cadres US multiplient les déclarations négatives. Comme l’a fait Negroponte, le représentant américain, devant le Conseil de sécurité. De son côté, William Burns, secrétaire d’État adjoint, indique qu’il existe, au niveau des relations avec les Syriens, « des difficultés qui nous préoccupent », plus précisément au sujet de la situation en Irak. Il a ajouté qu’au lieu de prendre les bonnes décisions, pour difficiles qu’elles paraissent, la Syrie ne cesse d’héberger et de soutenir des organisations comme le Hamas ou le Jihad islamique. De même, selon Burns, la Syrie adopte des comportements qui menacent les intérêts américains dans d’autres domaines. Il a conclu en pressant Damas de contribuer à relancer les négociations sur son propre volet, pour se donner de meilleures perspectives d’avenir propre, en encourageant par ailleurs l’émergence d’un voisin irakien stable.
Cependant, avant la frappe israélienne, le président Assad avait écarté pour sa part l’idée que l’Amérique répète avec la Syrie sa fautive expérience irakienne. Il avait ajouté que Damas refuse de jouer un rôle en Irak sous couverture américaine, mais pas sous ombrelle de l’Onu. Il se trouve de la sorte sur la même longueur d’onde que la France, l’Allemagne et la Russie.
On indique de source informée que Chirac aurait promis à Assad qu’en cas d’adoption du Syria Accountability Act par le Congrès US, l’Europe ne suivrait pas le mouvement et ne prendrait pas de sanctions économiques contre la Syrie. Qui s’en trouverait rassurée, car dans ces conditions un embargo aurait peu d’effet sur elle. D’ailleurs, on le sait, l’Europe et plus particulièrement la France ne reconnaissent que les mesures adoptées par l’Onu.
Mais ces considérations sont secondaires par rapport au danger israélien. L’aviation israélienne a lancé un raid à proximité de Damas, prétendument pour frapper des bases du Jihad islamique et du Hamas. L’escalade va-t-elle se poursuivre, pour plonger la région dans un cycle de violence infernal et dans l’anarchie ? La Syrie, imitée par le Liban, s’est contentée de porter plainte devant le Conseil de sécurité. La Ligue arabe, de son côté, a entrepris une action diplomatique, afin de juguler le danger. Comme le relève un professionnel, les Américains opposent leur droit de veto à tout projet de résolution condamnant Israël. À son avis, les Arabes devraient s’efforcer d’obtenir des Nations unies l’envoi d’une force-tampon ou d’observateurs dans les Territoires. Pour calmer le jeu sur le terrain et rouvrir la voie aux négociations de la « feuille de route ».

Émile KHOURY
Après sa rencontre avec Assad, Hariri avait tenu à souligner, en substance, que la situation régionale appelle toute vigilance, toute méfiance, la concertation entre les États concernés devant s’intensifier au maximum. Car les développements touchent tout le monde sans exception. Auparavant, Hariri avait eu, comme on sait, des entretiens avec Chirac. Et, d’après des sources...